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Come Together : le cri funk et politique de John Lennon

Publié le 29 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lorsqu’on évoque Abbey Road, album emblématique des Beatles sorti en 1969, un titre s’impose d’emblée dans l’imaginaire collectif : Come Together. Pièce d’ouverture hypnotique, ce morceau est l’un des plus puissants du quatuor de Liverpool. Conçu initialement par John Lennon comme une chanson de campagne pour Timothy Leary, le titre deviendra bien plus qu’un simple slogan politique. Entre influences blues et funk, paroles cryptiques et un enregistrement décisif, Come Together symbolise à lui seul la fin de l’odyssée Beatles.

Sommaire

Une genèse militante et controversée

L’histoire de Come Together commence bien loin des studios d’Abbey Road. Lors du Bed-In de John Lennon et Yoko Ono à Montréal, le 1er juin 1969, le couple rencontre Timothy Leary, psychologue, activiste pro-LSD et fervent opposant à Ronald Reagan. Leary souhaite se présenter au poste de gouverneur de Californie avec le slogan « Come together, join the party ». Enthousiaste, Lennon propose de lui composer un hymne. Mais la carrière politique de Leary sera de courte durée : il est arrêté et condamné pour possession de cannabis.

Restant avec une idée en suspens, Lennon transforme alors l’ébauche en un morceau personnel, séduisant par son atmosphère pesante et son groove lancinant.

Une composition sous influence

Musicalement, Come Together puise largement dans le rythm and blues. Lennon s’inspire notamment de Chuck Berry et de son titre You Can’t Catch Me (1956), dont il reprend la phrase d’ouverture : « Here come old flat-top ». Cette référence assumée vaudra d’ailleurs à Lennon une poursuite judiciaire de la part de l’éditeur Morris Levy, se soldant par un arrangement amiable et la promesse d’enregistrer plusieurs chansons du catalogue Berry, ce qu’il fera en 1975 avec l’album Rock ‘N’ Roll.

Mais Come Together ne se limite pas à un simple hommage blues. McCartney propose de ralentir la cadence et d’adopter un tempo plus lourd, plus « marécageux » (« swampy »), accentuant ainsi l’aspect hypnotique du morceau. Il y pose une ligne de basse reconnaissable entre mille, devenue une référence absolue et très souvent samplée.

L’enregistrement en studio : un chef-d’œuvre d’expérimentation

L’enregistrement de Come Together commence le 21 juillet 1969 aux studios Abbey Road sous la houlette de George Martin. Après huit prises, la sixième est retenue comme base de travail. Lennon assure le chant principal et accompagne sa performance de claquements de mains et de tambourin. McCartney joue la ligne de basse et l’orgue électrique, tandis que Harrison alterne entre guitare solo et rythmique. Starr, lui, pose une batterie discrète mais essentielle, marquée par des roulements subtils et un jeu de cymbales en contretemps.

Une particularité du mixage vient du traitement du chant de Lennon : son timbre est passé dans une réverbe éthérée, donnant une impression d’intimité et de distance à la fois. Quant au fameux « Shoot me » du couplet, le « me » est étouffé par une note de basse, laissant planer une ambiguïté volontaire. Certains y voient une référence à l’héroïne, addiction que Lennon combat alors.

Un succès et une censure

Come Together sort le 6 octobre 1969 en face A du single à double titre avec Something de George Harrison. Aux États-Unis, il atteint directement la première place du Billboard Hot 100 et reste classé pendant 16 semaines. En revanche, en Angleterre, il ne dépasse pas la quatrième place, notamment à cause d’une interdiction de diffusion sur la BBC, qui considère que la phrase « He shoot Coca-Cola » constitue un placement de produit inacceptable.

Un testament musical et politique

Au-delà de son succès, Come Together marque un tournant dans l’histoire des Beatles. C’est l’un des derniers morceaux où l’alchimie du groupe fonctionne encore, bien que l’on sente les tensions. McCartney regrettera d’ailleurs de ne pas avoir assuré plus de chœurs aux côtés de Lennon, ce qui était autrefois leur signature vocale.

Le morceau reste aujourd’hui une référence absolue, repris par de nombreux artistes, de Michael Jackson à Aerosmith, et continue d’exercer son influence, notamment dans le hip-hop et la musique électronique. Son riff de basse, son groove lancinant et son atmosphère électrique en font l’un des titres les plus immortels du répertoire des Beatles.

Ainsi, bien plus qu’un simple slogan politique recyclé, Come Together demeure un hymne intemporel à la cohésion, à l’hypnose musicale et à la magie de quatre musiciens au sommet de leur art.


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