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Sur les chemins du monde

Publié le 07 novembre 2025 par Adtraviata
chemins monde

Quatrième de couverture :

Printemps 1919. La terre entière a les yeux rivés sur Paris. C’est en effet là que se tient la Conférence de la paix, où vont se négocier tous les traités entre vainqueurs et vaincus de la Première Guerre mondiale. Des empires disparaissent, des États sont créés, le monde se redessine. Dans ce contexte éprouvant, la communauté diplomatique britannique a besoin de tout sauf d’un scandale… Et pourtant, un de ses membres éminents, Sir Henry Maxted, est retrouvé mort à Montparnasse, après avoir chuté du toit de l’immeuble de sa maîtresse. Si tout est fait pour étouffer l’affaire, c’est compter sans James Maxted, le fils de Sir Henry, bien décidé à faire toute la lumière sur cet étrange accident. Mais à ce moment crucial de l’Histoire, où les enjeux et les intérêts sont immenses, il va lui être difficile de savoir à qui il peut faire confiance. D’autant plus qu’il lui apparaît bien vite que la mort de son père dépasse largement la simple histoire d’adultère…

Ce gros roman de 519 pages est le deuxième de mon abonnement à la librairie Au Temps Lire et je dois dire qu’à chaque fois, les libraires ont tapé juste pour me combler. C’est aussi le premier tome d’une trilogie annoncée par Robert Goddard, la Trilogie du monde, et c’est donc un tout petit peu frustrant de devoir abandonner notre héros à un tournant crucial de sa recherche et même de son existence. Mais ce fut un réel plaisir de faire la connaissance de James Maxted, dit Max, et de l’accompagner à Paris pour faire toute la lumière sur la mort de son père, Sir Henry Maxted, un diplomate à la retraite appelé à la Conférence de la Paix en raison des connaissances accumulées au long de sa carrière, notamment au Japon et au Brésil. Les autorités sont pour le moins ennuyées et évasives quant aux circonstances de sa mort et très vite, au grand dam de son frère aîné Ashley (le nouveau Sir Maxted) pressé d’étouffer le scandale, Max se rend compte que son père n’a pas fait une chute mortelle mais a été assassiné, poussé du haut du toit de l’immeuble de sa maîtresse. Celle-ci est elle-même la veuve d’un espion français qui a retourné sa veste en faveur des « bolcheviques » maintenant au pouvoir en Russie. Autour de la Conférence, gravitent de multiples diplomates mais aussi, Max le comprendra au cours de ses « aventures » parisiennes, des espions infiltrés liés au réseau d’espionnage du Kaizer, le vaincu de la guerre 14-18. En voulant trouver le ou les assassins de son père, Max se met en danger mais rien ne pourrait empêcher l’ancien pilote de guerre, un rien tête brûlée, d’atteindre l’objectif qu’il s’est fixé. Il sera aidé par son ancien mécanicien, Sam Twentyman, avec qui il espérait ouvrir une école de pilotage, par l’agent Appleby (des services secrets britanniques) et discrètement soutenu par sa mère, Lady Maxted, qui préfère connaître elle aussi la vérité sur la mort de son mari. Max trouve-t-il l’assassin de son père ? Vous le saurez en lisant le livre, bien sûr, mais un grand secret, sans doute lié à sa carrière passée, semble avoir guidé les actes – apparemment troublants, voire choquants – de Sir Henry à Paris et on a hâte de le découvrir dans les épisodes à venir.

De Robert Goddard je n’ai lu que Par un matin d’automne (non chroniqué ici), dont je n’ai pas de souvenir précis mais que j’ai apprécié. Ici aussi, comme souvent, si j’ai bien compris, il mêle un épisode de la Grande Histoire, solidement documenté, à un destin individuel romancé, et il y réussit très bien. Il parvient à nous rendre son héros très sympathique et, même si je n’ai pas tout bien retenu des péripéties, j’ai été assez impressionnée par cette pléthore de diplomates, d’agents secrets qui se bousculent et se tirent dans les pattes à Paris, par la prudence avec laquelle doit oeuvrer le tout récent service d’espionnage anglais. Il y a de l’action, de l’Histoire dans une histoire bien menée, des personnages intéressants, y compris les personnages secondaires, du suspense et j’espère ne pas attendre trop longtemps avant de retrouver Max dans la suite de ses aventures.

« Le retour de Max sur l’allée était suivi des yeux de la fenêtre de sa chambre par Lydia, assise devant sa coiffeuse et occupée à se brosser les cheveux. Le voilà donc, cet étrange beau-frère qu’elle n’avait jamais compris, ni particulièrement apprécié. Elle ne put s’empêcher de se dire combien il aurait été opportun qu’il meure à la guerre. Lydia aurait été heureuse de lui rendre hommage à ce moment là. La mort de James en héros lui aurait valu ses éloges affectueux. Mais le James qui s’obstinait à vivre d’une manière si égoïste était un animal d’une tout autre espèce. »

« – Quel pourcentage de chance vous m’accordez ?
– Très faible. Quoique pas plus que la chance que nous avions de nous rencontrer un jour. Nous ne voyons jamais avant de l’atteindre la fin de la route que nos choix nous ont dictée. J’ai choisi il y a longtemps, alors que j’étais jeune officier de police à Tokyo, de me porter volontaire pour rejoindre les détachements de forces de police à l’étranger. J’ai été envoyé à Londres et j’ai passé un an à Scotland Yard. C’est ainsi que j’en suis venu à apprendre l’anglais et à aimer les œuvres de Scott, Dickens et Hardy. C’est pourquoi, une fois de retour au Japon, j’ai été désigné pour enquêter sur les activités des résidents étrangers sur notre sol. Et c’est aussi pourquoi je me retrouve aujourd’hui à Paris, à côté de vous, sous un soleil froid de printemps. L’avenir n’est pas écrit, Max, c’est un parchemin vierge. Ce que je finirai par y lire un jour de vous, ou vous de moi, reste inconnu. Jusqu’à ce que sonne l’heure.
– Et en attendant ?
– Avancez en silence. Mais avancez vite. »

Robert GODDARD, La Trilogie du Monde – Tome 1, Sur le chemin du monde, traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli, Sonatine, 2025


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