En 1977, Ringo Starr se lance dans une aventure disco/funk avec l’album Ringo the 4th, destiné à redéfinir sa carrière après l’échec de Ringo’s Rotogravure. S’appuyant sur la collaboration avec Vini Poncia et la production d’Arif Mardin, il réunit des musiciens de renom pour créer un son dansant mêlant rock, funk et pop. Malgré des titres prometteurs et une démarche audacieuse, l’album échoue auprès de la critique et du public, scellant ainsi la fin de l’ère Atlantic-Polydor et amorçant une longue période de déclin dans sa carrière solo. Ce revers crucial change à jamais la destinée de Ringo!!!!
En 1977,
Sommaire
- Ringo Starr
- Contexte : entre fatigue commerciale et volonté de renouvellement
- Ringo Starr
- Atlantic
- Polydor
- Rajeunir
- S’entourer
- Conserver
- Arif Mardin
- Enregistrement : un plongeon dans le disco et le funk
- Les sessions à Los Angeles et New York
- 5 février 1977
- Cherokee Studios
- Atlantic Studios
- Steve Gadd
- David Spinozza
- John Tropea
- Jeff Mironov
- Cornell Dupree
- Lon Van Eaton
- Tony Levin
- Chuck Rainey
- Hugh McDonald
- David Foster
- Don Grolnick
- Ken Bichel
- Michael Brecker
- Randy Brecker
- Vini Poncia, collaborateur-clé
- Vini Poncia
- Melissa Manchester
- Bette Midler
- Luther Vandross
- Des ambitions disco : le style de l’album
- Les chansons : détail et analyse
- Drowning in the Sea of Love
- Tango All Night
- Wings
- Gave It All Up
- Out on the Streets
- Can She Do It Like She Dances
- Sneaking Sally Through the Alley
- It’s No Secret
- Gypsies in Flight
- Simple Love Song
- Les singles : échecs dans les charts
- Atlantic Records
- Polydor
- «Wings»
- «Drowning in the Sea of Love»
- Billboard 200
- Réception critique : un avis globalement négatif
- 20 septembre 1977
- Le changement disco
- Le manque de hits
- L’aspect “forcé”
- L’absence
- Robert Christgau
- Un album symbole de la période “difficile” de Ringo
- Redécouverte et rééditions ultérieures
- 1992
- 2020
- Friday Music
- Les chansons en un coup d’œil :
- “Drowning in the Sea of Love”
- “Tango All Night”
- “Wings”
- “Gave It All Up”
- “Out on the Streets”
- “Can She Do It Like She Dances”
- “Sneaking Sally Through the Alley”
- “It’s No Secret”
- “Gypsies in Flight”
- “Simple Love Song”
- Une promotion difficile, un échec rapide
- 20 septembre 1977
- 30 septembre 1977
- 162e place
- Conséquences et regard ultérieur
- Conclusion : L’album de la transition manquée
Ringo Starr
entreprend un nouveau pari dans sa carrière solo : enregistrer un album fortement marqué par la musique dansante et d’inspiration disco/funk, afin de s’adapter à la tendance musicale dominante de l’époque. Baptisé Ringo the 4th, ce disque se veut le successeur de Ringo’s Rotogravure (1976), paru sur les labels Atlantic (états-Unis) et Polydor (Royaume-Uni). Malheureusement, malgré la volonté d’innovation et quelques morceaux attachants, cet opus peine à convaincre la critique et le public. Plongeons dans la genèse, l’enregistrement et la réception de cet album qui clôt, d’une certaine manière, la période “glorieuse” du batteur des Beatles sur la scène pop internationale.
Contexte : entre fatigue commerciale et volonté de renouvellement
Lorsque
Ringo Starr
sort Ringo’s Rotogravure en septembre 1976, la réaction du public n’est pas à la hauteur des succès précédents (*Ringo* en 1973, Goodnight Vienna en 1974). Malgré des collaborations prestigieuses, Ringo’s Rotogravure n’atteint que la 28ᵉ place du Billboard 200 et ne se classe même pas au Royaume-Uni. Pour Ringo, c’est un coup dur. Signé chez
Atlantic
(pour le marché américain) et
Polydor
(pour le Royaume-Uni), il comprend qu’il doit impérativement inverser la tendance pour honorer son contrat, lequel exige plusieurs albums dans un laps de temps restreint.
C’est ainsi qu’il décide, en 1977, de rompre avec la formule classique – faire appel à ses anciens compagnons Beatles ou à un large panel d’amis célèbres pour composer et jouer. Il veut désormais :
-
Rajeunir
son style en embrassant la vague disco / R&B en plein essor.
