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James Norton en Brian Epstein : le pari clé des biopics des Beatles signés Sam Mendes

Publié le 15 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

James Norton pourrait incarner Brian Epstein dans les biopics Beatles réalisés par Sam Mendes. Le rôle du manager des Fab Four, figure charnière de leur ascension, sera central dans ce projet inédit en quatre films prévus pour 2028. Ce choix audacieux souligne l’importance d’Epstein, souvent oublié, dans la légende du groupe.


Le casting des biopics consacrés aux Beatles par Sam Mendes continue de se préciser. Selon plusieurs médias britanniques, James Norton est pressenti pour incarner Brian Epstein, le manager historique du quatuor de Liverpool souvent qualifié de « cinquième Beatle ». Cette information intervient alors que le projet, présenté comme The Beatles – A Four-Film Cinematic Event, avance à grands pas chez Sony Pictures avec une sortie groupée annoncée pour avril 2028.

Sommaire

  • Un rôle à la hauteur d’un destin : pourquoi Brian Epstein compte
  • James Norton, un acteur de précision
  • Un projet inédit : quatre films, quatre points de vue, une même histoire
  • Des plumes de haut vol pour écrire les quatre scénarios
  • Saoirse Ronan en Linda McCartney, Mia McKenna-Bruce en Maureen Starkey : l’entourage prend forme
  • Pattie Boyd valide Aimee Lou Wood ; Anna Sawai liée à Yoko Ono (rumeurs persistantes)
  • Revenir à Brian Epstein : un portrait à rebours des caricatures
  • La méthode Mendes : tenir la légende à distance critique
  • Un tournage au long cours, une sortie pensée comme un « rendez-vous »
  • Ce que le choix James Norton peut apporter à Epstein
  • Épouser les angles morts : vers des films plus polyphoniques
  • Les précédentes incarnations d’Epstein et l’attente critique
  • Ce que cela change pour les fans : musique, accents, archives
  • Après Epstein : ce que les quatre films peuvent dire des Beatles en 2028
  • Ce que l’on sait, ce que l’on attend

Un rôle à la hauteur d’un destin : pourquoi Brian Epstein compte

Figure centrale de l’ascension des Beatles, Brian Epstein croise le groupe au Cavern Club de Liverpool à l’automne 1961. Sa conviction, sa rigueur et son sens du style transforment une formation locale en phénomène mondial. Sans expérience préalable dans l’industrie musicale, il professionnalise l’image des quatre jeunes hommes, leur obtient un contrat avec EMI/Parlophone et facilite la rencontre avec George Martin. Jusqu’à sa mort prématurée en 1967, d’une overdose accidentelle de barbituriques et d’alcool, il demeure le pivot organisationnel et commercial de la machine Beatles. L’onde de choc provoquée par sa disparition marquera durablement le groupe, qui se séparera quelques années plus tard.

L’intérêt de Mendes pour Epstein n’est pas anecdotique : l’homme fut l’architecte du basculement des Beatles de la scène de club à la pop culture mondiale, en orchestrant l’emballement médiatique, les tournées et une discipline de travail qui soutient la créativité du quatuor. Dans l’économie narratrice de quatre films, Epstein est la charnière qui relie des trajectoires personnelles différentes et parfois contradictoires. Dès lors, confier ce rôle à un acteur capable de dégager à la fois autorité, fragilité et élégance devient une décision stratégique.

James Norton, un acteur de précision

Âgé de quarante ans, James Norton s’est imposé au fil d’une décennie sur des registres variés, de Happy Valley (où son rôle de Tommy Lee Royce lui vaut une nomination aux BAFTA TV Awards) à Grantchester, War & Peace et McMafia, sans oublier le cinéma (Mr. Jones, Little Women). Norton cultive une présence feutrée et un sens du détail qui peuvent épouser la complexité d’Epstein : un patron exigeant, un esthète maniaque, mais aussi un homme vulnérable, contraint de vivre son homosexualité dans la clandestinité de l’Angleterre des années 1960. Ce mélange d’assurance publique et de fêlures privées correspond à la palette émotionnelle dont Norton a souvent fait preuve.

