Ringo Starr repart sur la route avec sa All Starr Band au printemps, pour une série de douze concerts concentrés dans l’Ouest américain. L’annonce, faite à la mi-novembre, confirme une tournée qui s’ouvrira à Temecula et se refermera à Los Angeles à la mi-juin. Le batteur des Beatles, fidèle à son credo – « Peace and love » – a glissé un message simple et réjouissant à ses fans : il est heureux de remonter sur scène et donne rendez-vous en juin. L’affiche est connue des habitués : Steve Lukather, Colin Hay, Warren Ham, Hamish Stuart, Gregg Bissonette et Buck Johnson composent l’ossature d’une formation rodée, qui a fait du principe « avec un peu d’aide de mes amis » une signature scénique et un argument irrésistible pour le public.
Au programme, un itinéraire compact et cohérent – Californie, Arizona, Utah, Colorado, Nouveau-Mexique – qui privilégie des salles réputées pour leur acoustique et leur convivialité. De Pechanga Resort Casino à Humphreys Concerts by the Bay à San Diego, de Prescott à Salt Lake City, de Tucson à Paso Robles, Albuquerque, Denver, San Jose et Phoenix, la tournée s’achèvera dans un écrin mythique : The Greek Theatre de Los Angeles le 14 juin. L’itinéraire, lui, s’étale du 28 mai au 14 juin, autant dire un sprint parfaitement calibré pour une All Starr Band qui aime enchaîner les dates sans perdre en énergie ni en précision.
Sommaire
- Une formule éprouvée : hits croisés, sourire contagieux
- Le casting : six piliers, six trajectoires, une même exigence
- Une géographie pensée pour la musique
- La promesse artistique : fidélité et renouvellement
- Un contexte discographique favorable
- Un rituel de scène : paix, humour, humanité
- Les douze rendez-vous : un arc narratif en onze étapes avant le final d’Hollywoodland
- Ringo en 2026 : le temps long d’une légende bien vivante
- À quoi s’attendre côté son et set : cohérence, surprises mesurées
- Une invitation claire : retrouver le plaisir du live
Une formule éprouvée : hits croisés, sourire contagieux
L’ADN d’un concert de la All Starr Band repose sur une idée simple, devenue un marqueur de la carrière solo de Ringo Starr : partager la lumière avec des musiciens à la discographie solide, capables d’alterner les classiques de leurs propres groupes et les chansons associées à Ringo – des Beatles à ses titres en solo. Le public y retrouve ainsi, dans un même élan, les refrains de « With a Little Help from My Friends » et « Photograph », comme les succès qui ont bâti la réputation des compagnons de route présents. Cette conversation musicale entre répertoires offre une dynamique unique : chaque musicien quitte la place de simple sideman pour devenir frontman le temps de quelques titres, pendant que Ringo, batteur-chanteur, navigue entre la batterie et le micro, classe et malice en bandoulière.
Cette formule All Starr, lancée à la fin des années 1980, n’a cessé d’être réinventée par petites touches, au gré des musiciens embarqués et des périodes. Elle a trouvé ces dernières saisons un équilibre rare, à la fois spectaculaire et chaleureux, qui explique la fidélité d’un public intergénérationnel. On vient pour Ringo Starr, figure tutélaire de la pop et mémoire vivante de l’ère Beatles ; on repart avec le plaisir d’avoir entendu une anthologie de tubes classiques des années 70 et 80, joués par ceux qui les ont créés.
Le casting : six piliers, six trajectoires, une même exigence
Au cœur de cette nouvelle tournée de printemps, Ringo Starr s’entoure d’un line-up qui allie virtuosité, expérience du live et répertoire fédérateur.
Le guitariste Steve Lukather est la pierre angulaire électrique du groupe. Membre historique de Toto, artisan d’un son West Coast reconnaissable, il apporte à la fois le coup de scalpel rythmique et les envolées mélodiques qui font vibrer des titres comme « Rosanna » ou « Hold the Line ». Sa présence garantit ce mélange de groove, de perfection technique et d’insolence instrumentale qui caractérise la All Starr Band moderne.
