Magazine Cinéma

Fast and Furious 9

Par Tepepa

Fast Furious

2021
Justin Lin
Avec : toujours la même bande, mais sans Dwayne Johnson

La scène d'introduction est pas mal, on assiste à une course de voiture en 1989. Les couleurs sont légèrement sepia parce que c'était il y a très longtemps 1989. Le pilote est Toretto, mais Jack Toretto (J. D. Pardo), le père de Dominic Toretto (Vin Diesel). Y a comme un accrochage, et le père meurt, carbonisé dans sa voiture. Le jeune Dominic Toretto hurle. Boudiou, le truc, c'est qu'au bout de 10 films merdiques de cette trempe, à force de faire revivre des gens, à force de leur inventer des passés sortis de nulle part, tous ces personnages finissent par gagner en épaisseur malgré leur peu de caractérisation psychologique de départ. C'est ainsi, et on finit par s'y attacher, et on retrouve Dom, devenu père à son tour, qui répare un vieux tracteur et demande une clé de 12 à son fils. "Tu es sûr?" lui demande-t-il, le regard affectueux, lorsque celui-ci lui tend un tournevis. Comme c'est meugnon...

Bon, c'est meugnon, mais pas au point d'en faire une "saga" de référence non plus. Entre le déjeuner et le café, les scénaristes ont l'idée de créer un frère à Dominic Toretto: Jakob, joué par John Cena. Pourquoi on n'en a jamais entendu parler pendant les 8 premiers épisodes? Pourquoi même pas une petite allusion? Bah c'est parce que c'est un paria, il a bricolé un truc dans la voiture de son père, et c'est à cause de lui que son père est mort. Donc entre Dominic et Jakob, c'est à la mort à la mort. Voilà comment on installe le nouveau méchant du film. Cipher (Charlize Theron) est prisonnière de ce nouveau méchant, j'ai pas compris comment. Elle est prisonnière dans une prison de verre, sans accès à aucun ordinateur, vu qu'elle pourrait hacker la CIA avec un Nokia 3310. Elle n'a même pas de chiottes dans sa prison de verre, donc concrètement je ne sais pas comment elle fait. Mais elle continue de parler doucement, d'analyser ses geôliers, notant des origines scandinaves chez les Toretto du fait de la mâchoire assez carrée de Jakob. Passionnant. 

Dans ce neuvième opus, on retrouve Mia Toretto (Jordana Brewster), la sœur de Dominic. En fait je ne m'étais pas rendu compte qu'elle n'était plus là depuis un ou deux épisodes. Et oui, c'est qu'elle est censée filer la parfaite vie de famille avec Brian, disparu lui, parce Paul Walker est décédé dans la vraie vie. Et là, soudain, Fast and Furious devient une franchise féministe. Mia est là, mais Brian n'est pas là. L'homme reste au charbon, à s'occuper de ses gosses et de celui de Dom, la femme part sauver la planète (oui parce qu'il est encore question de retrouver un machin qui pourrait détruire le monde). Et c'est d'autant plus un film féministe qu'on assiste à une scène de bien 5 minutes où deux femmes, Mia Toretto (Jordana Brewster) et Letty (Michelle Rodriguez) parlent entre elles en bouffant des ramen à Tokyo. La scène semble avoir été tournée pour faire plaisir à Michelle Rodriguez qui râlait sur la place des femmes dans la série, et pour que le film passe le test de Bechdel. Pour rappel, le test de Bechdel met en évidence le sexisme des films ou livres en l'évaluant à l'aune de trois critères : 

  • Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre ;
  • qui parlent ensemble ;
  • et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.
En fait, il est effectivement difficile de trouver des films mainstream qui respectent cette règle, Mad Max : Fury Road, par exemple, en fait partie. Ici, les scénaristes se sont légèrement foirés, parce que si les deux femmes parlent de leurs tourments et de leurs états d'âme, elles évoquent également leur rapport avec le mâle alpha de la "saga" : Dominic Toretto, ce qui de facto ne respecte pas la troisième règle. Mais déjà, c'est un progrès, la scène m'a sauté au yeux, c'est dire si on n'a pas l'habitude de voir ça dans un actioner.Ce qui m'a également sauté au yeux, c'est ce qui suit cette scène. Tenez vous bien. Han (Sung Kang) n'est pas mort! Alors attendez, il faut rembobiner. Pour rappel, la petite astuce temporelle qui faisait revenir Han dans les épisodes 4 à 6 avait pour but de ne pas faire de résurrections bidon dans la "saga". Une résurrection bidon plus tard (celle de Letty), nos valeureux scénaristes font finalement revenir Han. Han avait pourtant été tué par Deckard Shaw (Jason Statham) hein, on voit la voiture s'embraser avec Han dedans! Ben non, Han n'explique pas trop comment, mais c'était un tour de passe passe orchestré par Mr Nobody (Kurt Russel) pour que Han s'occupe d'une fille qui a un rapport avec le truc que tout le monde cherche et qui pourrait signifier la fin du monde. OK mais bon, le réal Justin Lin doit être bien embêté. Il avait sorti un DVD Collector "97 Special Edition" de Fast and Furious: Tokyo Drift où l'on voyait Jason Statham, dans la foule, surveiller Han. Il va falloir sortir un Blu-Ray "2013 Definitive Edition" avec une incrustation de Kurt Russel, rigolard, en train de surveiller Statham surveillant Han. Difficile de faire plus con que cette résurrection, mais ça permet de voir Han faire une accolade avec Sean Boswell (Lucas Black) du troisième épisode, qui a ici un petit rôle sympa, et de voir dans la scène post générique Deckard Shaw écarquiller les yeux quand Han frappe à sa porte.Pour le reste, c'est le portnawak habituel, avec plein de puissants électro-aimants qui attirent les voitures adverses, mais un portnawak qui touche ici au sublime, lorsque Roman (Tyrese Gibson) et Tej (Ludacris) viennent shooter un satellite en voiture! Si si, ils l'ont fait, propulser une voiture dans l'espace avec nos deux loustics dedans, respirant dans des vieux scaphandres de plongée, pour détruire un satellite qui pourrait activer un machin qui pourrait bien provoquer la fin du monde. Comme le notent eux-mêmes les deux protagonistes, deux mecs, pas blancs, issus des bas-fonds, qui ont une scène dans l'espace, c'est la classe. On pense ce que l'on veut de cette série débile, de son machisme, de ses invraisemblances, mais elle a le mérite de mettre en avant une tripotée de héros bigarrés, divers et qui sortent des sentiers battus.Pour la fin de la trame narrative de ce neuvième épisode, on s'en doutait, Jakob se rachète, Dominic pardonne, parce que la famille c'est la famille, et Cipher perd à nouveau. Le monde est sauvé, ouf, on peut finir par un barbecue final qui devient aussi iconique que le banquet à la fin d'Astérix. Il faut dire le bénédicité. Il manque quelqu'un, une voiture de sport se gare, on devine que c'est Brian, mais on ne le verra pas. Snif, je verserais presque une larme.  Allez, plus qu'un avant la sortie de FAST 11. Fast and Furious 9 n'ayant rapporté "que" 726 millions de dollars, on peut espérer que tout cela va bientôt toucher à sa fin.

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