La mort, la faim de toutes choses, l'impossibilité d'avancer, les pas qui refusent de marcher, la vision floue, les subterfuges pour échapper à la lumière.
Ensuite, le trop-plein de trop-peu.
Les troupes à moindre coût.
Et le gel... qui se réchauffe.
Les feuilles brunies, vrombissantes, glissantes,
la cage aux oiseaux,
rien de tout cela ne me concerne.
Pourtant j'y pense, sans malice, sans ironie,
je regarde le flux des événements et je préfère mon petit sentier qui se referme sur lui-même, qui tourne en boucle, telle une chanson qui jamais ne voudrait s'arrêter. Une rengaine réinventée à l'infini.
Un négatif qui refuse de se développer et qui pour toujours garde en son for l'image enfouie.
L'image d'un bonheur jamais ressenti, toujours pressenti.
Un bonheur fugace, un bonheur serpent qui glisse entre les mains.
Les jours qui succèdent aux jours qui ne sont jamais que des jours, des intervalles entre les nuits, des yeux qui s'ouvrent pour mieux se refermer.
Et la voiture qui tourne en rond dans une ville somnolente, où chacun compte ses petits sous, où chacun s’adonne à son petit boulot administratif comptable tertiaire
ses petites huit heures au compteur,
sa satisfaction tranquille de la tâche accomplie.
Moi aussi, j’ai cru.
Moi aussi, je me suis retrouvé, comme les autres, sur la promenade de la plage, contemplant le coucher du soleil et m’exclamant c’est magnifique.
Cherchant l’idéal, je me croyais spécial.
Je n’étais qu’un mollusque, un être mou, livré aux marées,
pareil aux autres organismes,
contemplant la même chose, les mêmes couleurs, en silence,
ruminant la vacuité de mon être face à l’immensité de l’univers.
Tous nous portons le mystère du monde.
Mais tous nous ne sommes que mesquins et minuscules,
affichant une apparence solide, mais remplis de fêlures à l’intérieur - un château de cartes prêt à s’effondrer.
Nous sommes pris au piège entre passé et futur.
Nous sommes la cage.
Notre propre cage.

