de Patrice Guirao Roman - 240 pages
Editions Au Vent des Îles - avril 2025
Sauveur est un garçon qui grandit en Algérie, témoin indirect des stigmates d'une guerre qui ne dit pas son nom mais qui perturbe le quotidien de sa vie, ou celle de ses oncles, tantes, frère et sœur. Des évènements cachés ou qui ne peuvent être ignorés, quand il doit changer d'école, ne plus retrouver ses camarades, être témoin de violences, jusqu'au jour où la famille va devoir prendre le chemin de la France, embarquer à bord d'un bateau qui traversera la Méditerranée.
Trois noyaux d'abricot sonne comme une autobiographie enfantine, où la naïveté rencontre le tragique. Sur la forme, le récit est très habile, et les entames de chaque chapitre donnent à lire une ébauche de texte qui ne sera complet qu'à l'issue du roman.
J'ai préféré la seconde partie du roman, je m'y suis moins ennuyée, les évènements de la vie de Sauveur s'accélérant également, dans un enchaînement plus cohérent que l'enchaînement de pensées enfantines. Une grande sensibilité sans misérabilisme se dégage de ce roman, où le lecteur vit à travers le regard d'un garçon qui se retrouve assez discrètement à la marge : à la marge des discussions des adultes car encore enfant, à la marge souvent de l'attention parentale maintenant que sa petite sœur est née, à la marge de ses amis naturels quand la guerre d'Algérie sépare enfants de colons d'enfants de colonisés, à la marge du pays de son enfance et des jeux aux noyaux d'abricot quand l'exil le happe.
Extrait :
"Pas moi. Moi je n'y comprends rien, mais j'ai peur de tous les «ils» de la Terre. Je ne sais pas qui sont ces gens, mais ce sont toujours eux qui tuent. Des «ils» anonymes qui n'ont jamais le même visage selon qui en parle, mais qui sont autant effrayants."
Un roman délicat qui saura toucher la sensibilité surtout des personnes ayant vécu la guerre d'Algérie.
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