Mia McKenna-Bruce incarnera Maureen Starkey, première épouse de Ringo Starr, dans l’ambitieuse tétralogie de Sam Mendes sur les Beatles prévue pour avril 2028. À travers cette figure discrète mais essentielle, le projet explore une autre facette de la Beatlemania, en redonnant voix à celles qui ont partagé l’intimité des Fab Four. Un rôle pivot dans une fresque qui s’annonce aussi sensible que spectaculaire.
L’univers beatlesien s’apprête à accueillir un nouveau visage familier : Mia McKenna-Bruce prêtera ses traits à Maureen Starkey, première épouse de Ringo Starr, dans l’ambitieuse tétralogie de Sam Mendes consacrée aux Beatles. Récompensée du BAFTA Rising Star pour son rôle dans How to Have Sex, l’actrice britannique rejoint ainsi une distribution déjà très scrutée par les fans. La confirmation de sa présence vient formaliser des rumeurs persistantes et éclaire l’un des personnages féminins les plus discrets mais les plus emblématiques de la mythologie du groupe.
Sommaire
- Quatre films, une sortie groupée et une promesse de cinéma « bingeable »
- Un carré d’as : Mescal, Keoghan, Dickinson et Quinn
- Les plumes derrière la caméra
- Saoirse Ronan en Linda McCartney, et des rôles féminins très attendus
- De Mary Cox à « Mo » Starkey : une trajectoire de Liverpool
- Rencontre, mariage et premiers pas sous les projecteurs
- Maureen, témoin privilégiée de la révolution Beatles
- L’après-Beatles : recompositions et drame
- Pourquoi Maureen compte dans l’histoire que Mendes veut raconter
- Mia McKenna-Bruce : un profil pour « Mo »
- Préparations millimétrées : quand Mescal joue à gauche et Keoghan rencontre Ringo
- Quand Ringo corrige le script : la vigilance des témoins directs
- Le défi d’écriture : conjuguer l’intime et la légende
- Maureen, miroir d’une génération de femmes
- L’ombre de la maladie et le chant de McCartney
- Une Maureen musicienne d’un jour
- Les autres rôles à suivre : Boyd et Ono en ligne de mire
- Du côté plateau : ce que l’on peut attendre de McKenna-Bruce
- La responsabilité d’un récit adoubé par Apple Corps
- Éthique et nuance : représenter sans fétichiser
- Un calendrier clair et des attentes immenses
- En guise de coda : Maureen, un fil rouge discret
- Repères clés
Quatre films, une sortie groupée et une promesse de cinéma « bingeable »
Conçu par Sam Mendes et produit avec Sony Pictures et Neal Street Productions, le cycle The Beatles – A Four-Film Cinematic Event racontera l’épopée du groupe au travers de quatre longs-métrages, chacun centré sur un membre du Fab Four. Particularité inédite : les quatre films sortiront en avril 2028, à quelques jours d’intervalle, pour créer ce que Sony a décrit comme « la première expérience de cinéma bingeable ». L’idée, assumée, est de transposer au grand écran des usages nés du streaming, tout en revendiquant l’ampleur émotionnelle de la salle.
Un carré d’as : Mescal, Keoghan, Dickinson et Quinn
Côté Fab Four, le casting principal a été dévoilé au printemps : Paul Mescal en Paul McCartney, Barry Keoghan en Ringo Starr, Harris Dickinson en John Lennon et Joseph Quinn en George Harrison. L’annonce à CinemaCon a confirmé la volonté de Sony d’en faire un événement culturel global, adossé au feu vert rare d’Apple Corps Ltd. pour l’utilisation des droits musicaux et biographiques des Beatles et de leurs familles.
Les plumes derrière la caméra
Pour porter une telle entreprise, Mendes s’est entouré de trois scénaristes de premier plan : Jez Butterworth, Peter Straughan et Jack Thorne. Trois sensibilités britanniques, trois manières d’aborder la fiction historique et l’intime, qui laissent augurer des regards contrastés d’un film à l’autre, tout en convergeant vers une fresque commune.
Saoirse Ronan en Linda McCartney, et des rôles féminins très attendus
Dans la constellation des rôles féminins, Saoirse Ronan a été confirmée pour incarner Linda McCartney, partenaire artistique et épouse de Paul McCartney à partir de 1969. Son implication, aux côtés de Mescal, pose un jalon fort : la série de films ne cantonnera pas les femmes à la périphérie du récit, mais articulera leur présence comme des pivots biographiques et créatifs. D’autres noms circulent pour Pattie Boyd et Yoko Ono – Aimee Lou Wood et Anna Sawai ont été évoquées – sans officialisation à ce stade.
