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George Harrison : le dernier numéro 1 solo d’un Beatle, contre toute attente

Publié le 15 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Contrairement à l’idée reçue, le dernier numéro 1 solo d’un ex-Beatle au Billboard Hot 100 n’est ni signé Lennon ni McCartney, mais George Harrison, en 1988, avec “Got My Mind Set on You”. Une trajectoire méconnue qui révèle l’impact discret mais puissant du “Quiet Beatle”.


Au mitan des années 1960, les Beatles semblaient toucher à tout et tout transformer en or. Cette touche finale ne s’est pas évaporée lorsque le groupe s’est séparé en 1970 : elle s’est déplacée, comme par capillarité, vers les carrières individuelles de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Mais derrière la légende facile – « les quatre ont continué à enchaîner les triomphes » – se cache un récit plus contrasté, fait de départs prudents, de choix artistiques risqués, d’accidents de l’histoire… et d’un débat apparemment simple : qui a signé le dernier numéro 1 solo d’un Beatle dans les classements américains ?

La réponse intuitive renvoie souvent à John Lennon et à “(Just Like) Starting Over”, porté tragiquement au sommet après son assassinat, en décembre 1980. L’image est forte : une chanson d’ouverture sur une nouvelle vie qui devient, hélas, un adieu. Pourtant, du point de vue strict des classements Billboard Hot 100, cette réponse est fausse. Le dernier numéro 1 américain en solo, au sens d’un crédit artistique attribué à un ex-Beatle seul (sans groupe ni partenaire en duo), revient à George Harrison avec “Got My Mind Set on You”, sortie en 1987 et propulsée à la première place au tout début de l’année 1988. Pour comprendre comment on en arrive là, il faut remonter le fil depuis la séparation du groupe et suivre, sans mythe ni nostalgie facile, la trajectoire de chacun.

Sommaire

  • Après la séparation : quatre voix déjà singulières
  • George Harrison ouvre la voie : “My Sweet Lord” et l’ouragan “All Things Must Pass”
  • Lennon et McCartney : débuts à froid, stature à chaud
  • Ringo, l’inattendu serial hit-maker de 1973-1974
  • 1973-1976 : Harrison confirme, McCartney occupe, Lennon touche le sommet
  • 1980 : “(Just Like) Starting Over”, le sommet tragique
  • 1982-1984 : McCartney, la décennie des duos et le piège des définitions
  • 1987-1988 : le retour flamboyant de George Harrison avec “Got My Mind Set on You”
  • Et le Royaume-Uni dans tout ça ?
  • Comment compter ? La règle du jeu, expliquée sans jargon
  • Pourquoi cette confusion persiste-t-elle ?
  • Un mot sur les parcours croisés après 1988
  • La vérité des faits, la force des chansons
  • Un point final signé George
    • Repères essentiels (pour la mémoire)
    • Épilogue : pourquoi ce détail compte

Après la séparation : quatre voix déjà singulières

Au moment où les Beatles cessent d’enregistrer ensemble, fin 1969-début 1970, leurs albums récents témoignent déjà d’une autonomisation marquée. Depuis “Rubber Soul” et “Revolver”, la signature collective s’ouvr(e/ait) à des univers de plus en plus distincts : le rock baroque et le lyrisme pop de McCartney, la veine introspective et politique de Lennon, la spiritualité mélodique de Harrison, la rondeur pop et l’instinct de groove de Ringo. Les sessions de “The Beatles” (le Double Blanc), de “Let It Be” puis de “Abbey Road” ont renforcé l’impression que les quatre compositeurs travaillaient, souvent, en solitaires.

Autrement dit, au printemps 1970, chacun paraît déjà prêt. Mais « prêt » ne signifie pas « assuré du succès ». L’histoire de la pop regorge d’exemples où l’envergure d’un groupe n’a pas garanti l’éclat d’une carrière solo. La question est donc : qui va percer, quand, et comment ?

George Harrison ouvre la voie : “My Sweet Lord” et l’ouragan “All Things Must Pass”

Le premier coup de tonnerre solo vient de George Harrison. Frustré, les dernières années, de voir peu de ses compositions retenues en face de l’inépuisable duo Lennon/McCartney, Harrison arrive au départ solo avec un réservoir de chansons prêt à l’emploi. À l’automne 1970, il publie “All Things Must Pass”, triple album audacieux, produit par Phil Spector : une cathédrale sonore où se mêlent guitares slide, élan mystique, pop ample et chœurs profonds.

