Magazine Conso

SUCCESSION suivi de SERENADES

Publié le 19 octobre 2025 par Lorraine De Chezlo

SUCCESSION suivi SERENADESd’Arnaud Cathrine 

Théâtre - 57 pages

Editions Actes Sud - septembre 2020

Dans Succession, un repas de famille intergénérationnel réunit grand-mère (Suzanne), parents et fille, la jeune personne. Certes, le frère est absent, mais ce moment sera l'occasion de voir s'exprimer les mécaniques à l'œuvre dans cette famille, les pouvoirs et ce qui à provoquer l'imperceptible révolte qui vient.... Dans Sérénades, une jeune femme les yeux et le cœur levés vers la demeure de l'être aimé, dévoile ses sentiments bouillants, en prose comme en vers...

Un très court recueil de deux pièces de théâtre. Je ne les ai pas vues, je n'ai pas lu Arnaud Cathrine depuis des années. J'aime retrouver la plume de celui qui se glisse à merveille dans la peau de ses personnages féminins. Un naturel pour faire dire des tranches de quotidien qui résonnent avec l'universel. Un lent processus de libération qui a parfois besoin de l'étincelle, comme celle que provoque Suzanne, femme mûre de Succession, donc libre des carcans et des bâillonnements, en sa petite fille. La révélation d'une possibilité de dire, de s'opposer au père, au mâle alpha de cette famille bien pensante.

Extrait :

"LE PÈRE. C'est qui "ils" ?

LA JEUNE PERSONNE. Je n'aime pas tellement l'idée que Hugues et Élisabeth soient fiers de moi.

LA MÈRE. Ah, maintenant, c'est Hugues et Elisabeth...

LE PÈRE. C'est pourtant le cas, ma chérie.

LA JEUNE PERSONNE. Je peux être fière de moi, ça oui. Mais quand quelqu'un est fier de nous, ça veut dire qu'on a fait ce qu'il attendait et non pas ce qu'on désirait le plus... Alors non, je n'aime pas tellement cette idée.

J'avais l'impression de leur parler néerlandais. Ou, sans doute, se défendaient-ils de ma tentative maladroite pour en arriver là où je comptais en venir ce soir.

LA MÈRE (à Suzanne). Mais c'est curieux... Cette disparition n'a pas l'air de vous... Je ne veux pas dire : vous atteindre.

Mon père lui a lancé un regard noir.

SUZANNE. Non, ne le dites pas.

LA MÈRE. C'est ça, je ne voudrais pas dire que ça ne vous atteint pas.

LE PÈRE. Élisabeth, tu n'as plus aucun filtre.

LA MÈRE. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.

SUZANNE. Je suis triste, Élisabeth. Mais vous savez, à mon âge, on connaît plus de morts que de vivants."

Dans Sérénades, c'est un cœur battant face à la solitude de l'amour non réciproque qui se fait entendre, qui hurle à la lune, qui lance sa prière en dévoilant les sentiments profonds, en osant des poèmes intenses, telle une  Juliette à un Roméo d'appartement.

Lire une pièce de théâtre est inhabituel, et certainement que l'intensité en serait décuplée en voyant le spectacle sur les planches. Une lecture qui sera assez éphémère dans mes souvenirs.

Mise en scène de Sérénades - Théâtre Montfort

Retour à La Une de Logo Paperblog