Selon les informations parues ce 15 octobre, Norton serait « en ligne » pour le rôle, les sources parlant d’un accord en cours, sans confirmation officielle de Sony à l’heure où nous publions. S’il venait à être confirmé, il s’insérerait dans une distribution principale déjà annoncée au printemps : Paul Mescal en Paul McCartney, Harris Dickinson en John Lennon, Joseph Quinn en George Harrison, et Barry Keoghan en Ringo Starr.

Un projet inédit : quatre films, quatre points de vue, une même histoire

Présenté comme « la première expérience binge-able au cinéma », l’ensemble veut raconter une histoire déjà mille fois défrichée avec un dispositif radical : quatre longs métrages autonomes, chacun vu depuis le regard d’un Beatle, sortant tous en avril 2028. Cette approche doit permettre de croiser les perspectives, d’assumer les contradictions des récits – souvenirs divergents, ego, mythologies personnelles – tout en restituant la cohérence d’un mythe collectif. Sony a pris soin de sécuriser un élément rarissime : les droits musicaux et de “life story” accordés par Apple Corps Ltd. et par Paul McCartney, Ringo Starr ainsi que les familles de John Lennon et George Harrison. C’est la première fois qu’un projet scénarisé bénéficie d’un tel feu vert global.

Au CinemaCon 2025, Mendes et Tom Rothman (Sony) ont confirmé le pari industriel d’une sortie groupée durant un même mois, conçu comme un événement en salle. Reste à savoir si les films seront étalés sur quatre week-ends consécutifs, ou proposés de façon rapprochée dans une autre configuration ; l’idée maîtresse demeure de transformer l’expérience cinéma en rendez-vous feuilletonesque.

Des plumes de haut vol pour écrire les quatre scénarios

La structure en tétralogie s’accompagne d’une autre décision forte : Jez Butterworth, Peter Straughan et Jack Thorne ont été recrutés pour écrire les scénarios. Butterworth, dramaturge majeur et coscénariste de Spectre, Straughan (oscarsé pour Tinker Tailor Soldier Spy, récemment sur Conclave) et Thorne (de Enola Holmes à Harry Potter and the Cursed Child) forment un trio complémentaire. La répartition précise des épisodes n’a pas été révélée, mais l’idée d’associer des sensibilités d’écriture différentes cadre avec une anthologie où chaque film épouse la voix intime d’un Beatle.

Saoirse Ronan en Linda McCartney, Mia McKenna-Bruce en Maureen Starkey : l’entourage prend forme

Autour du quatuor central, les rôles de l’entourage commencent à tomber. Saoirse Ronan est annoncée en Linda McCartney, photographe de talent devenue la partenaire artistique et de vie de Paul, claviériste de Wings, militante de la cause animale et figure populaire outre-Atlantique jusqu’à son décès en 1998. La présence de Ronan, qui a déjà donné la réplique à Mescal dans Foe, laisse augurer des scènes où la sphère privée se mêle au travail créatif post-Beatles.

Autre élément solide, Mia McKenna-Bruce – lauréate du BAFTA Rising Star 2024 – doit incarner Maureen Starkey, première épouse de Ringo et figure familière des coulisses de la Beatlemania. Sa trajectoire, de la rencontre au Cavern à un mariage célébré en 1965, puis à la séparation en 1975, accompagne l’explosion du groupe et ses dégâts collatéraux. La précision d’observation de McKenna-Bruce, révélée par How to Have Sex, pourrait offrir un contre-champ féminin marquant dans les épisodes consacrés à Ringo et George.

