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« Deep Deep Feeling » : L’exploration intime et audacieuse de Paul McCartney

Publié le 22 novembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Avec « Deep Deep Feeling », Paul McCartney signe une œuvre audacieuse et introspective sur son album McCartney III. Ce morceau de plus de huit minutes incarne une exploration profonde de l’amour et des sensations intenses, tout en repoussant les frontières sonores. Un voyage musical expérimental qui dévoile le génie créatif de McCartney, dans un format libre et sans contrainte, à l’ère du confinement.


AvecMcCartney III, son 18e album solo, Paul McCartney continue de repousser les frontières de sa créativité musicale, explorant de nouvelles sonorités et de nouvelles idées sans contrainte. Parmi les morceaux les plus intrigants de cet album, « Deep Deep Feeling » se distingue non seulement par sa durée (plus de huit minutes), mais aussi par son approche profondément personnelle et expérimentale. Ce morceau devient rapidement un phare dans l’album, une pièce maîtresse qui dévoile une fois de plus le génie créatif de McCartney à l’époque de la pandémie, alors qu’il travaille seul en studio, loin des projecteurs.

Sommaire

L’origine du morceau : Une exploration intime de l’amour

« Deep Deep Feeling » est bien plus qu’une simple chanson : c’est une immersion dans les sensations physiques et émotionnelles liées à l’amour. L’idée du morceau est née de la fascination de McCartney pour ce sentiment étrange et paradoxal qui survient parfois lorsqu’on ressent une passion profonde pour quelqu’un. Il décrit cette expérience comme une sorte de picotement dans tout le corps, un mélange de plaisir et de malaise, comme si l’on était sur le point d’être « téléporté dans un vaisseau spatial ». Ce moment de vulnérabilité intense est central dans « Deep Deep Feeling », et McCartney s’en empare pour traduire cette expérience en musique.

L’artiste avoue que cette sensation étrange, bien que presque « effrayante », le fascine, et c’est ce qui l’a poussé à concevoir une chanson qui, paradoxalement, n’est pas « faite pour être un single » : c’est une expérience sonore avant tout, un voyage introspectif qui, comme l’explique McCartney, ne pourrait pas être condensé en un format plus traditionnel de trois minutes. Ce morceau de longue durée incarne pleinement la liberté créative qu’il se permet dans cette phase de sa carrière, après avoir passé des décennies à naviguer entre les contraintes des Beatles, de Wings et de ses albums solo.

La conception du morceau : Une expérimentation sonore

Avec « Deep Deep Feeling », McCartney ne cherche pas seulement à évoquer une émotion par le biais des paroles, mais aussi à travers la texture sonore et la structure musicale du morceau. Le processus d’enregistrement de cette chanson se révèle être une véritable expérimentation. McCartney a utilisé des outils comme Pro Tools pour manipuler les idées, les mélanges de tempos, et les changements de tonalités, afin de faire évoluer la chanson de manière organique. L’ingénieur du son Steve Orchard décrit cette méthode comme étant proche de la peinture sur une toile, avec McCartney lançant des idées, les réarrangeant, et les laissant prendre forme au fil du temps.

Le résultat est un morceau qui, malgré sa lenteur apparente, regorge de variations subtiles. Des changements d’intensité, des harmonies superposées, des montées en puissance et des passages plus intimes créent une sensation de flux constant, comme si la chanson elle-même était en perpétuelle évolution. McCartney, qui joue de plusieurs instruments sur la piste, notamment de la guitare électrique, de la guitare acoustique, de la basse, des percussions et du Mellotron, empile les couches sonores avec une liberté totale, créant un paysage sonore riche et texturé qui fait écho aux changements émotionnels subtils qu’il cherche à décrire.

Le côté « indulgent » de la composition

L’un des aspects les plus intéressants de « Deep Deep Feeling » réside dans la réflexion que McCartney en fait à propos de la durée du morceau. Le titre dépasse largement les huit minutes, et au départ, McCartney était hésitant quant à sa longueur. Il pensait à l’éditer pour en réduire la durée, mais, en écoutant une version finale, il est tombé sous le charme de cette longueur, cette étendue qui semblait indispensable à l’expérience de la chanson. McCartney admet que cette approche peut paraître « indulgente », mais pour lui, la véritable magie réside dans l’authenticité du moment de création, dans le plaisir de laisser la musique s’étendre, d’explorer sans limites, et de suivre instinctivement ce que le morceau lui dicte. C’est ce qu’il désigne comme une forme de plaisir créatif, un « fun » qui s’ajoute à l’aspect intime et personnel de la chanson.

La dynamique de l’albumMcCartney III

Sorti en décembre 2020,McCartney IIIreprésente un moment particulier dans la carrière de l’artiste. Enregistré à une époque où le monde est plongé dans une crise sanitaire sans précédent, cet album reflète l’isolation, mais aussi l’opportunité créative née du confinement. Travaillant seul dans son studio, McCartney est libre de toute pression externe, ce qui lui permet de revenir à une forme de création pure, loin des attentes commerciales. « Deep Deep Feeling » s’inscrit parfaitement dans cette démarche, car c’est un morceau qui ne cherche pas la reconnaissance immédiate ou la validation populaire, mais qui se concentre uniquement sur l’expression personnelle de l’artiste.

L’albumMcCartney IIIs’inscrit dans une série d’albums où McCartney a pris un rôle plus central que jamais dans la création de la musique. Avec des morceaux comme « Long Tailed Winter Bird » et « Seize The Day », il joue tous les instruments, enregistre les pistes et assure lui-même la production.McCartney IIIest l’aboutissement d’un processus de création solitaire qui trouve son expression la plus aboutie dans des morceaux comme « Deep Deep Feeling ».

La réception et l’impact du morceau

Bien que « Deep Deep Feeling » n’ait pas nécessairement été un single phare, son inclusion dansMcCartney IIIen fait l’un des morceaux les plus fascinants de l’album. Avec sa durée généreuse, ses changements multiples et ses expérimentations sonores, il incarne la capacité de McCartney à s’aventurer en dehors des formats classiques tout en restant fidèle à sa nature musicale profonde. Le morceau a été salué par les critiques comme un des moments les plus ambitieux de l’album, un véritable chef-d’œuvre qui montre un Paul McCartney toujours curieux, toujours à la recherche de nouvelles formes d’expression.

La longue durée de la chanson, bien que susceptible de rebuter certains auditeurs habitués à des formats plus courts, fait partie de son charme et de sa magie. C’est un morceau qui ne se contente pas de passer, mais qui demande au contraire une écoute attentive, une immersion dans l’univers sonore créé par McCartney. C’est aussi un morceau qui rappelle la liberté artistique acquise au fil des années par l’artiste, une liberté qu’il continue de revendiquer même à l’âge de 78 ans.

 Un morceau introspectif et audacieux

« Deep Deep Feeling » n’est pas seulement l’un des morceaux les plus longs deMcCartney III; c’est une exploration sonore audacieuse et introspective de l’amour, de l’intensité émotionnelle et de la liberté créative. À travers cette chanson, McCartney nous invite à ressentir, à plonger dans des sensations profondes, parfois inconfortables, mais toujours sincères. C’est un morceau qui défie les conventions de la musique populaire, qui refuse la structure traditionnelle, et qui propose une vision très personnelle de l’amour et de la musique elle-même. Avec « Deep Deep Feeling », McCartney montre qu’il est toujours capable de surprendre et de captiver son public, même après plus de six décennies de carrière.


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