-
S’entourer
de Vini Poncia comme coauteur principal, pour composer des titres inédits.
-
Conserver
l’expertise du producteur
Arif Mardin
, déjà à la manœuvre sur Ringo’s Rotogravure, afin de donner un cachet plus “dance” à la production.
De plus, la mention Ringo the 4th peut se lire de deux façons : certains y voient l’idée de Ringo comme “quatrième Beatles”, d’autres rappellent qu’il s’agirait de son «quatrième vrai album pop/rock», écartant les deux premiers projets (aux styles pré-rock et country). Dans tous les cas, c’est un clin d’œil de Starr, qui cherche un titre accrocheur dans la lignée de Goodnight Vienna ou Ringo’s Rotogravure.
Enregistrement : un plongeon dans le disco et le funk
Les sessions à Los Angeles et New York
Les séances débutent le
5 février 1977
au
Cherokee Studios
à Los Angeles, où Ringo a déjà travaillé pour Ringo’s Rotogravure. Arif Mardin supervise l’ensemble. Cette première phase est l’occasion d’esquisser quelques chansons qui ne figureront finalement pas sur l’album, comme «Lover Please» et «Wild Shining Stars». Les morceaux réellement retenus pour l’opus sont ensuite travaillés à l’
Atlantic Studios
de New York en juin 1977, où la majorité du disque se peaufine.
La volonté de réaliser un album “dansant” se reflète dans la structure rythmique : Ringo lui-même joue de la batterie, mais
Steve Gadd
est également sollicité pour certaines pistes, symbole de la volonté d’obtenir un groove plus fin et pertinent. Les guitares sont confiées à divers musiciens, dont
David Spinozza
,
John Tropea
,
Jeff Mironov
,
Cornell Dupree
ou encore
Lon Van Eaton
. à la basse, on retrouve le grand
Tony Levin
, mais aussi
Chuck Rainey
et
Hugh McDonald
selon les titres. Au rayon claviers, citons
David Foster
(futur producteur à succès de Chicago et Céline Dion),
Don Grolnick
,
Ken Bichel
(synthétiseurs), tandis que
Michael Brecker
(saxophone) et
Randy Brecker
(trompette) assurent la coloration cuivrée.
Vini Poncia, collaborateur-clé
L’absence de contributions majeures d’ex-Beatles conduit Ringo à s’appuyer fortement sur
Vini Poncia
, ami de longue date depuis l’époque des sessions de Beaucoups Of Blues (1970) et coréalisateur de certains albums précédents. Ensemble, ils signent la majorité des nouveaux titres, parfois rehaussés par la participation de pointures de la pop ou du R&B. On trouve également des voix additionnelles fournies par
Melissa Manchester
,
Bette Midler
,
Luther Vandross
, etc.
C’est un changement notable par rapport à la formule de Ringo (1973) ou Goodnight Vienna (1974), où John Lennon, Paul McCartney et/ou George Harrison composaient chacun un titre pour le batteur. Ici, aucun de ces anciens camarades Beatles ne vient offrir une chanson ; ce choix (ou contrainte) reflète une volonté d’autonomie, mais se révélera périlleux pour le succès final.
Des ambitions disco : le style de l’album
Ringo the 4th entend capitaliser sur le boom disco/funk qui secoue la planète pop en 1977. Arif Mardin, célèbre pour ses productions chez Atlantic, tente d’orienter Ringo vers un son plus “dancefloor”. Cela se traduit par :
- Des basses plus mises en avant (slap, funk, lignes syncopées) ;
- Des claviers (clavinet, synthétiseurs) plus prononcés, conférant un aspect boogie ;
- Des chœurs parfois plus sensuels et groovy.
Ringo, s’il n’est pas un chanteur réputé pour sa virtuosité, essaie d’adapter son phrasé à des tempos plus vifs. Des percussions multiples, des cuivres incisifs, et un groove marqué constituent l’épine dorsale de plusieurs chansons. Néanmoins, le chant de Ringo reste plutôt “rock/pop”, moins souple que celui de disco stars comme Donna Summer ou Bee Gees, limitant peut-être l’efficacité de ce virage stylistique.
Les chansons : détail et analyse
-
Drowning in the Sea of Love
(Kenny Gamble, Leon Huff)
- Choix d’ouverture, ce titre funk-soul initialement rendu célèbre par Joe Simon offre une rythmique appuyée et des accents de cuivres. Ringo cherche un ton plus grave et tente un chant plus “sensuel”. Le morceau sortira en single au Royaume-Uni, sans rencontrer de succès (aucune entrée dans les charts).