Au chant et à la guitare, Colin Hay – la voix de Men at Work – ajoute sa signature new wave australienne, faite de mélodies obliques et d’humour sec, portée par des chansons devenues classiques comme « Down Under » ou « Who Can It Be Now? ». Son timbre immédiatement identifiable et sa science du storytelling créent des respirations lumineuses au milieu des grandes machines rock.
Hamish Stuart, basse et guitare, incarne une jonction précieuse entre soul, funk et pop britannique. On se souvient de son rôle majeur au sein de l’Average White Band et de son passage dans le groupe de Paul McCartney à la fin des années 80 et au début des années 90. Sur scène, il est ce colle musicale qui soude les propositions, alliant souplesse rythmique et chant chaleureux.
Poly-instrumentiste et homme-orchestre, Warren Ham occupe la zone des couleurs : saxophones, flûtes, claviers, chœurs. Son apport dessine le trompe-l’œil orchestral qui permet à la All Starr Band d’élargir sa palette sans jamais alourdir l’ensemble. Dans un set où les textures comptent autant que les riffs, son rôle est décisif.
A la batterie, Gregg Bissonette est à la fois co-moteur et chef d’orchestre discret. Sa complicité avec Ringo – qui alterne le poste de batteur et celui de chanteur – assure au show un grain et une pulsation qui regardent autant vers la tradition Beatles que vers le rock FM américain. La double batterie est l’une des signatures scéniques de ces concerts : elle offre relief, épaisseur dynamique et ce rebond très Ringo-esque qui fait sourire jusque dans les derniers rangs.
Enfin, Buck Johnson, claviériste et chanteur, complète l’édifice. Son sens de l’harmonie vocale et des ambiances de clavier ancre l’ensemble dans une esthétique pop-rock claire, où l’on distingue toujours la mélodie, la structure et l’intention. Au rassemblement des chœurs, il apporte ce ciment vocal sans lequel la All Starr Band ne serait pas tout à fait… All Starr.
Une géographie pensée pour la musique
Le découpage géographique de cette série – douze dates, concentrées sur Californie, Arizona, Utah, Colorado et Nouveau-Mexique – dit une logique : limiter les transferts, préserver la voix et l’énergie du groupe, transférer le cœur du show d’une salle à l’autre sans perte d’intensité. On y lit aussi une cohérence acoustique. De Temecula à San Diego, puis Prescott et Salt Lake City, la tournée progresse par cercles en remontant la côte puis en s’enfonçant dans l’arrière-pays avant de revenir à Los Angeles.
Le parcours californien n’est pas qu’une affaire pratique : il ancre Ringo dans un territoire où il a, de longue date, inscrit sa vie et son œuvre. Jouer au Greek Theatre – un amphithéâtre de plein air au son dense et aux soirées électriques – a valeur de rituel. De même, l’escale à Humphreys à San Diego offre une proximité singulière avec le public, tandis que San Jose et Paso Robles déclinent des dimensions et ambiances différentes, du civic center à l’amphithéâtre viticole. Cette variation d’échelles est une force : elle oblige le groupe à re-sculpter l’équilibre sonore chaque soir, ce qui convient particulièrement à Ringo, musicien de scène avant tout.
La promesse artistique : fidélité et renouvellement
Une tournée de Ringo Starr ne s’aborde pas comme un pari de setlist improbable mais comme une promesse de réjouissances connues, revue au prisme d’une énergie intacte. Les fans s’attendent à entendre les incontournables : « It Don’t Come Easy », « Photograph », « I’m the Greatest », et – en final – « With a Little Help from My Friends » glissant parfois vers « Give Peace a Chance » dans un clin d’œil à l’histoire. À ces repères, s’ajoutent les cartes maîtresses des compagnons : Toto, Men at Work, Average White Band. Le charme opère parce que la forme est collective et que Ringo, maître de cérémonie, sait laisser respirer ses partenaires tout en tenant la dramaturgie d’un concert en 90 à 110 minutes.