Son single phare, “My Sweet Lord”, devient très vite un phénomène mondial. Sorti fin 1970, il s’impose au sommet des classements de part et d’autre de l’Atlantique. Aux États-Unis, il occupe la première place du Billboard Hot 100 entre fin décembre 1970 et janvier 1971 ; au Royaume-Uni, il s’installe tout en haut au cœur de l’hiver. Au-delà des chiffres, la chanson frappe par son osmose entre refrain lumineux, mantra répété et inspiration spirituelle. Pour un public qui découvre Harrison dégagé de l’ombre des Fab Four, c’est une révélation : le « troisième homme » signe l’un des plus grands 45-tours du moment.

Le triomphe se double d’un contentieux qui fera couler beaucoup d’encre : la ressemblance entre “My Sweet Lord” et “He’s So Fine” des Chiffons entraîne une action en justice. L’affaire, longue et complexe, conduira à un jugement reconnaissant un plagiat involontaire. Sur le plan strictement musical, l’événement n’entame pas l’impact du disque ; sur le plan symbolique, il rappelle à quel point, en pop, les idiomes se répondent et se recyclent, souvent sans intention consciente. En 2000, Harrison en donnera une sorte de pirouette en réenregistrant la chanson (“My Sweet Lord (2000)”), comme pour reprendre possession d’une œuvre qu’il n’a jamais cessé de revendiquer.

Quoi qu’il en soit, fin 1970-début 1971, la première flèche tirée par un ex-Beatle est signée George. Et elle fait mouche.

Lennon et McCartney : débuts à froid, stature à chaud

Pendant que Harrison triomphe, John Lennon et Paul McCartney dévoilent chacun un premier album solo en 1970 qui prend la critique à rebrousse-poil. “McCartney”, enregistré quasi seul à la maison par Paul, est une collection dépouillée, parfois lo-fi, loin du raffinement de “Abbey Road”. La presse le reçoit fraîchement, d’autant que McCartney est accusé d’avoir précipité la fin du groupe. Mais ce disque intime, bourré de miniatures mélodiques, sera réévalué, et la dynamique se réinversera très vite : Wings, la formation que Paul fonde avec Linda McCartney, deviendra l’un des acteurs dominants de la première moitié des années 1970, alignant des numéros 1 américains comme “My Love”, “Band on the Run”, “Silly Love Songs” ou “With a Little Luck”.

De son côté, John Lennon frappe fort avec “John Lennon/Plastic Ono Band” (1970), un disque radical, quasi cathartique, qui déroute par sa nudité émotionnelle et ses positions politiques abruptes. Commercialement, Lennon ne décroche pas immédiatement de numéro 1, mais il pose la matrice d’une œuvre solo sans concession. L’année suivante, “Imagine” (l’album) l’installe plus solidement, même si la chanson “Imagine” elle-même – désormais un hymne universel – ne sera pas, sur le moment, un numéro 1 américain. Il faudra attendre 1974 pour voir Lennon atteindre le sommet du Hot 100 avec “Whatever Gets You Thru the Night”, un morceau vif, funky, enregistré avec Elton John.

Ringo, l’inattendu serial hit-maker de 1973-1974

On l’oublie souvent, mais l’explosion solo le mieux calibrée au milieu des années 1970 est peut-être celle de Ringo Starr. Après quelques singles bien sentis, Ringo publie “Ringo” (1973), album fédérateur où ses trois anciens complices viennent, chacun, prêter plume, voix ou instrument. La période 1973-1974 voit Ringo placer deux numéros 1 au Billboard Hot 100 avec “Photograph” (coécrit avec Harrison) et “You’re Sixteen”. C’est la parenthèse la plus radiophonique de sa carrière : un moment où sa voix souriante, ses orchestrations souples et son charisme bonhomme rencontrent la grande audience américaine.

1973-1976 : Harrison confirme, McCartney occupe, Lennon touche le sommet

Dans l’élan de “My Sweet Lord”, George Harrison revient au numéro 1 américain en 1973 avec “Give Me Love (Give Me Peace on Earth)”. Le titre, moins monumental mais tout aussi inspiré, témoigne d’un art de la mélodie claire et d’une foi sans grandiloquence. Entre-temps, Harrison s’est imposé comme un passeur : le Concert for Bangladesh en 1971 a créé, à grande échelle, le modèle du concert caritatif, replaçant la musique au service d’une cause.