Pattie Boyd valide Aimee Lou Wood ; Anna Sawai liée à Yoko Ono (rumeurs persistantes)

Côté rumeurs crédibles, Aimee Lou Wood (devenue récente « star de The White Lotus ») est associée au rôle de Pattie Boyd, mannequin, muse et épouse de George Harrison de 1966 à 1977. Si l’accord définitif n’a pas été officialisé, Pattie Boyd elle-même a réagi sur X en apportant un signe d’approbation chaleureux autour de la possibilité de voir Wood l’incarner : « Big news, indeed! I’m looking forward (hoping) to meet Aimee Lou at some point in the future ».

Parallèlement, Anna Sawai (remarquée dans Shōgun) est régulièrement citée pour Yoko Ono. Là encore, on parle de discussions plutôt que d’une signature, mais l’insistance des indiscrétions souligne l’intention du projet de traiter les figures controversées avec casting de premier plan.

Revenir à Brian Epstein : un portrait à rebours des caricatures

Le grand public associe souvent Epstein à quelques clichés – l’homme en costume ajusté, l’agent strict, le vendeur de disques promu manager – mais son rôle excède ces images. Il est l’intermédiaire décisif entre le Liverpool de la culture Merseybeat et Londres, puis l’Amérique : il convainc les majors, structure des tournées, impose l’élégance (costumes, coordination visuelle) et construit une relation de confiance avec les médias. Sa proximité avec Cilla Black ou Gerry and the Pacemakers témoigne d’un flair plus large, à l’échelle d’une scène entière. Sa vie privée, marquée par l’isolement d’une homosexualité réprimée et par des problèmes d’addictions, nourrit une tragédie moderne dont le cinéma doit s’emparer sans sensationnalisme.

Le film Midas Man (2024/25), centré sur Epstein, a déjà tenté l’exercice, avec Jacob Fortune-Lloyd dans le rôle-titre et une réception partagée, notamment en raison de contraintes de droits musicaux. L’accès inédit au répertoire des Beatles et aux droits biographiques dans le projet de Mendes ouvre, cette fois, la voie à une reconstitution plus juste de l’empreinte d’Epstein sur la musique et la culture pop.

La méthode Mendes : tenir la légende à distance critique

La carrière de Sam Mendes – de American Beauty à 1917, en passant par Skyfall – montre une appétence pour les dispositifs formels puissants et une direction d’acteurs millimétrée. Dans ce projet, il s’entoure de son partenaire de production Neal Street (Pippa Harris, Julie Pastor), et confie l’écriture à trois signatures britanniques de premier plan. L’ambition déclarée est d’éclairer à neuf une histoire connue, en restituant, à travers quatre subjectivités, la diversité des tempéraments, les lignes de fracture internes et le coût intime de la célébrité planétaire.

Ce parti pris soulève des défis esthétiques : comment moduler le rythme et la couleur de chaque épisode tout en préservant l’unité d’ensemble ? Comment filmer la création musicale – répétitions, enregistrements, prises de bec – sans rejouer des scènes déjà iconiques ? Comment, surtout, intégrer Epstein : présence discrète mais constante, invisible et indispensable ?

Un tournage au long cours, une sortie pensée comme un « rendez-vous »

Les informations de calendrier convergent : la production s’étale sur 2025–2026, avec des éléments situant un démarrage de tournage à l’été 2025 au Royaume-Uni. Sony vise ensuite une sortie mondiale en avril 2028, envisagée comme un événement continu en salles, calé sur plusieurs semaines. Au-delà du coup marketing, ce choix pourrait redonner aux cinémas un rythme de rendez-vous qui rappelle les sérialisations d’autrefois, à l’heure où l’attention du public est fragmentée par les plateformes.

Ce que le choix James Norton peut apporter à Epstein

Si l’information se confirme, James Norton aura à incarner un mélange rare : l’élégance d’un négociateur qui rassure et impose, la tension d’un homme sous pression dans une société hostile à sa vie intime, l’instinct d’un patron de label sans label, et la fragilité d’une personnalité qui se consume. Une partie du travail résidera dans le regard : Epstein ne joue pas sur scène, il observe, recadre, prévoit. Or, Norton, par sa sobriété gestuelle et ses silences chargés, a souvent montré qu’il savait occuper l’ombre et laisser les autres briller – un équilibre essentiel pour figurer la présence-absence d’Epstein aux côtés des Beatles.

