Ce roman philosophique était dans ma PAL depuis déjà plusieurs années, attendant son tour.
Hermann Hesse (1877-1962) est un écrivain que j’admire beaucoup, pour sa grande clairvoyance et son intelligence tellement profonde et rare.
J’avais déjà aimé de lui le court roman « Knulp » et son essai sur « Le métier d’écrivain ». « Siddhartha » m’a encore tout à fait emballée. J’espère découvrir encore d’autres romans de lui à l’avenir car ce sont chaque fois des lectures très enrichissantes, qui nourrissent vraiment l’âme, ce qui n’est pas si fréquent !
Cette lecture s’inscrit dans le défi des « Feuilles allemandes » organisées par Patrice et Eva du blog Et si on bouquinait et par Fabienne du blog Livr’escapade.
Note pratique sur le livre
Editeur : Le Livre de Poche (initialement : Grasset)
Année de publication initiale : 1922
Traduit de l’allemand par Joseph Delage
Nombre de pages : 158
Quatrième de Couverture
Un jour vient où l’enseignement traditionnel donné aux brahmanes ne suffit plus au jeune Siddhartha. Quand des ascètes samanas passent dans la ville, il les suit, se familiarise avec toutes leurs pratiques mais n’arrive pas à trouver la paix de l’âme recherchée. Puis c’est la rencontre avec Gotama, le Bouddha. Tout en reconnaissant sa doctrine sublime, il ne peut l’accepter et commence une autre vie auprès de la belle Kamala et du marchand Kamaswani. Les richesses qu’il acquiert font de lui un homme neuf, matérialiste, dont le personnage finit par lui déplaire.
Il s’en va à travers la forêt, au bord du fleuve. C’est là que s’accomplit l’ultime phase du cycle de son évolution. Dans le cadre d’une Inde recréée à merveille, écrit dans un style d’une rare maîtrise, Siddhartha, roman d’une initiation, est un des plus grands de Hermann Hesse, prix Nobel de littérature.
Mon Avis
Au vu du titre, je croyais que ce livre était une biographie de Bouddha, puisque Siddhartha était son prénom. Mais, plus j’avançais dans ma lecture, plus j’avais de doutes sur l’identité du personnage principal, prénommé justement ainsi. Seulement, vers le tiers du livre, notre Siddhartha rencontre effectivement Bouddha et renonce à devenir son disciple, bien qu’il juge sa doctrine intéressante et séduisante. A partir de là, quand les deux personnages sont devenus bien distincts dans mon esprit et que j’ai compris que Hermann Hesse voulait nous proposer tout autre chose qu’un exposé bouddhiste puriste et rigoureux, ma lecture est devenue beaucoup plus agréable et j’ai accepté de rentrer complètement dedans. Ce qui a rendu la progression dans ce livre agréable, c’est que cela se lit comme un roman, une belle histoire pleine de péripéties et de personnages attachants, sans rien de dogmatique ou de didactique.
L’histoire de ce personnage, Siddhartha, est le parcours de son existence, de la jeunesse à la vieillesse. Plusieurs fois, il change complètement de vie. Par exemple, il abandonne son état de moine mendiant (samana) du jour au lendemain pour aller s’enrichir en ville, faire du commerce et prendre pour maîtresse une belle courtisane. On peut dire que Siddhartha, au cours de son existence, adopte successivement les différents modes de vies qui s’offrent à l’être humain, de l’ascétisme au matérialisme, de l’hédonisme à la frugalité. Il connaîtra tous les sentiments humains et saura finalement atteindre la paix de l’âme qu’il recherchait dès le début.
Ce livre est donc le récit d’une quête spirituelle, d’un cheminement complexe vers une forme de sagesse.
L’écriture est très jolie, adoptant souvent le ton d’un conte, avec un style assez ancien, ce qui s’explique sans doute par la date de la traduction, des années 1920.
Un livre magnifique, d’une profondeur extraordinaire. Je conseillerais cette lecture aux personnes en quête d’un apaisement intérieur, ou plus généralement qui s’interrogent sur le sens de notre vie.
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Un extrait page 120
Vasudeva n’aimait pas les longs discours et Siddhartha arrivait rarement à le faire parler. Un jour il lui posa cette question : «Est-ce que le fleuve t’a aussi initié à ce mystère : que le temps n’existe pas ?
– Oui, Siddhartha, lui répondit-il. Tu veux dire sans doute que le fleuve est partout simultanément : à sa source et à son embouchure, à la cataracte, au bac, au rapide, dans la mer, à la montagne : partout en même temps, et qu’il n’y a pas pour lui la moindre parcelle de passé ou la plus petite idée d’avenir, mais seulement le présent ?
– C’est cela, dit Siddhartha. Et quand j’eus appris cela, je jetai un coup d’œil sur ma vie, et elle m’apparut aussi comme un fleuve, et je vis que Siddhartha petit garçon n’était séparé de Siddhartha homme et de Siddhartha vieillard par rien de réel, mais seulement par des ombres. Les naissances antérieures de Siddhartha n’étaient pas plus le passé que sa mort et son retour à Brahma ne seront l’avenir. Rien ne fut, rien ne sera ; tout est, tout a sa vie et appartient au présent.»
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