De Mary Cox à « Mo » Starkey : une trajectoire de Liverpool
Née Mary Cox le 4 août 1946 à Liverpool, celle que tout le monde surnommera rapidement « Mo » grandit dans une ville qui vit au rythme de la scène Merseybeat. Apprentie coiffeuse, elle fréquente assidûment le Cavern Club, où elle croise les Beatles encore au début de leur ascension. Sa relation avec Ringo s’y noue à l’orée de 1962, sur fond de concerts midi et soir, de files d’attente interminables et d’une ferveur déjà dangereusement intense pour les proches des musiciens.
Rencontre, mariage et premiers pas sous les projecteurs
La romance s’accélère au début de 1965. Après une demande en mariage au Ad Lib Club de Londres, Ringo Starr et Maureen Cox se marient le 11 février 1965 à Caxton Hall. La médiatisation est alors totale : l’union, organisée à la hâte, s’effectue alors que le groupe vit ses années les plus vertigineuses. Le couple aura trois enfants – Zak (1965), Jason (1967) et Lee (1970) – avant de divorcer en 1975.
Maureen, témoin privilégiée de la révolution Beatles
Intimement mêlée aux années-phare du groupe, Maureen Starkey apparaît à plusieurs carrefours de la légende. On la retrouve dans les chœurs de « The Continuing Story of Bungalow Bill » (1968), où elle se joint au chant collectif autour de John Lennon et Yoko Ono. Moment emblématique : le 30 janvier 1969, sur le toit de l’immeuble d’Apple au 3 Savile Row, Paul McCartney conclut le dernier « Get Back » par un « Thanks, Mo », réponse facétieuse à ses applaudissements nourris. Ringo, transi par le froid londonien, joue alors avec l’imperméable rouge de Maureen sur le dos – détail devenu iconique dans les images ressorties par Get Back.
L’après-Beatles : recompositions et drame
Après le divorce, Maureen refait sa vie. Elle rencontre l’entrepreneur américain Isaac Tigrett (cofondateur du Hard Rock Café puis de la House of Blues), qu’elle épouse en 1989. Ensemble, ils ont une fille, Augusta King (née en 1987). Le destin, toutefois, se fait brutal : atteinte d’une leucémie, Maureen est soignée à Seattle au Fred Hutchinson Cancer Research Center. Son fils Zak donnera sa moelle osseuse pour tenter de la sauver. Maureen Starkey s’éteint le 30 décembre 1994, à 48 ans. Au chevet, ses enfants, sa mère, son mari et Ringo. Paul McCartney composera bientôt « Little Willow » en hommage, chanson parue sur Flaming Pie (1997) et dédiée à ses enfants.
Pourquoi Maureen compte dans l’histoire que Mendes veut raconter
Raconter Maureen dans une fiction Beatles n’est pas un simple contrechamp sentimental. C’est réinscrire, au cœur de l’ouragan, une voix de Liverpool qui a connu les Beatles avant la Beatlemania globale, une présence qui a soutenu Ringo à l’hôpital lors de ses angines, supporté le poids de la célébrité et ses débordements, puis traversé la mue douloureuse de l’après-groupe. C’est incarner ce que signifiait « vivre avec un Beatle » quand tout vacillait – des tournées à l’arrêt des concerts, de la pop au studio, des pyrotechnies d’Abbey Road aux heures grises de Let It Be.
La Maureen de cinéma devrait être tout sauf une silhouette. Elle est la spectatrice la plus enthousiaste du rooftop, la propriétaire du « red mac » qui protège les poignets de Ringo dans le vent de janvier 1969, la voix qui s’élève dans « Bungalow Bill », la mère de Zak, Jason et Lee, la femme qui refera sa vie, puis la patiente dont le combat scellera l’un des gestes de solidarité les plus bouleversants de la saga familiale. Mendes, en confiant ce rôle à Mia McKenna-Bruce, signale qu’il ne traitera pas les femmes des Beatles comme de simples satellites.
