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L’influence méconnue de Fats Domino sur les Beatles

Publié le 18 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

L’influence de Fats Domino sur les Beatles, et particulièrement sur Paul McCartney, est souvent sous-estimée. Dès leurs débuts, le quatuor s’inspire du style boogie-woogie du pionnier du rock. En 1968, McCartney lui rend hommage avec Lady Madonna, un morceau influencé par son jeu de piano et sa voix traînante.


Lorsque l’on évoque les inspirations des Beatles, les noms de Chuck Berry, Bob Dylan ou encore Little Richard surgissent immédiatement. Cependant, l’influence d’un autre pionnier du rock ‘n’ roll, parfois sous-estimée, résonne tout au long de la carrière du quatuor de Liverpool : Fats Domino. Figure emblématique du rhythm and blues américain, il a su imprimer sa marque dans l’univers musical des Fab Four, en particulier dans la voix et le style de Paul McCartney.

Sommaire

Une révélation musicale partagée par les Beatles

Bien avant que les Beatles ne deviennent un phénomène mondial, Fats Domino était déjà une figure incontournable du rock et du blues. Son influence sur le jeune George Harrison est indéniable. C’est en écoutant « I’m in Love Again » qu’il a découvert le rock ‘n’ roll, un genre qui allait transformer son approche musicale. De son côté, John Lennon a fait ses premières armes sur la guitare en apprenant « Ain’t That a Shame ». Ces morceaux, parmi les préférés des jeunes musiciens britanniques, furent le ciment de leur passion commune pour la musique.

Lorsque les Beatles se sont formés, Domino était une référence partagée par tous les membres du groupe. Son style, un subtil mélange de boogie-woogie et de rhythm and blues, correspondait à l’énergie qu’ils cherchaient à insuffler à leur propre musique. L’admiration qu’ils lui portaient était ténuement liée à leur propre évolution artistique.

Une rencontre inoubliable à la Nouvelle-Orléans

La carrière des Beatles fut marquée par de nombreuses tournées à travers les états-Unis. En 1964, au sommet de leur gloire, ils enchaînèrent 25 villes en seulement 30 jours, une cadence effrénée qui ne les empêcha pas de rencontrer certains de leurs idoles. Lorsqu’ils firent escale à la Nouvelle-Orléans, ville natale de Fats Domino, l’opportunité était trop belle pour être manquée.

Interrogé plus tard sur cette rencontre, Fats Domino eut cette réponse malicieuse : « Non, ils sont venus me rencontrer. » Un trait d’esprit qui traduit bien la réalité de la situation. Alors que les Beatles étaient au sommet de leur gloire et considérés comme des icônes musicales, eux se voyaient encore comme de simples fans, subjugués par leurs héros.

« Lady Madonna » : l’imitation comme hommage

Quatre ans après cette rencontre, en 1968, l’époque des tournées effrénées était révolue et les Beatles s’étaient recentrés sur leur travail en studio. C’est dans ce contexte que Paul McCartney composa « Lady Madonna ». Loin des sonorités psychédéliques de « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band », ce morceau reprenait les racines du rock, en particulier le boogie-woogie qui faisait la signature de Fats Domino.

« C’était moi assis au piano, essayant d’écrire un truc bluesy, boogie-woogie, » expliqua McCartney en 1994. « Cela me faisait penser à Fats Domino, alors j’ai commencé à chanter en imitant sa voix. Cela a emmené ma voix dans un endroit très étrange. »

Difficile de ne pas entendre cette influence lorsque l’on écoute le titre. McCartney adopte un phrasé plus rauque, plus traînant que d’habitude, une manière subtile d’évoquer son modèle. Le résultat fut un succès immédiat. Ironiquement, Fats Domino lui-même réalisa une reprise de « Lady Madonna », fermant ainsi la boucle de l’inspiration musicale.

L’héritage indélébile de Fats Domino

Si « Lady Madonna » est l’exemple le plus manifeste de l’influence de Fats Domino sur Paul McCartney, ce dernier n’a jamais cessé d’être inspiré par les pionniers du rock. Les Beatles ont toujours revendiqué leur admiration pour les artistes noirs américains, dont la musique a largement contribué à façonner leur propre style.

L’hommage à Domino ne s’arrête pas là. Après le décès du chanteur en 2017, McCartney lui rendit hommage en publiant un message reconnaissant son impact sur sa carrière : « J’ai eu la chance de rencontrer Fats Domino à la Nouvelle-Orléans en 1964. C’était une grande inspiration pour moi et pour tant d’autres. Son style musical unique a résonné à travers le monde. »

L’histoire de la musique est faite de ces filiations invisibles, de ces artistes qui, sans le savoir, orientent la trajectoire de génies en devenir. Pour les Beatles, Fats Domino était plus qu’un modèle : il était un fil conducteur, un héritage revendiqué et une preuve que la musique est un langage universel, tissant des liens à travers les générations.


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