-
Tango All Night
(Steve Hague, Tom Seufert)
- Un titre léger et dansant, où Ringo se risque à un mélange disco-latino. Les guitares sont discrètes, soutenues par un piano et un rythme mid-tempo.
-
Wings
(R. Starr, V. Poncia)
- Annoncé comme le premier single américain le 25 août 1977, “Wings” symbolise la volonté de Ringo de proposer un hymne pop accrocheur. Malheureusement, le titre ne s’impose pas dans les charts, restant invisible au Billboard Hot 100. Ringo en fera une nouvelle version des années plus tard pour son album Ringo 2012.
-
Gave It All Up
(R. Starr, V. Poncia)
- Une ballade émouvante, où la basse de Tony Levin occupe une place assez notable. Ringo y évoque le regret et la nostalgie, dans un style plus classique que le disco ambiant.
-
Out on the Streets
(R. Starr, V. Poncia)
- Pièce plus rock, avec guitares prononcées. On sent un désir de ne pas tomber dans la redite disco sur chaque piste.
-
Can She Do It Like She Dances
(Steve Duboff, Gerry Robinson)
- Morceau à la fois funky et pop, traitant de la séduction : Ringo s’interroge, de façon un peu grivoise, sur la capacité d’une partenaire à reproduire dans l’intimité ce qu’elle exhibe sur la piste de danse. Il y a là un humour discret, mais le chant de Ringo apparaît, selon certains critiques, “guttural et un peu ivre”.
-
Sneaking Sally Through the Alley
(Allen Toussaint)
- Reprise d’une chanson déjà popularisée par Robert Palmer (1974). C’est un titre funky, un brin New Orleans dans l’âme, où Ringo essaie de rendre hommage à l’écriture agile d’Allen Toussaint. Sorti en single en Australie, couplé avec “Tango All Night”.
-
It’s No Secret
(R. Starr, V. Poncia)
- Titre mid-tempo, peut-être moins marquant, qui ne retient guère l’attention dans la discographie.
-
Gypsies in Flight
(R. Starr, V. Poncia)
- Autre ballade pop, aux arrangements plus sobres, mettant en avant le piano et la guitare acoustique. Ringo y adopte un timbre posé, loin des velléités disco des morceaux d’ouverture.
-
Simple Love Song
(R. Starr, V. Poncia)
- Clôt l’album sur une note pop straightforward, comme son titre l’indique. Ringo parle d’amour simple, un thème récurrent dans ses albums.
Les singles : échecs dans les charts
Atlantic Records
et
Polydor
misent d’abord sur :
-
«Wings»
(25 août 1977 aux états-Unis), couplé avec “Just A Dream” (inédit sur l’album). Malheureusement, aucune place dans les classements.
-
«Drowning in the Sea of Love»
(16 septembre 1977 au Royaume-Uni), toujours avec “Just A Dream” en face B. De nouveau, le titre échoue.
Aux états-Unis, “Drowning in the Sea of Love” est finalement publié le 18 octobre, se soldant par un échec. Des tentatives dans d’autres territoires n’inversent pas la tendance : “Sneaking Sally Through the Alley / Tango All Night” en Australie, “Tango All Night / It’s No Secret” en Argentine, etc. Rien ne perce réellement.
Au final, l’album se fait lourdement ignorer. Il n’entre pas du tout dans les classements britanniques, et ne parvient qu’à une modeste 162ᵉ place au
Billboard 200
aux USA. Pire, face à cet échec cuisant, Atlantic met rapidement un terme au contrat liant Ringo au label. En Europe, Polydor se contente d’un album pour enfants, Scouse the Mouse (1977), pour respecter leur dernière obligation contractuelle avec Starr.
Réception critique : un avis globalement négatif
Lorsque Ringo the 4th paraît le
20 septembre 1977
au Royaume-Uni (et dix jours plus tard aux états-Unis), la critique s’avère très dure. Les principales réserves portent sur :
-
Le changement disco
jugé artificiel, incompatible avec le timbre et le style naturel de Ringo ;
-
Le manque de hits
réellement marquants ;
-
L’aspect “forcé”
d’une production cherchant à être dans l’air du temps, sans l’étincelle de spontanéité ;
-
L’absence
d’apports extérieurs prestigieux (ex-Beatles, etc.), suscitant moins de curiosité.
Le fait que Ringo n’apparaisse plus comme un “host” rassemblant d’illustres amis affaiblit la curiosité médiatique. Si Rolling Stone n’en propose pas une revue dithyrambique, divers critiques jugent la performance vocale de Ringo “en deçà”.
