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« Beautiful Night » : La ballade de McCartney qui a failli ne jamais voir le jour

Publié le 20 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Sortie en 1997 sur Flaming Pie, « Beautiful Night » a connu un parcours chaotique avant d’atteindre sa version finale. Écrite en 1986, elle a été enregistrée plusieurs fois avant de trouver son équilibre grâce à Ringo Starr et Jeff Lynne. L’arrangement orchestral de George Martin sublime cette ballade nostalgique, marquant un moment fort de la carrière de McCartney. Malgré un succès modéré, elle reste un joyau apprécié des fans, immortalisant la complicité retrouvée entre McCartney et Starr.


Un morceau à l’histoire mouvementée

Sorti en 1997,Beautiful Nightest l’un des titres les plus marquants deFlaming Pie, le dixième album solo de Paul McCartney. Pourtant, cette chanson a connu un parcours atypique, jalonné d’échecs, de réécritures et de multiples tentatives d’enregistrement avant d’atteindre sa version définitive.

L’histoire deBeautiful Nightcommence bien avant les sessions deFlaming Pie. Paul McCartney compose cette ballade en 1986 et enregistre une première version à New York avec le producteur Phil Ramone. Il s’entoure alors de musiciens talentueux, dont des membres du groupe de Billy Joel. Malgré une base prometteuse, McCartney reste insatisfait du résultat, notamment en raison de paroles inachevées et d’un sentiment d’incomplétude.

Il retente sa chance en 1987 avec George Martin, légendaire producteur des Beatles, qui lui concocte un arrangement orchestral. Là encore, le résultat ne convainc pas totalement McCartney. Une troisième tentative en 1990 n’aboutit pas davantage. Il faudra attendre les sessions deFlaming Pieen 1996 pour queBeautiful Nighttrouve enfin sa forme définitive.

Le retour de Ringo Starr et la touche Jeff Lynne

L’enregistrement deBeautiful Nighten mai 1996 marque un moment particulier dans la carrière de Paul McCartney. Après des années de collaborations sporadiques, il retrouve son ancien complice des Beatles, Ringo Starr, à la batterie. Cet élément confère à la chanson une dimension nostalgique, renforcée par la production de Jeff Lynne, connu pour son travail avec Electric Light Orchestra et pour sa participation au projet des BeatlesAnthology.

Dans une interview pourClub Sandwichen 1997, McCartney raconte :

« J’ai toujours aimé cette chanson, et les gens qui avaient entendu une première version à New York l’aimaient aussi. Mais je sentais que nous n’avions pas encore atteint la bonne version. J’ai donc décidé de l’enregistrer avec Ringo. J’étais assis au piano, lui à la batterie. C’était un vrai plaisir de retravailler ensemble. »

L’osmose entre les deux musiciens se ressent immédiatement. Ringo, fidèle à son jeu unique et chaleureux, insuffle une énergie douce et fluide au morceau. La chanson s’achève sur une section plus rythmée et spontanée, une touche « très Beatle » selon McCartney.

Un arrangement orchestral signé George Martin

Si George Martin avait déjà tenté d’habillerBeautiful Nightd’un arrangement symphonique en 1987, c’est en 1997 que son travail prend tout son sens. L’enregistrement des cordes et des cuivres a lieu à Abbey Road sous la direction de David Snell. Cette orchestration somptueuse renforce le lyrisme du morceau, lui conférant une profondeur et une intensité émotionnelle remarquables.

McCartney, dans une interview pourBeatles Book Monthlyen 1998, évoque même une présence fantomatique :

« À la fin deBeautiful Night, on entend Ringo s’amuser, comme s’il jouait les videurs d’un club. C’est un truc qu’on faisait souvent avec les Beatles. Et si vous écoutez bien, il y a une voix qui sonne étrangement comme celle de John Lennon… »

Ce détail renforce le caractère nostalgique du morceau, qui devient ainsi une sorte de réunion fantasmée des Beatles.

Une sortie mitigée et une vidéo controversée

Le 15 décembre 1997,Beautiful Nightsort en single. Malgré une production raffinée et la présence de Ringo Starr, il n’obtient qu’un succès modéré, atteignant la 25e place des charts britanniques. Il est accompagné de plusieurs faces B, dontLove Come Tumbling Downet des extraits de l’émission radiophoniqueOobu Joobu.

Le clip, réalisé par Julien Temple, suscite la controverse. Tourné à Liverpool et Londres, il met en scène une jeune femme, Emma Moore, nageant nue dans la Mersey. Certaines chaînes de télévision exigent des coupes pour éviter la censure. Outre cette scène audacieuse, le clip met en avant un Paul McCartney entouré de jeunes musiciens et joue sur des effets spectaculaires, notamment des télévisions jetées du haut d’un immeuble.

Ce sera également la dernière apparition de Linda McCartney dans un clip musical avant son décès en 1998, rendant cette vidéo d’autant plus émouvante.

Un héritage durable

Bien queBeautiful Nightne soit pas un tube retentissant, elle est régulièrement saluée par les fans et les critiques comme l’un des joyaux cachés deFlaming Pie. Elle n’a été interprétée qu’une seule fois en live, lors d’une émission spéciale en 1997, mais sa présence sur la compilationPure McCartneyen 2016 confirme son importance dans la discographie de l’ex-Beatle.

Avec sa mélodie envoûtante, son orchestration somptueuse et la complicité retrouvée de McCartney et Starr,Beautiful Nightdemeure une œuvre intemporelle, témoin d’une époque où Paul McCartney, loin de la Beatlemania, continuait d’explorer et de perfectionner son art avec une passion intacte.


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