Ce renouvellement par la constance s’accompagne d’une mise à jour discrète des arrangements. La double batterie, quelques ponts instrumentaux supplémentaires, un soin porté aux chœurs et à l’équilibre des claviers apportent des nuances modernes à des chansons mythiques. La All Starr Band n’est pas un jukebox : c’est une formation vivante qui assume son héritage tout en s’adaptant aux exigences d’un public contemporain.
Un contexte discographique favorable
Le retour sur scène s’inscrit dans une séquence discographique où Ringo Starr a multiplié les parutions ces dernières années, d’EP en projets thématiques. Le succès de son album country Look Up, sorti plus tôt cette année, a rappelé l’appétence du public pour un Ringo curieux, qui aime explorer sans se renier. Le projet, porté par une production signée T Bone Burnett, a bénéficié d’une exposition accrue : un spécial télévisé de deux heures diffusé aux États-Unis en début d’année, et un passage remarqué par la Grand Ole Opry – autant d’indices d’une visibilité retrouvée, à un âge où d’autres optent pour le repos. Ringo, lui, persiste et signe : la musique se partage, et le live reste son terrain de vérité.
Le batteur a confirmé qu’il travaillait de nouveau en studio avec T Bone Burnett et qu’un nouvel album était prévu pour 2026. De quoi nourrir l’idée que ces douze concerts offriront peut-être un avant-goût discret de cette prochaine étape. Sans transformer le show en banc d’essai, Ringo a déjà prouvé qu’il savait glisser, ici ou là, un morceau récent ou un clin d’œil à ses parutions du moment.
Un rituel de scène : paix, humour, humanité
On ne vient pas seulement chercher des chansons à un concert de Ringo Starr ; on vient chercher une attitude. Cette humanité distillée dans son sourire, ses interventions entre les titres, cette façon de remercier et de bénir la salle d’un « Peace and love » qui n’est pas que slogan mais boussole personnelle. Le public, souvent familial, trouve là une expérience musicale et émotionnelle que peu d’artistes de sa génération savent encore offrir, mélange de bienveillance et d’auto-dérision.
Cette atmosphère repose en partie sur la cohésion du groupe. Le dialogue entre Ringo et Gregg Bissonette à la batterie crée un plancher rythmique souple et puissant. Les guitares de Lukather et Stuart, les couleurs de Warren Ham, les claviers de Buck Johnson, les voix combinées : tout concourt à un son lisible, lumineux, généreux. Là réside l’effet All Starr : un plaisir de jouer contagieux, où la virtuosité ne prend jamais le pas sur le plaisir partagé.
Les douze rendez-vous : un arc narratif en onze étapes avant le final d’Hollywoodland
Le coup d’envoi sera donné le 28 mai à Temecula (Pechanga Resort Casino), avant d’enchaîner le 29 mai à San Diego (Humphreys Concerts by the Bay), puis le 31 mai à Prescott (Findlay Toyota Center). Le mois de juin démarrera le 1er à Salt Lake City (Eccles Theater), se poursuivra le 3 à Tucson (Linda Ronstadt Music Hall) et le 5 à Lincoln en Californie (Thunder Valley Casino), avant Paso Robles le 6 (Vina Robles Amphitheatre). La bande rejoindra ensuite Albuquerque le 8 (Kiva Auditorium), Denver le 9 (Bellco Theatre), San Jose le 11 (San Jose Civic), Phoenix le 12 (Gammage Auditorium), pour terminer sur l’amphithéâtre californien de Los Angeles, The Greek Theatre, le 14 juin. Cette progression dessine un arc narratif : départ intimiste, montée en puissance, apothéose dans une salle emblématique.
