Avec « Average Person », extrait de Pipes of Peace (1983), Paul McCartney explore les rêves et désillusions des gens ordinaires, dans une veine proche du music-hall britannique. Inspiré par son enfance à Liverpool, il dresse des portraits attachants et teintés d’humour, portés par une orchestration soignée de George Martin. Ce morceau méconnu, jamais interprété sur scène, témoigne de la capacité unique de McCartney à capturer l’humanité dans ses compositions.
Lorsqu’on évoque l’œuvre solo de Paul McCartney, certains albums reviennent inlassablement sur le devant de la scène, notammentBand on the RunouMcCartney. Mais parmi ses compositions parfois sous-estimées, il en est une qui mérite une attention particulière : « Average Person », huitième titre de l’albumPipes of Peace, sorti en 1983. Ce morceau, qui porte la signature du McCartney conteur et observateur du quotidien, résonne comme un écho lointain à des chansons telles queEleanor RigbyouAnother Day, explorant les rêves et les désillusions de personnes ordinaires.
Sommaire
- Une inspiration puisée dans la tradition du music-hall
- Un regard tendre sur les aspirations déçues
- Une production marquée par l’empreinte de George Martin
- Un titre en quête de reconnaissance
Une inspiration puisée dans la tradition du music-hall
DerriereAverage Person, on retrouve un Paul McCartney nostalgique d’une époque révolue, celle du music-hall britannique. Le producteur George Martin, complice de longue date des Beatles, a d’ailleurs arrangé la chanson dans cet esprit. Dans une interview àUncuten 2015, McCartney explique comment il s’est inspiré d’une vieille chanson de music-hall intituléeIf I Were Not Upon The Stage. Cette tradition musicale reposait sur une narration chantée où plusieurs personnages exposaient leurs rêves et ambitions, un dispositif qu’il a repris dansAverage Person.
Le morceau met en scène une galerie de personnages anonymes mais attachants : un ancien conducteur de train qui rêvait de travailler avec des lions, une serveuse qui a raté une audition à Hollywood, ou encore un boxeur complexé par sa taille. Tous ces portraits esquissent un tableau plein d’humanité, oscillant entre humour et mélancolie.
Un regard tendre sur les aspirations déçues
McCartney, dans son livreThe Lyrics: 1956 To The Present, raconte comment son enfance à Liverpool a nourri cette fascination pour les « gens ordinaires ». Fils d’une famille modeste, il était souvent au contact de travailleurs dont les rêves se heurtaient à la rudesse de la vie. Le jeune Paul allait même de porte en porte avec son frère Mike pour recruter des membres au club d’horticulture de son père. Cette expérience l’a sensibilisé aux difficultés du quotidien et à ces « histoires cachées » qui nourrissent sa musique.
DansAverage Person, chaque couplet expose un rêve inachevé. Le texte oscille entre comédie et douce amertume : les ambitions non réalisées des protagonistes ne sont pas présentées comme tragiques, mais plutôt comme des aspirations universelles auxquelles tout auditeur peut s’identifier.
Une production marquée par l’empreinte de George Martin
Le morceau a connu plusieurs phases d’enregistrement. McCartney en avait déjà fait une démo en août 1980 et l’avait répété avec Wings en octobre de la même année. Mais ce n’est qu’en février 1981, lors des sessions deTug of Warà Montserrat, qu’une version finalisée a vu le jour. Une première tentative, avec Dave Mattacks à la batterie, a été enregistrée le 4 février 1981, mais la version retenue a été enregistrée quelques jours plus tard avec Ringo Starr aux fût.
La production de George Martin joue un rôle essentiel dans l’atmosphère du morceau. Fidèle à son passé d’arrangeur de musique classique et de jazz, il structureAverage Persondans un style qui rappelle les orchestrations de l’époque music-hall, renforçant ainsi la sensation de nostalgie joyeuse qui s’en dégage.
Un titre en quête de reconnaissance
SiAverage Personn’est pas resté dans les annales comme l’un des classiques de McCartney, il demeure une illustration parfaite de son talent pour raconter des histoires en musique. Il n’a jamais été interprété sur scène, contrairement àIf I Were Not Upon The Stage, que McCartney a repris lors de sa tournée mondiale de 1989-1990.
Ce titre incarne cette facette de McCartney qui, bien que multi-millionnaire et icône mondiale, reste fasciné par les vies ordinaires et les rêves inassouvis. Comme un écho à son passé liverpoolien, il capture en quelques minutes l’essence d’une humanité partagée, avec ce regard tendre et amusé qui fait tout le sel de ses meilleures compositions.
En somme,Average Personest une petite perle nichée au cœur dePipes of Peace, témoignage de la capacité inaltérable de McCartney à transformer le quotidien en musique.