Mia McKenna-Bruce : un profil pour « Mo »
Le choix de Mia McKenna-Bruce – popularisée par Vampire Academy, révélée par How to Have Sex – se lit aussi comme une volonté d’allier fraîcheur et gravité. Sa performance, primée aux BIFA et récompensée par le BAFTA Rising Star, a montré une actrice capable d’ambiguïtés et de demi-teintes, d’une justesse utile pour esquiver les pièges de la caricature : l’épouse effacée, la muse muette, la groupie. Ici, il s’agira d’une Liverpool girl devenue femme, prise dans un roman national qui la dépasse mais à lequel elle contribue.
Préparations millimétrées : quand Mescal joue à gauche et Keoghan rencontre Ringo
La fabrication des films alimente déjà un feuilleton parallèle. Paul Mescal a confié qu’il apprend la guitare et la basse en gaucher pour incarner McCartney « sans tricher », au nom d’un réalisme qui ne se réduit pas à la ressemblance physique. Barry Keoghan, de son côté, a rencontré Ringo Starr chez lui pour « observer les gestes » et « humaniser » son jeu plutôt que d’en proposer une simple imitation. Ces indices témoignent d’un niveau d’exigence rare pour une production de cette ampleur.
Quand Ringo corrige le script : la vigilance des témoins directs
Autre signe encourageant : Ringo Starr lui-même dit avoir demandé des modifications au scénario le concernant, notamment dans la représentation de sa relation avec Maureen. Après des échanges avec Sam Mendes, le batteur s’est déclaré « satisfait » des ajustements. Cette vigilance des témoins directs – McCartney et Starr, mais aussi les familles de Lennon et Harrison – est cruciale pour arrimer la fiction à une vérité humaine au-delà de la seule documentation.
Le défi d’écriture : conjuguer l’intime et la légende
Sur le papier, le dispositif en quatre points de vue offre un avantage précieux : faire apparaître Maureen à la fois dans l’orbite Ringo et en résonance avec les films consacrés à Lennon, McCartney et Harrison. Certaines scènes, déjà mythifiées par le documentaire Get Back – la séance du 30 janvier 1969, les répétitions morcelées, les micro-gestes captés par la caméra – peuvent trouver ici d’autres reliefs. La présence de Maureen sur le toit, son applaudissement qui arrache un « Thanks, Mo » à Paul, ou la simple couleur de son trench rouge sur les épaules de Ringo, sont des détails de cinéma à part entière, et pas seulement des anecdotes pour initiés.
Maureen, miroir d’une génération de femmes
Il y a, dans l’itinéraire de Maureen Starkey, un miroir tendu à une génération de femmes projetées dans la modernité par le rock et la culture pop. Elle n’est ni Linda McCartney – photographe, musicienne et partenaire de scène – ni Pattie Boyd – muse et modèle – ni Yoko Ono – artiste conceptuelle au centre de controverses qui n’en finissent pas. Maureen est Liverpoolienne, mère jeune, travailleuse, et son rapport au groupe reste charnel plus que médiatique : le Cavern d’abord, le foyer ensuite, puis la famille recomposée. La fiction peut, si elle s’en donne les moyens, raconter l’ordinaire d’une vie prise dans l’extraordinaire.
L’ombre de la maladie et le chant de McCartney
La fin de vie de Maureen imprime au récit une tonalité élégiaque. La greffe de Zak, la bataille contre la leucémie, l’entourage réuni à Seattle… Dans un contre-champ émotionnel, la chanson « Little Willow » de Paul McCartney – texte tout en douceur, mélodie retenue – demeure l’un des hommages les plus bouleversants rendus au cercle des Beatles. Dans les films, elle pourrait n’apparaître qu’en écho, un motif – une image ou un silence – suffisant pour convoquer la mémoire.
Une Maureen musicienne d’un jour
Sa voix sur « The Continuing Story of Bungalow Bill » rappelle aussi que les compagnons des Beatles ne furent pas extérieurs à leur art. On sait que l’album blanc est un vortex d’essais, de collages et de chœurs improvisés. Y intégrer Maureen dit quelque chose de l’atmosphère du studio, de la porosité entre vie privée et création à la fin des sixties.
Les autres rôles à suivre : Boyd et Ono en ligne de mire
Le choix de Mia McKenna-Bruce a relancé les spéculations autour des autres rôles féminins majeurs. Si Saoirse Ronan en Linda est désormais actée, l’incarnation de Pattie Boyd et Yoko Ono reste un work-in-progress très commenté. Aimee Lou Wood, adoubée publiquement par Pattie Boyd dans un message cordial sur les réseaux, figure parmi les candidates sérieuses, tandis qu’Anna Sawai est évoquée pour Yoko Ono. Cette attention portée aux voix de femmes confirme que la tétralogie n’entend pas raconter les Beatles sans elles.
