C’est un film assez étrange que j’ai vu dans le cadre du festival du film italien de Villerupt. La Città Proibita, de Gabriele Mainetti. Étrange parce que c’est un objet un peu hybride, assez original, qui mélange plusieurs genres : le film de kung-fu, la comédie à l’italienne, voire la tragi-comédie à l’italienne. Et au passage, il glisse aussi un regard sociologique sur l’Italie actuelle, sur cette société multiethnique qui se construit. Dans certains quartiers de Rome se croisent Asiatiques, Africains, Indiens et Italiens, et le film s’amuse de ça, en joue, le montre sans discours pesant.
C’est

du cinéma pur jus : le réalisateur s’éclate comme un gamin, et il entraîne le spectateur avec lui.
Il y a toute une série de bagarres tellement violentes qu’elles en deviennent drôles. Des confrontations chorégraphiées, très bien mises en scène, où l’on sent qu’il prend plaisir à pousser les choses jusqu’à l’excès. On est clairement dans l’exagération, dans le presque-cartoon, dans la quasi-parodie.
Mais il y a quand même du cœur. Parce que le film bascule régulièrement dans des moments de sentiment, d’émotion, d’amour, de nostalgie — la nostalgie d’une Italie plus loquace, plus théâtrale, plus vivante.
Et en même temps, il raconte aussi une Italie nouvelle, plus ouverte, où chacun peut trouver sa place, peu importe son origine.
Tandis que l’Italie plus vieille, plus rance, plus fermée, disparaît en arrière-plan.
Tout cela est en filigrane dans une histoire de vengeance complètement décalée, avec une héroïne Xiao Mei revisitant Uma Thurman , et face à elle, un jeune cuisinier italien qui manie les sauces maison de façon virtuose..
Il y a des moments franchement grandiloquents. Et ça fonctionne. Parce qu’on ne s’ennuie jamais.
Même quand les invraisemblances s’accumulent, elles sont tellement assumées qu’on finit par entrer dans le jeu.
On est presque dans du Tex Avery, mais en version romaine.
Au final, c’est un objet bizarre, étrange, mais jouissif.
Un film qui ne ressemble à rien d’autre.
Et surtout, un réalisateur qui prend vraiment au sérieux la création d’ambiances : Rome est présente dans ses recoins, ses couleurs, ses lieux, ses marges — et tout cela est vraiment bien tenu.
Alors oui, on lui pardonne sans problème les excès, les facilités, les ressemblances.
Parce qu’on a vu du vrai cinéma-spectacle, un cinéma qui ne se prend pas au sérieux, mais qui est fait avec beaucoup de sérieux.
Et rien que pour ça, franchement : je recommande.
