En quête de liberte

Comment je me suis sortie de l’enfer de Daesh

de Gaële Joly, Sana, Tugce Audoire

Bande dessinée – 200 pages

Editions Vuibert Graphic – octobre 2025

Sana, 15 ans, vit à Roubaix au sein de sa famille avec son père, boulanger, souvent absent de la maison et son omniprésente mère, acariâtre,  violente qui fait de la vie de sa fille aînée une prison aux barricades surveillées. Sa mère est très radicalisée, de plus en plus, sous l’influence de l’oncle Youcef. À tel point qu’après avoir déscolarisé Sana, sa mère, les emmène un matin en prétextant de rendre visite à un oncle malade en Algérie. Mais jamais ils ne s’y rendront, ils vont débarquer en Turquie et faire le chemin périlleux pour rejoindre la Syrie et l’Etat islamique de Daesh. Le début de 10 ans - de 2014 à 2023 - d’une autre vie subie, entre l’enfer de Daesh, ceux des camps de réfugiés ou de la prison Kurde, jusqu’au retour en France dans l’étroite surveillance des dispositifs anti terroristes.

On parle peu des femmes qui sont revenues de Syrie, et pour cause elles ne sont

pas si nombreuses, et elles étaient très jeunes parfois lors du départ. Ce récit relaté par une seule personne, par cette jeune Sana El Nourayane, est assez bouleversant, même si des zones d’ombre subsistent au long de ces dix années notamment sur sa relation aux hommes de la famille, et surtout à son mari. D’enfant battue et soumise elle va devenir femme puis mère après un mariage forcé et parfois des accouchements sordides. 

On peut lire ce récit comme un roman d’apprentissage qui éclaterait de violence et d’injustice à chaque page. On le lit comme un récit documentaire rare qui a peine à masquer l’ampleur de l’horreur d’une guerre et le pouvoir mortifère des aliénations fanatiques.

Le récit m’a tenue en haleine, quand le graphisme m’a un peu repoussée au départ, son trait épais et un peu naïf ne rendant pas forcément la finesse des expressions des visages, les couleurs pouvant paraître quelque peu forcées également.

Une bande dessinée pédagogique, à lire pour comprendre beaucoup de l’innommable, qui donne un mince aperçu de ce qu’a pu être cette décennie déracinée livrée à la barbarie. Dix années……

"C'est le plus fort qui tue le plus faible" - RadioFrance

Entretien de Sana - Konbini

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