Paul McCartney, lui, s’inscrit dans la durée. Les Wings deviennent une machine à singles : ballades élégantes, pop flamboyante, refrains conçus pour l’antenne. À ce stade de l’histoire, la précision des crédits compte : aux États-Unis, nombre de numéros 1 associés à Paul sont attribués à Wings (“Band on the Run”, “Silly Love Songs”, “With a Little Luck”) ; ils ne renseignent donc pas, strictement, sur des numéros 1 “Paul McCartney” au sens solo. Cette nuance pèsera plus tard lorsque l’on cherchera le “dernier numéro 1 solo” d’un Beatle.

Quant à Lennon, il atteint, on l’a dit, la première place en 1974 avec “Whatever Gets You Thru the Night”, avant de se retirer partiellement de la vie publique pour devenir, selon sa propre expression, un “househusband”. Il reviendra en 1980 avec “Double Fantasy”, disque de renaissance enregistré avec Yoko Ono.

1980 : “(Just Like) Starting Over”, le sommet tragique

À l’automne 1980, John Lennon publie “(Just Like) Starting Over”. Ce single inaugure la période Double Fantasy : voix apaisée, hommage discret aux années 1950, mélodie qui respire la seconde chance. Le 8 décembre 1980, Lennon est assassiné à New York. Dans les jours qui suivent, le monde est en état de sidération. Les radios tournent la chanson en boucle, le public se rue sur le disque, et “(Just Like) Starting Over” accède au numéro 1 du Billboard Hot 100, où il restera plusieurs semaines. Dans l’imaginaire collectif, il deviendra le dernier numéro 1 solo d’un Beatle : un sommet arraché dans les larmes.

Or, si l’on s’en tient à la chronologie des classements, l’histoire ne s’arrête pas là.

1982-1984 : McCartney, la décennie des duos et le piège des définitions

Le début des années 1980 marque une phase très visible pour Paul McCartney. L’ex-Beatle s’inscrit dans l’air du temps, multiplie les collaborations et signe deux énormes numéros 1 américains : “Ebony and Ivory” (1982), en duo avec Stevie Wonder, et “Say Say Say” (1983), en duo avec Michael Jackson. Sur le papier, McCartney enchaîne donc les sommets. Mais dans la comptabilité qui nous occupe – isoler les numéros 1 solo d’un ex-Beatle – ces titres ne sont pas pris en compte : ils ne sont pas crédités à Paul McCartney seul. À cela s’ajoute le cas “Coming Up” (1980) : aux États-Unis, c’est la version live créditée à Paul McCartney & Wings qui atteint la première place, non la version studio créditée “Paul McCartney”. Résultat : au regard strict du Hot 100, McCartney ne possède pas de numéro 1 américain entièrement solo dans les années 1980, même si son hégémonie pop reste indiscutable.

Cette distinction, un peu tatillonne mais nécessaire, explique pourquoi l’intuition « le dernier numéro 1 solo d’un Beatle, c’est Lennon en 1980 » a la peau dure : les énormes tubes de McCartney juste après brouillent la perception.

1987-1988 : le retour flamboyant de George Harrison avec “Got My Mind Set on You”

C’est George Harrison qui, une fois encore, change la donne. Après quelques années plus discrètes, il revient en 1987 avec “Cloud Nine”, album produit avec Jeff Lynne (Electric Light Orchestra). Le son est net, contemporain sans renier la pâte harmonique d’Harrison, et les guitares slide chantent comme au temps d’“All Things Must Pass”. En éclaireur, le single “Got My Mind Set on You”, reprise d’une chanson de Rudy Clark, fuse sur les ondes. Le clip, malicieusement mis en scène, finit d’imprimer le morceau dans la culture MTV.

Le titre grimpe semaine après semaine et, au tournant de 1987-1988, atteint la première place du Billboard Hot 100. C’est un moment historique : Harrison devient non seulement l’ex-Beatle qui a ouvert le bal des numéros 1 solo dès 1970, mais aussi celui qui le ferme en 1988. Entre ces deux dates se déploie une trajectoire paradoxale : le plus discret des quatre aura signé, en solo, l’une des ouvertures les plus spectaculaires et la dernière conquête au sommet des charts américains.