Robert Christgau
, dans son Christgau’s Record Guide, attribue un D, signifiant un quasi-fiasco. Les fans aussi sont déçus de ne pas retrouver l’esprit pop enjoué de Ringo (1973) ou l’humour de Goodnight Vienna (1974).
Un album symbole de la période “difficile” de Ringo
Cet échec n’est pas qu’un accident de parcours, mais confirme l’érosion entamée depuis Ringo’s Rotogravure. En 1977, le public du rock s’intéresse davantage au punk naissant, au disco pur, ou même aux grands showmen comme Bee Gees ou Earth, Wind & Fire. Ringo, ex-Beatle sympathique, peine à exister dans cette jungle. Les ventes décevantes (l’album quitte très vite le classement Billboard) poussent Atlantic à se séparer de lui, et Polydor ne semble pas plus motivé. Ringo entame alors plusieurs années de quasi-disparition discographique, ponctuées d’échecs successifs comme Bad Boy (1978).
D’un point de vue personnel, Ringo traverse également une période de vie nocturne intense, fréquemment vu dans les clubs de Los Angeles, suivant la vague hédoniste du moment. Certains proches estiment que l’enregistrement de Ringo the 4th a été perturbé par ces excès, menant à un résultat peu structuré. L’aura de bon vivant qu’il affiche sur les plateaux de télévision ne parvient pas à masquer la dérive artistique.
Redécouverte et rééditions ultérieures
- En
1992
, Ringo the 4th est réédité en même temps que Ringo’s Rotogravure aux états-Unis, chez Atlantic. La réception reste confidentielle, l’album n’ayant pas acquis de statut culte.
- En
2020
, le label
Friday Music
propose une réédition vinyle en couleur (or ou rouge), ciblant les collectionneurs et les fans complétistes de l’œuvre de Ringo. Une autre édition en vinyle translucide orange paraît lors du Record Store Day 2022, couplée à Old Wave (1983).
- L’intérêt historique se concentre surtout sur la piste «Wings», réenregistrée plus tard pour Ringo 2012. Certains fans apprécient ce titre, se demandant ce qui se serait passé s’il avait bénéficié d’un meilleur élan promotionnel.
Sur le plan critique, la plupart des chroniques rétrospectives confirment que l’album incarne un faux pas : la disco n’est pas la voie la plus naturelle pour Ringo Starr, pourtant connu pour son swing simple et son côté rock basique. Malgré quelques éléments amusants («Drowning in the Sea of Love» a un certain charme rythmique, «Can She Do It Like She Dances» est drôle par sa sensualité assumée), le résultat global laisse l’impression d’un acte manqué.
Les chansons en un coup d’œil :
-
“Drowning in the Sea of Love”
(Gamble/Huff)
- Reprise d’un titre soul, Ringo veut l’orienter disco, mais sa voix se heurte à la complexité du chant.
-
“Tango All Night”
(Hague/Seufert)
- Tentative de fusion tango/disco, un mid-tempo qui ne trouve pas vraiment son public.
-
“Wings”
(Starr/Poncia)
- Premier single aux USA, échec dans les charts. Ringo le réenregistrera en 2012, avec un arrangement différent.
-
“Gave It All Up”
(Starr/Poncia)
- Ballade sentimentale, qui rappelle vaguement le Ringo plus traditionnel.
-
“Out on the Streets”
(Starr/Poncia)
- Titre aux accents rock, un break dans l’ambiance disco/funk.
-
“Can She Do It Like She Dances”
(Duboff/Robinson)
- Titre plus funky, peut-être le plus explicite dans l’essai disco. Ringo y sonne parfois «trop» décontracté.
-
“Sneaking Sally Through the Alley”
(Allen Toussaint)
- Reprise du célèbre standard funky. Les fans de Robert Palmer la comparent défavorablement à l’original.
-
“It’s No Secret”
(Starr/Poncia)
- Pop R&B, son un peu banal malgré des arrangements soignés.
-
“Gypsies in Flight”
(Starr/Poncia)
- Ballade à tendance acoustique, le chant de Ringo se fait plus doux et moins forcé.
-
“Simple Love Song”
(Starr/Poncia)
- Clôt l’album sur une note pop minimaliste.
Une promotion difficile, un échec rapide
La promotion de Ringo the 4th se révèle compliquée. Ringo, tax exile, ne peut se mouvoir aisément au Royaume-Uni pour faire la tournée des médias. Il fait quelques apparitions radiophoniques ou télévisées outre-Atlantique, mais le disque n’accroche pas. Le public n’est plus au rendez-vous : ni le premier single («Wings») ni le second («Drowning in the Sea of Love») ne se glissent dans les charts. L’album est lancé le
20 septembre 1977
au Royaume-Uni et le
30 septembre 1977
aux états-Unis. Les ventes sont atones.
