« That Day Is Done », une des pépites de Flowers In The Dirt, est une collaboration entre Paul McCartney et Elvis Costello, marquée par une émotion intense. Le morceau, à la fois funèbre et mélancolique, évoque la perte et le deuil. Si la tension entre les deux artistes a marqué la création du titre, c’est l’interprétation vocale poignante de McCartney qui fait toute la puissance de la chanson. Elle incarne une étape clé dans la carrière de McCartney, retrouvant une approche plus introspective et profonde après les années 80.
Parmi les joyaux cachés deFlowers In The Dirt,« That Day Is Done »occupe une place particulière. Cette composition issue de la collaboration entrePaul McCartneyetElvis Costellos’inscrit dans une veine émotive et funèbre, offrant une poignante évocation de la perte et du deuil. Retour sur la genèse et l’interprétation de ce morceau marquant.
Sommaire
- Une collaboration sous tension
- Une instrumentation raffinée
- Une interprétation vocale poignante
- Un écho à travers l’album
- Une chanson intemporelle
Une collaboration sous tension
Lorsque McCartney et Costello se retrouvent pour travailler surFlowers In The Dirt, leur association donne naissance à plusieurs titres forts.« That Day Is Done »figure parmi les quatre chansons coécrites par les deux artistes pour l’album. L’influence de Costello est particulièrement prégnante sur ce morceau, qu’il considère comme le pendant funèbre de« Veronica », une autre de ses compositions abordant la fin de vie.
L’écriture de cette chanson se fait sous le signe d’une certaine tension. Costello, très attaché à son texte inspiré par l’état de santé déclinant de sa grand-mère, se heurte à McCartney lorsque ce dernier suggère d’y intégrer des sonorités synthétiques rappelant celles deThe Human League. Face à cette proposition jugée incongrue, Costello préfère quitter le studio pour se calmer.
Ce moment de tension témoigne des différences de sensibilité entre les deux compositeurs : McCartney, toujours enclin à explorer de nouvelles textures sonores, et Costello, attaché à une approche plus organique. Cependant, cette divergence artistique ne freine pas la création du morceau, qui prend finalement une direction plus traditionnelle.
Une instrumentation raffinée
L’enregistrement de« That Day Is Done »commence le3 mars 1988, avec une formation de musiciens triés sur le volet. OutreMcCartneyà la basse et au chant principal, on retrouveNicky Hopkinsau piano,Hamish Stuartà la guitare etChris Whittenà la batterie.
Le choix deNicky Hopkinsau piano apporte une dimension particulière au morceau. Collaborateur régulier des Beatles (notamment sur« Revolution »), il est ici sollicité pour donner à la chanson une base harmonique sobre et expressive.
L’une des touches les plus marquantes de l’arrangement réside dans l’ajout d’une section de cuivres enoctobre 1988. À travers cet arrangement, McCartney et son producteurMitchell Froomcherchent à recréer l’ambiance d’une fanfare funèbre de laNouvelle-Orléans, renforçant ainsi l’aspect solennel du morceau. Cette influence s’inscrit dans la lignée de l’imaginaire que Costello voulait insuffler, celui d’un cortège funèbre où le défunt lui-même observe silencieusement la procession.
Une interprétation vocale poignante
Si la composition et l’instrumentation de« That Day Is Done »participent à son intensité émotionnelle, c’est avant tout l’interprétation vocale de McCartney qui transcende le morceau. Costello lui-même, malgré ses réserves sur certains choix de production, reconnaît la force du chant de McCartney. Ce dernier livre une performance habitée, déchirante, portée par une diction claire et une expressivité qui évoque les plus grandes heures de sa carrière.
L’impact du morceau est tel que Costello l’intègre à la setlist de sa tournée avec lesConfederates, l’interprétant régulièrement lors des finales de ses concerts. McCartney, en revanche, ne l’interprétera jamais en public, le laissant vivre uniquement à travers son enregistrement studio.
Un écho à travers l’album
Si« That Day Is Done »reste l’un des morceaux les plus mélancoliques deFlowers In The Dirt, il s’inscrit dans une dynamique plus large au sein de l’album. Le titre« Don’t Be Careless Love », issu de la même session d’écriture avec Costello, explore lui aussi une atmosphère à la fois lyrique et angoissante.
Par ailleurs, les paroles de« That Day Is Done »contiennent un vers qui donnera son nom à l’album :
She sprinkles flowers in the dirt
Ce passage symbolise la transition entre l’hommage et la douleur, entre la beauté d’un souvenir et la peine de l’absence. Il résume à lui seul la dualité qui traverseFlowers In The Dirt, un album où McCartney, fort de ses collaborations et de son expérience, explore des thématiques profondes avec une maturité artistique remarquable.
Une chanson intemporelle
« That Day Is Done »demeure un morceau marquant, tant par sa puissance évocatrice que par la qualité de son interprétation. Il est le témoin d’une période créative où McCartney, après une décennie 80 parfois critiquée, renoue avec une approche plus introspective et ambitieuse.
La collaboration avecElvis Costello, bien qu’émaillée de divergences, a donné naissance à l’un des albums les plus acclamés de McCartney en solo. Et au sein de ce disque,« That Day Is Done »reste une poignante méditation sur la perte et le souvenir, portée par la voix inimitable de l’ex-Beatle.
