Faire une première excellente oeuvre n'est pas toujours si compliqué. On peut avoir commencé à la travailler, même avec les gens avec lesquels on grandit, de ses 12-13 ans à la jeune vingtaine. Et livré ainsi quelque chose de magique qu'on égalerait jamais plus parce que la demande exige plus de livraisons payantes.
Comme dans tout, la carrière professionnelle, la santé, l'amour, la fortune, la créativité, l'idée est toujours de durer. Certains artistes plus bas n'accoteront jamais leur premier effort musical sur disque. Mais la plupart et les plus futés/chanceux réussiront à se bâtir une petite fortune, et une suite créative tout aussi intéressante. Subjectivement vôtre, voici chronologiquement 40 premiers albums que j'ai personnellement trouvés très remarquables. Pour mes goûts personnels et pour le monde de la musique aussi.
Chronologiquement vôtre:
1956: Elvis Presley: d'Elvis Presley. Celui qui a tout révolutionné. Qui a tout commencé. Électrique entrée déhanchée, et tout aux noirs emprunté. Rockabilly, blues, country. Naissance du rock.n roll.
1963: Please Please Me des Beatles. Éclat de jeunesse musicale du Mersey Beat, les boomers avaient leurs reflets. Ils ont aussi tout inventé, mais en ce qui concerne les groupes. Et les harmonies ingénieuses. Commençait une sorte de nouvelle révolution musicale.
1967: The Velvet Underground & Nico de The Velvet Underground & Nico. Chef d'oeuvre hanté. abrasif, genèse de l'exploration musicale envelopée par Andy Warhol, cool et trop cool pour pleinement le réaliser.

1967: Are You Experienced? de The Jimi Hendrix Experience. Explosion de cordes psychédéliques ensorcellement cosmique funk, le gaucher guitariste reste peu égalé et fait tomber bien des frontières. Noel Redding & Mitch Mitchell sont aussi assez fameux.
1967: Songs of Leonard Cohen de Leonard Cohen. Austère mélancolique collection poétique de confessions musicales aussi douces que lyriques, une sorte de murmure folk qui serait presque un rituel sacré.

1970: Black Sabbath de Black Sabbath. Bruyant coup de tonnerre de distorsion, sinistre naissance du heavy metal, forgé lourdement dans la pluie, les riffs, et la peur.
1972: Roxy Music de Roxy Music. Collision glam-art de style, de surréalisme, de futur proche, de décadence rock, d'étrange défiance croisé crooner et tremolo rockeur. Le premier morceau est un chef d'oeuvre de présentation de band.

1974: Harmonium d'Harmonium. Riche cordage, harmonies digne des Everly Brothers, mélange poétiques de folk et de musique progressive, leur album suivant sera un de mes préférés à vie. Mélodies immortelles pour le monde musical francophone. Feront même une tournée en français aux États-Unis.

1975: Horses de Patti Smith. Furieuse éruption poétique, souvent en crescendo, ce qui n'est jamais pour me déplaire, attitude punk, sorcière rebelle sacré, aussi électrique que mélodique.

1977: My Aim Is True d'Elvis Costello. Mordant, allumé, intelligent rock de pub Irlandais, new wave punk pop bière rousse.
1977: Never Mind The Bollock's Here's The Sex Pistols des Sex Pistols. Pur punk. irrévérencieux. Unique et influent.

1979: Entertainement de Gang of Four. Charge politique punko-rock, funk et critique marxiste, rebelle.
1979: Unknown Pleasures de Joy Division. Sombre et hypnotique descente dans l'isolation post punk et l'intensité hanté proto-rock.

1979: The Clash de The Clash. Féroce manifeste de punk de la rue. Reaggae blues rock, presque ska, classe ouvrière même si Joe Strummer et Topper Headon sont issus de familles plutôt bourgeoises.

1983: Violent Femmes de Violent Femmes. Hargne adolescente, j'avais 11 ans, ça me parlait tant ce ton. Son acoustique, rock et folk punk, catharsis confessionnel.
1983: Kill'em All de Metallica. Furieuse explosion trash, brut et déclaration métal qui fera école.

1984: The Smiths de The Smiths. Mélancolie poétique et immature, ce que restera Morrissey toute sa vie, Folk acoustique, bassiste et batteur sous estimés, Coeur brisé tourné en ritournelle rythmée harmonieuse. Emo aussi.
1987: Appetite for Destruction de Guns N' Roses. Hargneux rock guitarisé à haute octave un peu débauché, félin, chaos rock'n roll controlé laissant place à d'intéressants passages de cordes aériens. Mémorables riffs.

1989: Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails. Sombre cri primal enlacé dans les synthés, potion électro rock de colère et de désire, rock industriel hanté par une certaine souffrance humaine.
1992: Delaware de Drop Nineteens. Bijou shoegaze baigné dans le rêve et la distorsion guitarisée. Brume indépendante si cool et enveloppante, à la voix mâle et femelle, charmante richesse musicale.

1992: Slanted & Enchanted de Pavement. Rauque explosion de fuzz et de poésie shoegaze, musique indépendante lo-fi. Excellent.
1994: Dummy de Portishead. fumeuse descente cinématographique donnant l'impression de plonger dans un film noir, trip-hop, soul, jazz, drumbeat, hanté, sensuel et hypnotique. De toute beauté. Feutrée.

1995: Garbage de Garbage. Nappe granuleuse de rock alternatif, d'électronique, de colère animale, de féminisme affirmé, de rugissement sensuel, de séduction stylisée, de chaos industriel. Je suis encore amoureux de Shirley Manson.

2004: Funeral d'Arcade Fire. Épique célébration locale de musique originale, avant-gardiste, orchestrale par moments, anthémique, gospelo indépendant. Leurs 4 premiers albums sont parfaits pour mon oreille. Des sans fautes d'un bout à l'autre.
2005: Martha Wainwright de Martha Wainwright. Sorte de Leonard Cohen féminin, piano et guitare, soul et gospel, mise à nue, confessions brutales contre son célèbre père, honnêtes performance vocales, racines folk et vulnérabilité féroce.

Billie Eilish, J'adore.