Au final, Ringo the 4th culmine à la
162e place
du Billboard 200, un score dérisoire pour un ex-Beatle habitué à des positions bien plus élevées. Au Royaume-Uni, il ne rentre même pas dans le classement. Atlantic, déçu, rompt son partenariat avec Ringo, qui se retrouve sans soutien majeur. Polydor se contente de diffuser l’album dans quelques pays, sort un dernier disque (Scouse the Mouse) purement contractuel, et laisse Ringo voguer vers d’autres horizons.
Conséquences et regard ultérieur
Pour Ringo Starr, la réception de Ringo the 4th fait office de signal d’alerte : le public ne veut plus d’un album hâtivement aligné sur la mode disco, ni de morceaux qui ne profitent pas d’une alchimie forte. Les critiques insistent sur la direction musicale peu adaptée à sa voix. La légèreté et l’enthousiasme qui transparaissaient sur Ringo (1973) ou Goodnight Vienna (1974) ne se retrouvent plus ici. Le disque est perçu comme “forcé”, et Ringo lui-même, d’après certains témoins, ne semble pas en grande forme artistique, laissant la production à Mardin et Poncia.
Dans l’histoire de la discographie de Ringo, Ringo the 4th est souvent pointé comme un point bas, voire un fiasco. Il marque la fin d’une époque où chaque sortie de Ringo suscitait, au moins, un intérêt curieux de la part du grand public. Après ce désastre commercial, Ringo publiera encore Bad Boy (1978), sans plus de succès, avant de s’éloigner longtemps des studios pour n’y revenir que dans les années 1990 avec la formule All-Starr Band.
Si, des années plus tard, certains critiques (PopDose, Drowned in Sound) en viennent à trouver dans Ringo the 4th une forme de comique involontaire ou un charme désuet, cela n’occulte pas l’idée que l’album reste un faux pas, symptomatique d’une période où l’ex-Beatle cherche un second souffle après l’essoufflement rapide de sa carrière solo. à l’occasion, on retient quelques titres divertissants ou un brin funky, mais la plupart des fans préfèrent fouiller dans la période 1971-1974 pour y trouver la quintessence du “Ringo solo”.
Conclusion : L’album de la transition manquée
Dans l’épopée solo de Ringo Starr, Ringo the 4th illustre la tentative de surfer sur la vague disco/funk, dans l’espoir de retrouver les sommets des charts. Pourtant, dépourvu du soutien d’autres ex-Beatles, manquant de compositions fortes, et servi par une production certes professionnelle mais peu adaptée à la voix et à la personnalité de Ringo, l’album se révèle un échec cuisant. Le public, visiblement, n’adhère pas à l’image d’un Ringo disco.
Le titre Ringo the 4th évoque autant son statut de quatrième Beatles que son quatrième “grand” album pop-rock. Hélas, il ne restera dans la mémoire collective que comme le disque où Ringo perd pied dans un univers musical qui n’est pas le sien. Classé 162e aux états-Unis et absent des classements britanniques, il scelle une rupture avec le soutien des grands labels et propulse Ringo dans une longue période de disette commerciale. Pourtant, au-delà de ce raté, l’album garde un intérêt historique : il montre un ex-Beatle cherchant à tout prix une pertinence dans la scène musicale de la fin des seventies, prêt à des compromis stylistiques hasardeux. Pour les collectionneurs, Ringo the 4th demeure un jalon curieux, un témoignage de la difficulté pour un ancien membre des Beatles de maintenir son aura dans un paysage pop en pleine mutation.
En définitive, Ringo the 4th symbolise un moment-clé où Ringo, entouré de musiciens compétents, tente une modernisation radicale en adoptant le disco/funk, mais se heurte à l’indifférence du public et de la critique. Loin d’abattre définitivement l’ancien batteur des Beatles, cette mésaventure l’incitera, des années plus tard, à se réinventer encore, jusqu’à la construction d’un nouveau succès scénique à la fin des années 1980 avec le concept des All-Starr Bands. Toutefois, dans la chronologie de sa discographie, Ringo the 4th reste un épisode aussi fascinant qu’inabouti, marquant la fin de l’ère “Atlantic-Polydor” et l’entrée dans une longue traversée du désert pour l’un des ex-Beatles les plus attachants de l’histoire du rock.
