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John Lennon et Eric Clapton : une admiration musicale sans limites

Publié le 06 novembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

John Lennon admirait profondément Eric Clapton, au point d’envisager de l’intégrer aux Beatles en 1969. Leur collaboration s’est concrétisée à travers des performances mémorables, comme le Toronto Rock and Roll Revival avec le Plastic Ono Band. Lennon voyait en Clapton bien plus qu’un virtuose : un véritable alter ego musical, avec qui il partageait une vision novatrice du rock et de la scène.


John Lennon demeure l’une des figures les plus influentes de la musique contemporaine. Son parcours, depuis les faubourgs ouvriers de Liverpool jusqu’à l’apogée de la culture populaire mondiale, est un témoignage saisissant de son talent et de son ingéniosité. Mais au-delà de son aura quasi mythologique, Lennon était aussi un homme en quête d’inspiration, nourri par l’admiration qu’il portait à d’autres artistes. Parmi eux, un nom se distingue : Eric Clapton.

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Une admiration profonde pour « Slowhand »

S’il est bien connu que John Lennon appréciait Chuck Berry, qu’il qualifiait de « rock and roll incarné », c’est pourtant Eric Clapton qui semble avoir occupé une place particulière dans son panthéon personnel. Clapton, surnommé « Slowhand » pour son style fluide et maîtrisé, était alors en pleine ascension grâce à son travail avec Cream, le premier supergroupe du rock. Son jeu de guitare virtuose et émotionnel semblait résumer à la perfection l’essence du blues et du rock britannique des années 1960.

Pour Lennon, Clapton n’était pas simplement un guitariste exceptionnel. Il était un artiste capable de transcender la technique pour exprimer une véritable souffrance, une rébellion à laquelle il pouvait s’identifier. Ce respect profond s’est manifesté par une volonté répétée de collaborer avec lui.

Un plan avorté pour intégrer Clapton aux Beatles

En janvier 1969, The Beatles étaient en pleine période de tensions internes. George Harrison, lassé des conflits avec Paul McCartney et agacé par le désintérêt apparent de John Lennon, quitta brièvement le groupe. Ce départ soudain mit le groupe face à une réalité inconfortable : était-il envisageable de continuer sans l’un de leurs membres fondateurs ?

Lennon, plutôt que de supplier Harrison de revenir, envisagea une solution radicale. Il suggéra de remplacer George par Eric Clapton. Dans un échange avec le réalisateur Michael Lindsay-Hogg durant les sessions de « Let It Be », Lennon déclara : « Si George ne revient pas d’ici lundi ou mardi, on demande à Eric Clapton de jouer. On devrait juste continuer comme si de rien n’était. »

Cette idée ne vit jamais le jour, car Harrison réintégra le groupe douze jours après son départ. Néanmoins, cette réaction de Lennon témoigne de l’estime qu’il portait à Clapton, le jugeant suffisamment talentueux pour intégrer un groupe au prestige égalé.

Une collaboration en dehors des Beatles

Même si Clapton ne devint jamais un membre officiel des Beatles, il collabora avec eux à plusieurs reprises. Il est notamment l’auteur du solo de guitare mythique sur « While My Guitar Gently Weeps », enregistré à la demande de son ami George Harrison. Mais l’ambition de Lennon allait bien au-delà de simples contributions ponctuelles.

Dans une lettre poignante de huit pages, Lennon tenta de convaincre Clapton de le rejoindre pour une aventure musicale inédite avec le Plastic Ono Band. Il lui écrivit : « J’ai/nous avons toujours admiré ta musique et suivi avec attention ce que tu faisais. J’ai vraiment le sentiment que nous pouvons faire ressortir le meilleur de toi. »

Lennon évoquait une vision artistique audacieuse, dépassant les concerts traditionnels : « Nous avons plusieurs idées « révolutionnaires » pour présenter des spectacles qui impliquent totalement le public, et pas seulement comme des « superstars » perchées sur une scène pour bénir la foule. Mais c’est un autre sujet pour une autre lettre. »

Clapton et Lennon sur scène : une alchimie palpable

Si Clapton ne rejoignit pas officiellement Lennon dans un projet permanent, les deux hommes jouèrent ensemble à plusieurs occasions. En 1968, ils fondèrent le supergroupe éphémère The Dirty Mac avec Keith Richards et Mitch Mitchell, le temps d’une prestation explosive pour l’émission « The Rolling Stones Rock and Roll Circus ».

En 1969, Lennon fit appel à Clapton pour un projet encore plus ambitieux : un concert avec le Plastic Ono Band à Toronto, baptisé « Concert for Peace ». Cet événement marqua un tournant, car c’était l’une des premières performances live de Lennon sans les Beatles. Clapton, au sommet de son talent, y déploya un jeu de guitare brûlant, accompagnant Lennon dans des interprétations fiévreuses de « Cold Turkey » et « Yer Blues ».

Clapton joua également un rôle crucial dans la genèse de « Cold Turkey », chanson brutale inspirée par la dépendance de Lennon à l’héroïne. L’interaction entre les deux musiciens, aussi bien en studio que sur scène, était chargée d’intensité et d’une connivence artistique rare.

Deux légendes aux destins différents

Bien que Lennon et Clapton aient souvent été sur la même longueur d’onde musicalement, leurs trajectoires ont fini par diverger. Clapton poursuivit une carrière prolifique en solo, tandis que Lennon s’orienta vers des projets plus engagés et introspectifs avec Yoko Ono.

Nul ne saura jamais à quoi aurait ressemblé un groupe où Lennon et Clapton auraient été pleinement investis. Mais ce qui est certain, c’est que pour Lennon, Clapton était bien plus qu’un guitar hero : il était un alter ego musical, un complice capable de transcender la simple virtuosité pour toucher à l’essence même du rock.


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