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This Song : quand George Harrison tourne son procès en dérision

Publié le 28 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Après le succès de My Sweet Lord, George Harrison est accusé de plagiat et condamné en 1976. En réponse, il compose This Song, une satire ironique sur l’absurdité du procès. Avec un clip burlesque et un texte mordant, il tourne en dérision l’affaire qui a marqué sa carrière. Malgré les tensions judiciaires, il transforme l’épreuve en un témoignage musical mémorable.


Lorsqu’en 1970, les Beatles se séparent définitivement, George Harrison embrasse pleinement sa carrière solo. Après des années dans l’ombre du duo Lennon-McCartney, il est prêt à montrer au monde l’étendue de son talent de compositeur. Son premier album post-Beatles,All Things Must Pass, marque l’histoire avec des morceaux tels queMy Sweet Lord, qui lui vaut d’ailleurs le premier numéro un des charts pour un ex-Beatle. Cependant, ce triomphe ne se fait pas sans heurts, puisque la chanson devient rapidement le centre d’une bataille judiciaire qui hantera Harrison pendant plusieurs années.

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My Sweet Lordet l’ombre du plagiat involontaire

Sortie en 1970,My Sweet Lordest un succès retentissant, mais l’euphorie est de courte durée. En 1971, la maison d’édition musicale Bright Tunes Music Corporation l’accuse de plagiat, affirmant que la chanson est trop similaire au tube des Chiffons,He’s So Fine(1963). L’affaire traîne pendant des années avant de culminer en 1976, lorsqu’un juge américain reconnaît Harrison coupable de « plagiat inconscient ». Il est condamné à payer des dommages et intérêts, ce qui alimente en lui une certaine amertume vis-à-vis du système judiciaire et de l’industrie musicale.

This Song: la réponse pleine d’ironie de George Harrison

Face à cette mésaventure juridique, George Harrison choisit de répondre avec humour plutôt qu’avec rancune. Il composeThis Song, une parodie mordante de l’affaire, qu’il sort en 1976 comme premier single de son albumThirty Three & 1/3. Le titre est une déclaration ironique sur la paranoïa qui l’habite désormais lorsqu’il écrit de la musique.

Dès les premières paroles, Harrison tourne en dérision la situation :« This song has nothing tricky about it, this song ain’t black or white and as far as I know, don’t infringe on anyone’s copyright ».Le message est clair : il veut éviter tout risque de procès en déclarant, avec humour, que cette chanson est totalement originale.

Un clip satirique et une brochette d’invités

Pour accompagnerThis Song, Harrison réalise un clip vidéo burlesque qui parodie une salle d’audience. On y voit un juge excentrique et des avocats caricaturaux, incarnant la folie du procès qu’il a dû subir. Parmi les invités figurent des amis de George, dont Ronnie Wood des Rolling Stones et le chanteur Harry Nilsson. Ensemble, ils donnent à la vidéo un ton léger et moqueur, contrastant avec l’absurdité de la situation juridique qui a inspiré la chanson.

L’ironie d’une affaire interminable

Bien queThis Songserve d’exutoire humoristique, l’affaireMy Sweet Lordne s’arrête pas là. Après la décision du tribunal en 1976, l’ancien manager des Beatles, Allen Klein, envenime les choses en rachetant Bright Tunes Music Corporation, ce qui entraîne de nouvelles complications judiciaires. L’affaire ne trouve une résolution finale qu’en 1981, après plus d’une décennie de tensions juridiques.

Harrison et la question du plagiat en musique

George Harrison n’a jamais caché son incompréhension face à l’affaireMy Sweet Lord, estimant que les ressemblances musicales entre chansons étaient inévitables. Dans son autobiographieI Me Mine(1980), il écrit :« Je ne comprends toujours pas pourquoi les tribunaux ne sont pas remplis de cas similaires, puisque 99% de la musique populaire ressemble à quelque chose d’autre. »Une déclaration qui soulève un débat toujours actuel sur la frontière entre l’inspiration et le plagiat.

L’héritage deThis Song

Avec le recul,This Songreste un témoignage brillant de la résilience et de l’humour de George Harrison. Si l’épisode judiciaire deMy Sweet Lorda été un fardeau, il en a tiré une leçon précieuse sur l’absurdité de certaines pratiques dans l’industrie musicale. Son ironie subtile et son talent de parolier en font un morceau unique dans son répertoire, et une réponse cinglante à un procès qui aurait pu étouffer sa créativité.

Aujourd’hui encore,This Songrésonne comme un pied de nez à un système parfois absurde, tout en rappelant le génie et la malice de l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle.


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