À chaque étape, le son se réadapte légèrement. Les open air californiens réclament des chœurs légèrement plus présents, les théâtres fermés mettent en valeur les harmonies fines et les détails de batterie, les arenas demandent une assise plus percussive. La All Starr Band a bâti sa réputation sur cette capacité caméléon : être la même formation partout, et pourtant différente chaque soir.
Ringo en 2026 : le temps long d’une légende bien vivante
À 85 ans, Ringo Starr a choisi de continuer sur sa ligne : créer, tourner, rassembler. On pourrait s’interroger sur la fatigue, sur la tentation de la résidence prolongée. Ringo, lui, circule. Parce que la route demeure son horizon, parce que les chansons prennent une autre dimension en face-à-face avec le public, parce que le cadre All Starr lui permet d’être soliste et passeur à la fois.
Cette persévérance a une portée particulière pour les fans des Beatles. Elle prolonge un lien commencé dans les sixties, en l’actualisant sans nostalgie forcée. L’homme de « Octopus’s Garden » n’a pas cessé d’aimer la scène ni de croire au pouvoir réparateur des chansons. À Los Angeles, lorsque sonnera l’accord final au Greek Theatre, il y aura dans l’air ce mélange de gratitude et d’allégresse que peu d’artistes savent susciter aussi régulièrement, aussi simplement.
À quoi s’attendre côté son et set : cohérence, surprises mesurées
Sans hyperbole, on peut anticiper un spectacle où Ringo alternera derrière la batterie et au chant, des duos rythmés avec Gregg Bissonette, des interventions confiantes de Lukather à la guitare, et ces moments de bascule où Colin Hay ou Hamish Stuart emmènent la salle sur leurs propres terrains. Les équilibres seront soignés : claviers pour étoffer, saxophones pour éclairer, basse pour ancrer.
Côté setlist, la All Starr Band aime raconter une histoire : ouverture vive, milieu plus narratif, final cathartique. Rien n’interdit d’imaginer un clin d’œil à l’actualité discographique – un extrait du cycle country de Ringo – placé subtilement pour respirer entre deux monuments. Le tout dans une ambiance où l’humour de Ringo – « I’m the greatest », second degré assumé – renforce la chaleur du moment.
Une invitation claire : retrouver le plaisir du live
Au-delà des dates et des noms, ces douze concerts sont une invitation : revenir au live, écouter des chansons que l’on connaît par cœur, se laisser surprendre par la vigueur d’un groupe qui refuse la muséification. La All Starr Band a toujours fait de la scène un atelier vivant ; elle y retournera au printemps, armée de répertoires immenses et d’un désir intact.
Dans un monde de catalogues et de playlists, Ringo Starr rappelle que rien ne remplace la présence. Son « Peace and love » n’est pas une formule ; c’est une pratique. Au Greek Theatre, lorsque le 14 juin s’éteindront les lumières, on ne parlera pas seulement de nostalgie mais de transmission : celle d’un batteur-chanteur qui, depuis Liverpool, continue de battre la mesure de nos souvenirs et de nos désirs de musique vivante.
Tournée de printemps – Ringo Starr & His All Starr Band
Mai
• 28 mai – Pechanga Resort Casino, Temecula (Californie)
• 29 mai – Humphreys Concerts by the Bay, San Diego (Californie)
• 31 mai – Findlay Toyota Center, Prescott (Arizona)
Juin
• 1er juin – Eccles Theater, Salt Lake City (Utah)
• 3 juin – Linda Ronstadt Music Hall, Tucson (Arizona)
• 5 juin – Thunder Valley Casino, Lincoln (Californie)
• 6 juin – Vina Robles Amphitheatre, Paso Robles (Californie)
• 8 juin – Kiva Auditorium, Albuquerque (Nouveau-Mexique)
• 9 juin – Bellco Theatre, Denver (Colorado)
• 11 juin – San Jose Civic, San José (Californie)
• 12 juin – Gammage Auditorium, Phoenix (Arizona)
• 14 juin – The Greek Theatre, Los Angeles (Californie)
