Au début des années 80, Ringo Starr, ancien batteur des Beatles, entame un renouveau artistique avec Old Wave. Marqué par la douleur du meurtre de John Lennon et l’échec de Stop and Smell the Roses, il s’installe à Tittenhurst Park pour enregistrer son nouvel album sous la houlette de Joe Walsh. Des sessions en Angleterre, en Californie et à Ascot réunissent Clapton, Entwistle et d’autres légendes. Malgré une créativité indéniable et une pochette nostalgique, l’album subit un échec commercial avant de renaître grâce aux fans fidèles. Son parcours incarne une quête de sens et d’authenticité. top!
Sommaire
- Un projet en quête de renouveau
- L’apport de Joe Walsh et une vision plus homogène
- Un enregistrement itinérant
- Une pochette ancrée dans le passé
- Une sortie chaotique et un échec commercial
- Une réhabilitation tardive
Un projet en quête de renouveau
Au début des années 80, Ringo Starr se trouve à la croisée des chemins. Après le succès mitigé de Stop and Smell the Roses en 1981, l’ancien batteur des Beatles se retrouve sans maison de disques. Le meurtre de John Lennon en décembre 1980 l’a bouleversé, et il tente de retrouver un cap artistique en s’installant définitivement à Tittenhurst Park, la demeure achetée à Lennon en 1973. C’est dans ce contexte qu’il décide de se recentrer sur la musique en préparant un nouvel album : Old Wave.
L’apport de Joe Walsh et une vision plus homogène
Contrairement à Stop and Smell the Roses, où plusieurs producteurs se partageaient les sessions, Ringo opte ici pour une direction plus cohérente en confiant l’intégralité de la production à Joe Walsh, ancien guitariste des Eagles. Les deux musiciens s’étaient liés d’amitié dans les années 70, et Walsh voit en cet album l’opportunité d’offrir à Starr une unité sonore plus marquée.
Les premières sessions d’enregistrement commencent en février 1982 aux Startling Studios, le studio personnel de Ringo à Tittenhurst Park. Entouré de musiciens prestigieux tels qu’éric Clapton, John Entwistle (The Who), Gary Brooker (Procol Harum) ou encore Chris Stainton, Ringo pose les bases d’un album où se mêlent rock classique, ballades et même quelques touches country et rhythm and blues.
Un enregistrement itinérant
L’album prend forme à travers plusieurs sessions étalées sur plusieurs mois. En mars 1982, l’équipe se déplace en Californie dans le studio personnel de Walsh à Santa Barbara. D’autres enregistrements ont lieu en avril à Ascot avant un retour aux Startling Studios entre mai et juin. Le mixage final est réalisé à Los Angeles en juillet 1982.
L’un des morceaux les plus intrigants de l’album, As Far As We Can Go, possède une histoire particulière. Il s’agit d’un titre initialement enregistré en 1978 à Copenhague. Joe Walsh décide d’en conserver uniquement la voix de Ringo et d’enregistrer de nouvelles parties instrumentales avec un son modernisé par l’utilisation des synthétiseurs.
Un autre titre, Everybody’s In A Hurry But Me, naît d’une session improvisée avec Clapton, Entwistle et le percussionniste Ray Cooper. Ce jam spontanné apporte une touche organique et décontractée à l’album, fidèle à l’esprit de Ringo.
Une pochette ancrée dans le passé
Visuellement, Old Wave marque une rupture avec les collaborations précédentes de Ringo. Il abandonne les services du célèbre designer John Kosh et confie la direction artistique à Jeff Lancaster. La pochette présente une photo de Ringo prise dans un photomaton du nord de l’Angleterre avant même qu’il ne rejoigne les Beatles. Un clin d’œil nostalgique à une époque précédant la gloire.
Une sortie chaotique et un échec commercial
Ringo pensait avoir trouvé un label avec Boardwalk, mais le décès de son patron Neil Bogart laisse le projet sans distributeur. Old Wave finit par paraître chez Bellaphon en Allemagne le 16 juin 1983 et chez RCA Canada le 24 juin. Il est également distribué en Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Pays-Bas, Brésil et Mexique, mais n’obtient aucun contrat aux états-Unis ni au Royaume-Uni.
Malgré le soutien d’artistes renommés et une production soignée, l’album est un échec commercial retentissant. Le single In My Car, sorti en Allemagne avec As Far As We Can Go en face B, passe totalement inaperçu. Un deuxième single, I Keep Forgettin’, tente sa chance au Mexique mais ne suscite pas davantage d’intérêt. Sans diffusion aux états-Unis ni en Angleterre, Old Wave ne parvient pas à trouver son public.
Cet échec plonge Ringo dans une période de silence discographique. Il ne sortira pas d’autre album studio avant Time Takes Time en 1992, marquant un hiatus de presque dix ans.
Une réhabilitation tardive
Avec le temps, Old Wave a trouvé une place dans le cœur des fans de Ringo Starr et des collectionneurs de rock. En 1989, quatre morceaux de l’album figurent sur la compilation Starr Struck: Best of Ringo Starr, Vol. 2. L’album est réédité en CD en 1994 par le label The Right Stuff, accompagné de la version originale de As Far As We Can Go en bonus.
En 2022, l’album ressort en vinyle coloré lors du Record Store Day, accompagné de Ringo the 4th. Cette réédition permet à une nouvelle génération de fans de découvrir cet album longtemps négligé.
Old Wave demeure un album attachant, témoin d’une époque charnière pour Ringo Starr. Malgré son échec initial, il constitue une tentative sincère de renouveau artistique et un passage clé dans la carrière post-Beatles du batteur. Avec ses compositions solides, ses arrangements soignés et sa production énergique signée Joe Walsh, il mérite sans doute une réévaluation plus juste au sein du catalogue de Ringo Starr.
