Quatrième de couverture :
Des nouvelles âpres ou cyniques, dont le ton cruel ou cru cache des âmes écorchées, à vif. Des portraits brossés vivement dans une matière brute, entre Egon Schiele et Toulouse-Lautrec. Des vies faufilées, des ourlets déchirés, lambeaux de chair ou de tissu qui voilent ou qui révèlent, illuminés çà et là par un humour truculent, rabelaisien, salvateur.
L’auteure a assassiné beaucoup de personnages dans son premier recueil, Le manège des amertumes (Quadrature, 2013). Elle les érafle, affame, insulte et caresse dans le deuxième, avec une grande part de dérision. Les gens sans histoire, les secrets, les failles sont ses récurrences.
« Le monde est divisé en deux catégories : les hommes à lunettes et les blondes à forte poitrine. » Voilà l’exergue de ce recueil : le ton est donné.
Bon, il me faut avouer que j’ai lu ce recueil avant Lequel de nous portera l’autre ? et qu’en quelques jours, je n’en ai pas gardé un grand souvenir. Ce n’est pas pour autant que je ne l’ai pas apprécié : j’ai aimé la construction du recueil, le ou les premiers mots d’une nouvelle sont le ou les derniers de la précédente et l’on enchaîne ainsi les textes assez courts et les personnages divers : une perruque qui prend la parole, un dragueur de femmes laides, une vieille femme grabataire recueillie par sa fille et son beau-fils, un fonctionnaire aux habitudes chronométrées perturbé par l’apparition récurrente de chaises Ikéa sur son trottoir, des habitants de Wasmes dans le Borinage et voisins du charbonnage de la Marcasse, une autrice qui se morfond dans un salon face à un Auteur qui enchaîne les dédicaces, et de nombreux autres. Isabelle Baldacchino ne ménage pas ses personnages mais ses nouvelles souvent ironiques voire mordantes reflètent une acuité, une observation savoureuse du réel et des gens, des vrais gens ordinaires, qui se souviennent par exemple des fêtes de famille de leur enfance autour d’une profession de foi où les enfants étaient obligés de porter la même aube (ça sent le vécu, j’aurais pu avoir les mêmes souvenirs). Bref j’ai souvent souri et même ri au cours de ma lecture (notamment dans Courbe de Bézier) et ce plaisir de lecture est loin d’être négligeable. Ce recueil date de 2015 et depuis, plus de trace (du moins à ma connaissance) d’Isabelle Baldacchino dans le paysage littéraire belge (j’avais beaucoup aimé son premier livre chez Quadrature, Le manège des amertumes). Dommage…
Isabelle BALDACCHINO, Les blondes à forte poitrine, Quadrature, 2015
C’était mon Quadrature du mois pour les 20 ans de la maison d’édition.