Épouser les angles morts : vers des films plus polyphoniques

Longtemps, la mémoire collective a réduit l’entourage des Beatles à quelques silhouettes. Le casting en cours laisse penser qu’on donnera de la profondeur à des figures comme Linda McCartney, Maureen Starkey ou Pattie Boyd. On peut y lire un déplacement du regard : comprendre les Beatles, c’est raconter les vies connectées qui ont soutenu, heurté, nourri le groupe. De même, le traitement de Yoko Ono – souvent caricaturée – attend un contre-récit plus nuancé. C’est là que le choix des scénaristes pourra peser, en articulant le privé et le public, l’amour et le travail, l’image et la réalité.

Les précédentes incarnations d’Epstein et l’attente critique

Avant Mendes, Epstein a déjà été représenté à l’écran, des fragments de fiction aux portraits plus complets : du film The Hours and Times (1991), centré sur un voyage à Barcelone avec John Lennon, au téléfilm/mini-série Cilla (2014), sans oublier des apparitions périphériques dans des œuvres consacrées à la scène de Liverpool. Mais ces récits restaient limités par l’accès aux archives et aux droits musicaux des Beatles. La nouveauté, ici, tient à la légitimité documentaire permise par l’accord avec Apple Corps, qui autorise à mêler recréation dramatique et répertoire officiel sans se contenter d’ersatz sonores. L’attente critique se focalisera sur la reconstitution et la direction d’acteurs, mais aussi sur la dimension éthique : restituer Epstein comme un personnage à part entière, et non comme un simple marchepied vers la gloire des quatre.

Ce que cela change pour les fans : musique, accents, archives

Les fans français des Beatles savent combien la question des accents (scouse vs. RP), des gestuelles et du jeu instrumental peut faire ou défaire une incarnation. Le travail de préparation rapporté côté acteurs – coaching musical, étude des postures, immersion dans les archives – laisse entendre une direction au cordeau. La possibilité d’utiliser le catalogue ouvre aussi à des moments de studio crédibles, à des montages de tournées qui ne dépendent plus d’images « génériques » et à une meilleure chronologie des événements. La présence d’Epstein au cœur de ces scènes – en coulisses, en réunion, au téléphone – donne l’occasion de remettre l’humain au centre d’un récit souvent aspiré par les icônes.

Après Epstein : ce que les quatre films peuvent dire des Beatles en 2028

Hors du folklore, les Beatles sont aussi une entreprise qui a dû gérer la célébrité, l’argent, les querelles d’ego, la création sous pression – autant de thèmes contemporains. En 2028, raconter leur histoire en quatre points de vue, avec Epstein comme filigrane, peut parler à des spectateurs qui n’ont pas connu la Beatlemania. Au-delà des chansons, l’enjeu est de montrer comment un groupe tient – et comment il se défait – quand son cœur bat au rythme de la planète entière. C’est ce hors-champ que Norton aura la charge d’habiter : un homme qui organise, protège, imagine, et dont la disparition laisse un vide que nul ne comblera vraiment.

Ce que l’on sait, ce que l’on attend

À ce stade, l’essentiel est cadré : dispositif en quatre films, droits inédits octroyés par Apple Corps, sortie mondiale en avril 2028, casting principal dévoilé, Saoirse Ronan et Mia McKenna-Bruce dans l’entourage, et James Norton pressenti en Brian Epstein. Restent à confirmer officiellement les rôles clés encore en discussion (Pattie Boyd, Yoko Ono) et le calendrier serré d’une production appelée à s’étaler sur deux ans. Si Mendes parvient à tenir la ligne, l’année 2028 pourrait offrir aux salles un événement cinématographique à la mesure d’un mythe qui continue, soixante ans plus tard, de résonner comme au premier jour.


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