Sorti en 1971 sur Wild Life, premier album de Wings, Mumbo Link est un instrumental furtif de 46 secondes qui clôt l’album sur une note libre et expérimentale. Capturé en studio lors des sessions de Mumbo, ce morceau prolonge l’ambiance brute et spontanée voulue par McCartney après les Beatles. Longtemps méconnu, il reflète son goût pour l’improvisation et son approche décomplexée de la musique rock au début des années 70.
Parmi les morceaux les plus énigmatiques et succincts de la discographie de Paul McCartney,Mumbo Linkoccupe une place à part. Cette piste instrumentale de seulement 46 secondes vient cloreWild Life, le premier album du groupe Wings, sorti en 1971. Pourtant, derrière sa brièveté et son apparente simplicité se cache une facette intéressante du processus créatif de McCartney au début des années 1970.
Une parenthèse musicale furtive
LorsqueWild Lifeest dévoilé au public en novembre 1971 au Royaume-Uni (et en décembre de la même année aux états-Unis),Mumbo Linkne figure pas officiellement sur la liste des morceaux. Il faudra attendre les rééditions postérieures à 1987 pour que cette curiosité instrumentale obtienne une reconnaissance officielle. Ce morceau est d’ailleurs une extension improvisée deMumbo, le titre qui ouvre l’album, enregistré dans une atmosphère résolument libre et spontanée.
Le 8 octobre 1971, alors que McCartney et son groupe finalisaient les overdubs deMumbo, cette courte pièce musicale fut capturée en studio. Tout commeBip Bop Link, un autre interlude caché de l’album,Mumbo Linkest un enregistrement instrumental non crédité à l’origine, destiné à prolonger l’ambiance décontractée et expérimentale du projet.
Un témoignage du McCartney expérimental
Après la séparation des Beatles, Paul McCartney s’éloigne des structures pop classiques et explore des formats plus libres.Wild Lifeen est l’exemple parfait : enregistré en seulement quelques jours, avec peu de retouches, il reflète une volonté de revenir à l’essence brute de la musique rock.Mumbo Linken est un exemple frappant. Dans sa construction, on retrouve l’esprit de jam session cher à McCartney à cette époque, où l’énergie prime sur la sophistication.
Sur le plan musical,Mumbo Linkrepose sur un échange entre les guitares électriques de McCartney et de Denny Laine, soutenus par la batterie percussive de Denny Seiwell. Sans paroles ni mélodie définie, ce morceau semble s’apparenter à une coda instrumentale, une ponctuation finale venant boucler l’album sur une note plus abstraite.
Une curiosité longtemps méconnue
SiMumbo Linkest longtemps resté dans l’ombre, c’est en partie parce qu’il ne figurait pas explicitement dans la liste des morceaux originaux deWild Life. Ce n’est qu’avec les rééditions modernes que son existence a été véritablement mise en lumière. Il s’inscrit dans une tradition McCartneyenne qui consiste à insérer des fragments instrumentaux et des pastiches sonores au sein de ses albums, un procédé déjà utilisé dans certains morceaux des Beatles commeCan You Take Me Back?(la coda improvisée deCry Baby CrysurThe White Album).
Avec le recul,Mumbo Linkpeut être perçu comme un clin d’œil final, une note de bas de page musicale qui rappelle que McCartney, même en dehors des Beatles, demeure un musicien guidé par l’expérimentation et le plaisir du jeu. Si l’on tend l’oreille, ce court morceau nous replonge immédiatement dans l’univers dépouillé et instinctif deWild Life, un album qui, bien que souvent sous-estimé, marque un tournant essentiel dans la carrière post-Beatles de Paul McCartney.
