Sorti en 1980, McCartney II surprend par son expérimentation électronique, mais On The Way tranche avec un blues épuré et instinctif. Inspiré par un documentaire sur le genre, McCartney enregistre ce morceau dans son studio personnel, privilégiant une approche brute et spontanée. Loin du perfectionnisme des Beatles, il livre une interprétation feutrée et hypnotique, capturant l’essence du blues tout en y insufflant sa sensibilité unique.
Le 16 mai 1980 au Royaume-Uni, puis le 26 mai aux états-Unis, Paul McCartney dévoile son deuxième album solo,McCartney II, un disque expérimental qui marque une rupture audacieuse avec son passé. Parmi les titres qui composent cet opus aux sonorités synthétiques et avant-gardistes, « On The Way » se distingue par son ancrage plus traditionnel. Ce morceau bluesy, porté par une instrumentation minimaliste, offre une plongée dans l’improvisation brute et l’authenticité d’un McCartney explorateur.
Sommaire
- Une genèse marquée par l’instinct et l’intuition
- Une atmosphère hypnotique et un blues à la McCartney
- McCartney II, un album en marge des tendances
- Un écho au blues et à l’héritage des Beatles
- Une réévaluation tardive
Une genèse marquée par l’instinct et l’intuition
Enregistrée entre juin et juillet 1979, « On The Way » prend naissance dans l’isolement du studio personnel de Paul McCartney, à une époque où l’ex-Beatle s’aventure dans l’expérimentation sonore. Il pose d’abord une ligne de batterie et une ligne de basse, avant de laisser la composition en suspens pendant plusieurs semaines. L’étincelle nécessaire à la reprise du morceau lui vient d’un documentaire diffusé à la télévision britannique :The Devil’s Music, une série en quatre parties consacrée au blues et animée par Alexis Korner, figure légendaire du genre.
Interpellé par cette émission, McCartney se souvient de son amour pour cette musique viscérale et décide de finaliser « On The Way » en intégrant guitare et chant à la base rythmique préalablement enregistrée. Fidèle à l’esprit spontané deMcCartney II, il choisit de ne pas corriger les erreurs de basse, privilégiant une approche instinctive et directe.
Une atmosphère hypnotique et un blues à la McCartney
Dès les premières mesures, « On The Way » s’impose par son atmosphère feutrée et son groove lancinant. La basse, légèrement vacillante, confère une humanité palpable au morceau, tandis que la batterie assure un rythme sobre et posé. La guitare, quant à elle, déroule des lignes épurées et expressives, évoquant le jeu des maîtres du blues.
La voix de McCartney, profonde et légèrement voilée, s’inscrit dans la lignée des chanteurs de blues traditionnels. Loin des prouesses vocales qui caractérisent certaines de ses compositions, il opte ici pour une interprétation contenue, presque chuchotée, qui renforce le sentiment d’intimité. Le morceau semble ainsi capturer un moment de pure création, sans artifice, ni surproduction.
McCartney II, un album en marge des tendances
SiMcCartney IIest aujourd’hui reconnu pour son audace et son caractère avant-gardiste, il a initialement dérouté une partie du public et de la critique. Enregistré à une période où la new wave et le punk redéfinissent le paysage musical, l’album s’aventure dans des territoires inexplorés, mêlant synthétiseurs, expérimentations électroniques et morceaux plus dépouillés comme « On The Way ».
Ce dernier tranche avec l’esthétique générale du disque, tout en s’inscrivant dans une démarche similaire : celle d’un musicien en quête de liberté. Là où d’autres titres deMcCartney IIflirtent avec l’abstraction sonore, « On The Way » rappelle l’ancrage profond du compositeur dans les racines de la musique populaire.
Un écho au blues et à l’héritage des Beatles
L’amour de Paul McCartney pour le blues ne date pas deMcCartney II. Dès les débuts des Beatles, ce genre constitue une influence majeure pour le groupe, notamment à travers les reprises de classiques américains comme « Kansas City/Hey-Hey-Hey-Hey » ou « Matchbox ». Dans sa carrière solo, McCartney a souvent revisité cette source d’inspiration, que ce soit avec des morceaux comme « Call Me Back Again » surVenus and Marsou « Run Devil Run », son album de reprises rock’n’roll en 1999.
Avec « On The Way », McCartney ne cherche pas à réinventer le blues, mais plutôt à l’habiter d’une manière personnelle. Son approche instinctive et son refus de la perfection technique rappellent la philosophie des pionniers du genre, pour qui l’émotion primait sur la virtuosité.
Une réévaluation tardive
à sa sortie,McCartney IIdivise. Certains y voient un coup de génie avant-gardiste, d’autres un projet inabouti. Pourtant, avec le recul, l’album est désormais salué comme une œuvre visionnaire, annonciatrice des expérimentations électroniques qui deviendront courantes dans la pop des décennies suivantes. « On The Way », en dépit de son apparente simplicité, participe à cet élan de liberté artistique.
Aujourd’hui encore, ce titre demeure une curiosité dans la discographie de Paul McCartney, une preuve éclatante de sa capacité à naviguer entre tradition et expérimentation. Il incarne cette approche intuitive et sans contrainte qui fait deMcCartney IIun album à part, un disque où chaque imperfection devient une force, et où le blues se réinvente au gré des inspirations d’un artiste en perpétuelle métamorphose.
