Enregistrée en une seule prise en octobre 1964 pour l’album Beatles For Sale, la chanson Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! illustre à merveille la passion des Fab Four pour le rock ‘n’ roll américain. Il s’agit d’un des morceaux les plus électrisants du groupe, porté par la voix survoltée de Paul McCartney, qui rend ici un vibrant hommage à Little Richard.
Sommaire
- Une chanson venue d’Amérique
- Les Beatles et Little Richard : une admiration mutuelle
- Un retour en force en 1964
- Un enregistrement spontané et explosif
- Des performances en public et à la BBC
- L’héritage de « Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! »
Une chanson venue d’Amérique
L’histoire de Kansas City remonte à 1952, lorsque Jerry Leiber et Mike Stoller composent ce titre qui sera initialement enregistré sous le nom de KC Lovin’ par Little Willie Littlefield. Ce n’est qu’en 1959 que Wilbert Harrison en fait un véritable succès sous son titre définitif. Dès lors, la chanson devient un standard du rhythm and blues, repris par de nombreux artistes, dont Little Richard.
La particularité de la version de Little Richard, sortie en 1958, est qu’elle est intégrée dans un medley avec son propre titre Hey-Hey-Hey-Hey!. Cette fusion crée un morceau survolté, à l’énergie brute, qui ne pouvait que séduire les Beatles, alors jeunes musiciens avides d’absorber l’essence du rock ‘n’ roll.
Les Beatles et Little Richard : une admiration mutuelle
Lors de leurs débuts, les Beatles reprennent de nombreux standards du rock américain, intégrant Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! à leur répertoire scénique dès 1962. Ce choix n’a rien d’anodin : Paul McCartney, grand admirateur de Little Richard, est capable de reproduire son chant puissant et éraillé, ce qui lui permet d’imiter le cri légendaire de la star américaine.
C’est en octobre 1962 que les Beatles rencontrent leur idole à deux reprises : d’abord en Angleterre, puis au Star-Club de Hambourg. Little Richard et le groupe deviennent alors amis, et l’influence du pionnier du rock sur le jeu vocal de McCartney se renforce encore davantage.
Un retour en force en 1964
Bien que délaissé par les Beatles dès 1963, Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! refait une apparition spectaculaire dans leur setlist lors de leur première tournée américaine. Le 17 septembre 1964, les Beatles se produisent au Municipal Stadium de Kansas City devant une foule en délire. Leur interprétation de la chanson suscite une ovation si intense qu’ils décident de l’enregistrer en studio quelques semaines plus tard.
C’est ainsi que, le 18 octobre 1964, alors qu’ils manquent de compositions originales pour leur quatrième album Beatles For Sale, ils réenregistrent ce titre emblématique. En une seule prise, le groupe délivre une version survoltée, fidèle à leur énergie scénique.
Un enregistrement spontané et explosif
L’enregistrement de Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! témoigne de l’efficacité redoutable des Beatles en studio. Paul McCartney s’empare du micro avec une puissance vocale impressionnante, tandis que John Lennon et George Harrison assurent des harmonies percutantes. George Martin, leur producteur, ajoute du piano pour renforcer l’intensité du morceau.
Ce titre marque l’un des moments les plus marquants de l’album Beatles For Sale, souvent critiqué pour son ton mélancolique et ses nombreuses reprises. Mais ici, les Beatles montrent qu’ils n’ont rien perdu de leur fougue.
Des performances en public et à la BBC
Si le groupe ne joue plus souvent la chanson en concert après 1964, il l’interprète plusieurs fois pour la BBC. Leur première version enregistrée pour Pop Go The Beatles en juillet 1963 est publiée en 1994 sur Live At The BBC. Trois autres enregistrements suivent en 1964, prouvant à quel point ce titre restait un incontournable de leur répertoire radiophonique.
En 1995, un second enregistrement studio inédit de la chanson est publié sur Anthology 1, offrant une nouvelle perspective sur ce classique.
L’héritage de « Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! »
L’interprétation des Beatles a non seulement honoré l’héritage du rock ‘n’ roll américain, mais elle a aussi consolidé leur propre statut de passeurs du genre. Paul McCartney, toujours passionné par ce titre, enregistre une version solo en 1987 pour son album Choba B CCCP, preuve que cette chanson reste indissociable de son identité musicale.
Aujourd’hui encore, Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey! demeure un témoignage éclatant de l’amour des Beatles pour la musique noire américaine et leur capacité à se l’approprier avec brio.