À noter que “Got My Mind Set on You” ne doit rien aux effets d’un drame extérieur. Il s’agit d’un tube pur, bâti sur un arrangement précis, une interprétation souriante et une réalisation moderne. Le compteur tourne pour sa seule force pop. Dans la perspective de notre question de départ, c’est essentiel.

Et le Royaume-Uni dans tout ça ?

Parce que la carrière des Beatles et de leurs membres a toujours été scrutée des deux côtés de l’Atlantique, il est utile de rappeler quelques repères britanniques. “My Sweet Lord” a été un numéro 1 majeur au Royaume-Uni dès l’hiver 1970-1971. Ringo Starr y a également brillé, tout comme McCartney, dont “Pipes of Peace” (1983) a atteint la première place en solo au UK Singles Chart, même si le titre n’a pas été numéro 1 aux États-Unis. Lennon, dans l’émotion de 1980-1981, a vu plusieurs titres, dont “Imagine” et “Woman”, réinvestir les sommets britanniques. Ces références, si elles n’interviennent pas directement dans la question Billboard, jouent un rôle dans la perception publique : en Europe, la chronologie des « derniers numéros 1 » solo peut sembler différente selon l’angle choisi.

Comment compter ? La règle du jeu, expliquée sans jargon

Derrière notre conclusion se trouve une règle simple, mais qu’il faut formuler clairement. Lorsque l’on parle de « dernier numéro 1 solo d’un Beatle au Billboard Hot 100 », on entend un single crédité à un ancien Beatle seul. Cela exclut les duos (même s’ils sont publiés sous le nom d’un ex-Beatle) et les singles attribués à un groupe dirigé par l’un d’eux, comme Wings pour Paul McCartney. À ce titre :

John Lennon a des numéros 1 solo aux États-Unis, dont “Whatever Gets You Thru the Night” (1974) et “(Just Like) Starting Over” (1980).
Ringo Starr en compte deux : “Photograph” (1973) et “You’re Sixteen” (1974).
George Harrison en a trois : “My Sweet Lord” (1970-1971), “Give Me Love (Give Me Peace on Earth)” (1973) et “Got My Mind Set on You” (1987-1988).
Paul McCartney, en revanche, voit ses numéros 1 américains se partager entre Wings (“Band on the Run”, “Silly Love Songs”, “With a Little Luck”) et des duos crédités (avec Stevie Wonder pour “Ebony and Ivory”, avec Michael Jackson pour “Say Say Say”). Il n’a donc pas, au Billboard Hot 100, de numéro 1 strictement « Paul McCartney » seul au cours de la période considérée, même si son empreinte y est écrasante.

Avec cette règle, le verdict tombe : le dernier numéro 1 solo américain d’un ex-Beatle est “Got My Mind Set on You” de George Harrison.

Pourquoi cette confusion persiste-t-elle ?

Plusieurs biais nourrissent l’idée reçue. D’abord, la charge émotionnelle du numéro 1 de Lennon en décembre 1980 dépasse la statistique : le morceau devient un symbole global. Ensuite, la pluie de tubes de McCartney dans les années 1982-1984 entretient une impression d’invincibilité ; l’oreille retient la présence et oublie les crédits. Enfin, Harrison est souvent perçu comme le “discret” de la bande ; son retour de 1987, couronné par un numéro 1 américain, est parfois rangé dans la case « comeback réussi » sans qu’on en mesure la portée historique dans la chronologie des ex-Beatles.

Pour qui s’attache au factuel, cette persistance de l’intuition est révélatrice : dans l’histoire de la pop, les images et les affects se gravent autrement que les dates. Et pourtant, c’est bien Harrison qui ferme la marche.

Un mot sur les parcours croisés après 1988

Après “Got My Mind Set on You”, George Harrison enchaîne avec le projet Traveling Wilburys aux côtés de Jeff Lynne, Tom Petty, Roy Orbison et Bob Dylan. Le collectif devient le synonyme d’une pop adulte, décontractée, pleine de chansons et de guitares bien nées. Sur le Billboard Hot 100, aucun single des Wilburys ne décroche la première place, mais l’influence du groupe irrigue la fin des années 1980.