Du côté plateau : ce que l’on peut attendre de McKenna-Bruce
Pour Maureen, tout se jouera dans la justesse : l’accent de Liverpool qu’on a souvent gommé dans d’autres fictions, la gestuelle modeste d’une jeune femme qu’on voit plus qu’on n’entend, l’énergie contenue d’une fan devenue épouse. Mia McKenna-Bruce a déjà prouvé qu’elle sait habiter ces zones grises où l’intime se heurte à la pression sociale. En Maureen, elle devra aussi vieillir, traverser des époques, du noir-et-blanc des salles enfumées du Cavern Club aux couleurs saturées du Swinging London, puis aux teintes plus ternes de l’après-séparation.
La responsabilité d’un récit adoubé par Apple Corps
L’un des garde-fous de l’entreprise réside dans le cadre posé par Apple Corps et les familles. C’est la première fois qu’un studio obtient plein accès aux droits de la musique et aux récits de vie pour une fiction d’une telle ampleur. En clair, le son des Beatles – matrice émotionnelle de toute cette histoire – pourra irriguer les films au-delà des citations convenues. Ce n’est pas un détail, et c’est aussi une responsabilité : celle de ne pas simplifier des trajectoires humaines parfois contradictoires.
Éthique et nuance : représenter sans fétichiser
Maureen Starkey inspire une éthique de mise en scène : ne pas fétichiser l’icône, ne pas réduire la femme à sa place auprès de l’homme célèbre, ne pas fabriquer d’antagonismes faciles. Les biographies Beatles regorgent d’angles spectaculaires – et de pièges. La fiction peut s’en affranchir, notamment en évitant de rejouer des rumeurs au détriment des faits vérifiés, en préférant la matière sensible de scènes quotidiennes : un coup de fil inquiet pendant une tournée, un fou rire dans une loge, un chapeau partagé dans un couloir d’EMI Studios. C’est là, précisément, que le regard de Mendes peut faire la différence.
Un calendrier clair et des attentes immenses
Le calendrier désormais verrouillé – avril 2028 pour les quatre sorties – installe une attente de longue haleine. Les mois à venir devraient livrer des annonces au compte-gouttes : débuts de tournage, bandes-annonces, choix des titres individuels, précisions sur l’arche narrative de chaque film. Mais l’essentiel est posé : des acteurs investis, des auteurs chevronnés, un cadre musical légitimé et une ambition formelle assumée. Dans cet ensemble, le rôle de Maureen n’est pas un supplément d’âme ; c’est un axe. Et si Mia McKenna-Bruce parvient à saisir la force tranquille de « Mo » – ce mélange d’admiration, de dignité, de fierté et de réserve –, alors le cinéma rendra justice à une figure longtemps à contre-jour.
En guise de coda : Maureen, un fil rouge discret
À l’instant de clore, on revient à cette image simple : une jeune femme de Liverpool, capuche serrée, sourire en coin, qui bat la mesure sur un toit froid d’hiver pendant qu’un groupe qu’elle a vu grandir invente, une dernière fois, une forme de liberté. « Thanks, Mo », lâche McCartney dans le vent. C’est mince, et pourtant tout est là. Si le cinéma de Sam Mendes capte ce grain-là, on tiendra peut-être notre vérité de Maureen Starkey.
Repères clés
Mia McKenna-Bruce incarnera Maureen Starkey dans The Beatles – A Four-Film Cinematic Event de Sam Mendes ; les films sortiront tous en avril 2028 et sont présentés comme la première expérience de cinéma « bingeable ». Le casting principal réunit Paul Mescal, Barry Keoghan, Harris Dickinson et Joseph Quinn ; Saoirse Ronan jouera Linda McCartney. Ringo Starr a demandé des ajustements au script pour la représentation de sa relation avec Maureen. Dans la vie réelle, Maureen fut coiffeuse, épouse et mère à Liverpool, participa aux chœurs de « Bungalow Bill », assista au rooftop concert – « Thanks, Mo » – et inspira à Paul McCartney « Little Willow » après sa disparition en 1994.
