Avec Kisses On The Bottom (2012), Paul McCartney explore les standards du jazz, dont My One And Only Love, un classique intemporel popularisé par Frank Sinatra. Enregistrée avec des musiciens chevronnés et l’Orchestre symphonique de Londres, son interprétation minimaliste et émotive rend hommage à l’héritage du jazz. Ce choix illustre la curiosité musicale de McCartney et son respect pour les grandes voix du passé.
Le 6 février 2012 au Royaume-Uni, suivi d’une sortie américaine le lendemain, Paul McCartney dévoilaitKisses On The Bottom, un album entièrement consacré aux standards du jazz et aux ballades d’un autre temps. Parmi les joyaux cachés de cette œuvre figuraitMy One And Only Love, une chanson qui, bien que peu connue du grand public, bénéficie d’un statut mythique dans les cercles jazz.
Sommaire
- Une ballade née dans l’âge d’or du jazz
- McCartney et le jazz : une redécouverte tardive
- Une production raffinée pour un hommage délicat
- Une réinterprétation tout en retenue
- Un héritage préservé
Une ballade née dans l’âge d’or du jazz
Publié en 1952,My One And Only Loveest le fruit d’une collaboration entre le compositeur Guy Wood et le parolier Robert Mellin. Bien que la première version enregistrée par Frank Sinatra en 1953 ait largement contribué à sa reconnaissance, la chanson est devenue un standard grâce à ses reprises successives. De Doris Day à John Coltrane, en passant par Ella Fitzgerald et Sonny Rollins, ce morceau a séduit les plus grandes figures du jazz et de la pop.
L’interprétation de Sinatra, élégante et poignante, a posé les bases de ce qui deviendrait l’une des ballades d’amour les plus émouvantes du répertoire américain. Loin de se limiter à une simple chanson d’amour,My One And Only Lovecapture l’essence même du romantisme avec des paroles d’une douceur envoûtante :
The very thought of you / Makes my heart sing
Like an April breeze / On the wings of spring
La mélodie fluide et la montée progressive des émotions confèrent à cette chanson une aura quasi intemporelle, qui a traversé les générations.
McCartney et le jazz : une redécouverte tardive
Lorsqu’il se lance dans l’enregistrement deKisses On The Bottom, McCartney n’a qu’une idée en tête : revisiter les classiques qui ont bercé son enfance. Issu d’un milieu où le jazz et la variété américaine régnaient en maîtres, l’ex-Beatle nourrit depuis toujours une fascination pour cette musique. Pourtant, il avouera lui-même avoir découvert tardivementMy One And Only Love:
« Il y a une chanson assez célèbre, particulièrement dans le jazz, appeléeMy One And Only Love, que je n’avais jamais entendue, elle m’avait échappé. Mais elle est magnifiquement construite, c’est l’une de mes chansons préférées désormais. «
McCartney choisit alors de l’inclure en tant que bonus track dans la version deluxe de son album. Son interprétation, empreinte de délicatesse, révèle une nouvelle facette de son talent, loin des compositions pop et rock qui ont fait sa renommée.
Une production raffinée pour un hommage délicat
L’enregistrement deMy One And Only Loves’est déroulé en mars 2010 aux Capitol Studios de Los Angeles, sous la houlette du producteur Tommy LiPuma et de l’ingénieur du son Al Schmitt. Pour l’accompagner, McCartney s’entoure d’un ensemble de musiciens de jazz chevronnés :
- Diana Krall au piano, qui assure également l’arrangement rythmique,
- Bucky Pizzarelli à la guitare,
- Robert Hurst à la contrebasse,
- Karriem Riggins à la batterie.
Le tout est sublimé par l’intervention de l’Orchestre symphonique de Londres, dirigé par Alan Broadbent, ajoutant une dimension orchestrale à cette interprétation intimiste.
Une réinterprétation tout en retenue
Contrairement à certaines versions plus flamboyantes, McCartney adopte ici une approche minimaliste. Son timbre, marqué par l’expérience et la maturité, confère une émotion palpable à chaque note. Loin de chercher à rivaliser avec les grandes figures du jazz, il insuffle à cette ballade une sincérité qui touche en plein cœur.
Le choix deMy One And Only LovedansKisses On The Bottomtémoigne aussi du profond respect de McCartney pour l’héritage du jazz et des standards américains. Tout au long de sa carrière, l’ancien Beatle n’a cessé d’explorer de nouveaux horizons musicaux, et cette incursion dans le répertoire des crooners illustre une fois de plus son éclectisme et sa curiosité insatiable.
Un héritage préservé
Depuis sa publication,My One And Only Lovea connu de nombreuses réinterprétations. Outre McCartney, des artistes comme Sting, Rod Stewart ou encore Jamie Cullum ont tenté de capturer l’essence de cette romance musicale.
En s’attaquant à ce chef-d’œuvre, Paul McCartney ne se contente pas de revisiter un standard ; il en propose une vision personnelle, fidèle à son style tout en rendant hommage aux figures légendaires qui l’ont précédé. Son interprétation, tout en subtilité et en émotion, s’inscrit dans la continuité de cette tradition musicale où chaque artiste apporte une touche unique à une œuvre intemporelle.
Ainsi,My One And Only Lovedemeure l’un des plus beaux témoignages du pouvoir de la musique : celui d’évoquer des émotions universelles, de transcender les époques et d’unir les générations autour d’un même sentiment, celui de l’amour absolu.
