Dans « Le Roi des cendres », S.A. Cosby (« La Colère », « Le sang des innocents », « Les routes oubliées ») nous invite à traverser les flammes d’une Amérique en ruine, où la famille, la violence et les secrets s’entremêlent dans une danse infernale. Un roman noir qui consume le lecteur dès les premières pages.
Roman Carruthers, gestionnaire de patrimoine à Atlanta, est contraint de revenir dans sa ville natale de Virginie après l’accident de son père. Il retrouve sa sœur Neveah, épuisée par la gestion du crématorium familial, ainsi que son frère Dante, perdu dans ses addictions et ses dettes envers un gang local. Un retour forcé qui plonge Roman au cœur d’un engrenage de violence, de secrets et de dilemmes familiaux.
À Jefferson Run, la famille Carruthers est totalement à la dérive. La disparition mystérieuse de la mère, les dettes de Dante envers les Black Baron Boys et l’accident suspect du père forment la toile de fond d’une intrigue haletante. Tiraillé entre culpabilité et instinct de survie, Roman Carruthers doit affronter les fantômes du passé et pactiser avec le diable pour sauver les siens. Les secrets de famille, les non-dits et la brutalité du quotidien s’entremêlent, menant à un final qui ne peut que mal se terminer.
Ce qui frappe d’emblée dans « Le Roi des cendres », c’est la profondeur psychologique des personnages. S.A. Cosby excelle à dresser le portrait de ses protagonistes et à sonder leurs failles respectives. De Roman, rongé par la culpabilité et un besoin d’expiation quasi maladif, à sa sœur Neveah, figure de résilience solitaire, en passant par son petit frère Dante, enfant perdu dans un corps d’adulte, victime de ses propres démons, chacun porte ses blessures et l’auteur les expose avec une justesse rare, sans jamais sombrer dans le pathos.
Le style de Cosby est d’une puissance brute : phrases ciselées, rythme soutenu et descriptions acérées du Sud rural américain. Il sait planter le décor d’une ville en déclin, gangrenée par la misère et la violence, où chaque ruelle semble prête à s’embraser. L’écriture, à la fois nerveuse et poétique, fait vibrer la tension et l’urgence à chaque page.
La structure du roman, bâtie sur une montée en puissance dramatique, tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page. Les rebondissements s’enchaînent sans temps mort, portés par une galerie de personnages secondaires tout aussi marquants. Cosby ne se contente pas d’un simple polar, il livre également une tragédie familiale, ainsi qu’une réflexion sur la rédemption impossible.
Parmi les points forts, on retiendra une nouvelle fois la capacité de l’auteur à rendre ses personnages profondément humains et attachants, même dans leurs pires moments. Le roman séduit par son réalisme glaçant, sa peinture acide d’une Amérique abandonnée et son regard sans concession sur la violence ordinaire.
« Le Roi des cendres » est un nouvel uppercut littéraire signé S.A. Cosby, un roman noir magistral qui continue de brûler encore longtemps après la dernière page. L’auteur confirme son talent de conteur et son art de révéler les âmes tourmentées. À lire d’urgence pour tous ceux qui aiment les histoires où le feu de la passion et de la vengeance consume tout sur son passage.
Le Roi des cendres, S.A. Cosby, Sonatine, 408 p., 23,50 €
Elles/ils en parlent également : Aude, Kitty, Nadia, Cannibal Lecteur, Lison, Sharon, Julie, Cindy, Nicole