Paul McCartney poursuit, lui, une voie singulière : grands tournées mondiales, disques expérimentaux sous alias (The Fireman), collaborations transgénérationnelles et retour régulier dans les charts. Aux États-Unis, il ne retrouvera pas de numéro 1 en solo au Hot 100, mais il placera encore des hits majeurs et reviendra souvent au premier plan critique.

Quant à Ringo Starr, il stabilise une carrière de performer aimanté par la scène, soutenu par ses All-Starr Bands, où il orchestre, depuis les années 1989-1990, une célébration vivante du répertoire pop-rock. Il continue d’enregistrer, d’inviter, de fédérer.

L’héritage de John Lennon, enfin, reste central. Ses chansons – “Imagine”, “Instant Karma!”, “Jealous Guy”, “Watching the Wheels” – continuent de structurer notre paysage musical et d’alimenter les réentrées chartistes, rééditions et hommages.

La vérité des faits, la force des chansons

Dire que George Harrison détient le dernier numéro 1 solo d’un Beatle au Billboard Hot 100 ne revient pas à déclasser Lennon, McCartney ou Starr. C’est simplement restituer la chronologie d’un phénomène multiple. De 1970 à 1988, les quatre ont, chacun à leur manière, validé l’idée que la « touche or » des Beatles s’est diffusée dans leurs trajectoires individuelles. Harrison a ouvert le bal avec “My Sweet Lord” et l’a clos avec “Got My Mind Set on You” ; Lennon a culminé tragiquement avec “(Just Like) Starting Over” ; Ringo a signé, plus silencieusement, deux sommets radiophoniques ; McCartney a établi, avec Wings puis via des duos XXL, une domination commerciale continue.

Dans cette géographie des numéros 1, on lira aussi la diversité esthétique des quatre. Chez Harrison, la spiritualité et la guitare slide épousent la logique du single sans s’y réduire. Lennon fait d’une confession pop un hymne planétaire. Ringo injecte du sourire dans l’efficacité des refrains. McCartney prouve que la mélodie et l’artisanat pop peuvent se réinventer sans cesse, que ce soit sous bannière de groupe ou avec des partenaires d’exception.

Un point final signé George

La légende retiendra peut-être toujours “(Just Like) Starting Over” comme un dernier sommet – parce que le cœur parle parfois plus fort que la statistique. Mais l’archiviste des classements, lui, notera ceci : le dernier numéro 1 au Billboard Hot 100 crédité en solo à un ex-Beatle, c’est “Got My Mind Set on You”, par George Harrison. Une conclusion à l’image de l’intéressé : sans fracas inutile, mais imparable.


Repères essentiels (pour la mémoire)

– Premier numéro 1 solo d’un ex-Beatle au Billboard Hot 100 : “My Sweet Lord” (George Harrison), fin 1970-début 1971.
– Numéros 1 solo de John Lennon au Billboard Hot 100 : “Whatever Gets You Thru the Night” (1974), “(Just Like) Starting Over” (1980).
– Numéros 1 solo de Ringo Starr : “Photograph” (1973), “You’re Sixteen” (1974).
– Numéros 1 solo de George Harrison : “My Sweet Lord” (1970-1971), “Give Me Love (Give Me Peace on Earth)” (1973), “Got My Mind Set on You” (1987-1988).
Paul McCartney : numéros 1 américains attribués à Wings (“Band on the Run”, “Silly Love Songs”, “With a Little Luck”) et en duos (“Ebony and Ivory” avec Stevie Wonder, “Say Say Say” avec Michael Jackson). Au sens strict des crédits, pas de numéro 1 “Paul McCartney” seul au Hot 100 durant cette période.


Épilogue : pourquoi ce détail compte

On pourrait objecter : « Tout cela n’est que comptabilité ». Mais la comptabilité raconte parfois l’histoire autrement. Elle met en relief des moments que l’émotion recouvre. Elle rappelle, surtout, que les Beatles ne furent pas seulement quatre génies qui, ensemble, ont bousculé la musique populaire : ils furent aussi quatre trajectoires singulières, capables – séparément – de saisir l’instant où la chanson touche la foule. En 1970, cet instant a un visage : George Harrison. Et en 1988, encore lui. Cela mérite d’être dit, calmement, précisément.


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