Magazine Culture

« Honey Don’t » : l’empreinte rockabilly des Beatles

Publié le 04 novembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lorsque les Beatles enregistrent « Honey Don’t » en 1964 pour l’album Beatles For Sale, ils ne font pas que reprendre un titre de Carl Perkins : ils inscrivent leur passion pour le rockabilly dans leur propre légende. Ce morceau, interprété par Ringo Starr, est l’un des nombreux hommages du groupe à la musique américaine qui les a tant inspirés. À travers cette chanson, les Fab Four rendent justice à un classique du genre tout en y apposant leur signature unique.

Sommaire

L’héritage de Carl Perkins et le choix des Beatles

« Honey Don’t » est l’un des joyaux du répertoire de Carl Perkins, maître incontesté du rockabilly, qui l’avait publié en face B de son emblématique « Blue Suede Shoes » en 1956. À Liverpool, dans les années 50 et 60, ce morceau faisait partie des standards joués par la plupart des groupes aspirant à capturer l’essence de la musique américaine.

John Lennon était le premier à chanter « Honey Don’t » dans les concerts des Beatles au début des années 60. Cependant, en studio, la chanson devient le « moment Ringo » de Beatles For Sale, un album enregistré dans l’urgence et imprégné d’influences country et rock’n’roll. Comme l’explique Paul McCartney :

« Nous n’avons pas écrit celle-là non plus. C’est le solo de Ringo, un morceau simple et doux qu’il gère aussi bien au chant qu’à la batterie. » (Disc, 14 novembre 1964)

Ringo, de son côté, était ravi d’obtenir son propre moment vocal sur l’album :

« Nous connaissions tous ‘Honey Don’t’ ; c’était l’un de ces morceaux que tous les groupes de Liverpool jouaient. J’adorais la country et le rockabilly. J’avais déjà chanté sur scène avec Rory Storm, donc ce n’était pas nouveau pour moi. Avec les Beatles, il s’agissait surtout de trouver des morceaux qui me convenaient. » (Anthology)

Un enregistrement en toute simplicité

Le 26 octobre 1964, alors que Beatles For Sale touche à sa fin, les Beatles enregistrent « Honey Don’t » en cinq prises aux studios EMI d’Abbey Road, sous la supervision de George Martin et de l’ingénieur du son Norman Smith.

Musicalement, la chanson reste fidèle à l’originale, mais la version des Beatles possède une énergie brute et une fraîcheur typique du groupe. George Harrison brille avec des solos de guitare impeccables, tandis que Ringo s’amuse à ponctuer le morceau de phrases spontanées, comme « Rock on, George, one time for me ! », ajoutant une touche d’humour et de complicité.

La formation sur l’enregistrement est la suivante :

  • Ringo Starr : chant et batterie
  • John Lennon : guitare acoustique 12 cordes et tambourin
  • Paul McCartney : basse
  • George Harrison : guitare solo

Un titre emblématique des prestations live des Beatles

Avant d’être gravée sur Beatles For Sale, « Honey Don’t » faisait déjà partie du répertoire scénique des Beatles. On trouve notamment une version enregistrée le 1er août 1963 pour l’émission Pop Go The Beatles, avec John Lennon au chant, disponible sur Live At The BBC. Plus tard, Ringo la reprend en live à plusieurs reprises, notamment lors de la tournée On Air – Live At The BBC Volume 2.

Le morceau fait également partie du concert-hommage à George Harrison, Concert for George, en 2002 au Royal Albert Hall, où Ringo Starr interprète « Honey Don’t » en souvenir de leur amour commun pour Carl Perkins.

L’influence durable de « Honey Don’t »

« Honey Don’t » n’a pas seulement marqué les Beatles. Son influence s’étend bien au-delà, avec de nombreuses reprises par des artistes aussi variés que Wanda Jackson, Johnny Rivers, T. Rex ou encore Billy « Crash » Craddock. Même John Lennon, en solo, l’enregistre dans les années 70, réaffirmant son attachement à ce standard du rockabilly.

Par ailleurs, l’empreinte laissée par Carl Perkins sur les Beatles ne se limite pas à « Honey Don’t ». Des titres comme « Matchbox » ou encore « Everybody’s Trying to Be My Baby » ont également trouvé leur place dans le répertoire du groupe, preuve de l’admiration qu’ils vouaient à ce pionnier du rock’n’roll.

Une chanson simple, un héritage immense

Si « Honey Don’t » n’est pas le morceau le plus révolutionnaire des Beatles, il symbolise néanmoins l’importance du rockabilly dans leur parcours musical. C’est une chanson qui illustre la diversité de leurs influences, leur capacité à réinterpréter des classiques et surtout, à offrir à Ringo Starr une place bien méritée sur Beatles For Sale.

Encore aujourd’hui, cette reprise des Beatles continue de fasciner les amateurs de rock’n’roll et de rockabilly, rappelant que parfois, la simplicité d’un bon morceau suffit à traverser les décennies.


Retour à La Une de Logo Paperblog