The Beatles: Get Back, réalisé par Peter Jackson, offre une immersion unique dans les sessions d’enregistrement de l’album Let It Be. À travers 8 heures de séquences restaurées, le documentaire corrige l’image de discorde du groupe en 1969 et met en avant la complicité et la créativité des Beatles. Grâce à des technologies de pointe et à des archives inédites, on assiste à la naissance de classiques et à la dynamique du groupe. Ce film redéfinit l’histoire des Beatles et offre une perspective no…
Au cours de l’automne 2021, les adeptes de l’histoire des Beatles ont eu la joie de découvrir un documentaire hors norme : The Beatles: Get Back. Réalisé par Peter Jackson, déjà mondialement connu pour ses adaptations du Seigneur des anneaux, ce projet a nécessité près de quatre années de travail minutieux. Les épisodes, diffusés sur Disney+ pendant trois jours consécutifs, atteignent un total d’environ huit heures — un format inédit, tout à fait à la mesure de l’aura dont jouit encore le quatuor de Liverpool.
Ce documentaire retrace l’élaboration d’un album qui devait, à l’origine, s’appeler Get Back, mais qui finira par s’intituler Let It Be lors de sa sortie en 1970. Au fil de ces heures d’enregistrement, la série nous dévoile la vie quotidienne des Beatles à un moment charnière : janvier 1969, un an avant leur séparation officielle, quand l’ambiance se révèle parfois tendue mais toujours porteuse d’une exceptionnelle créativité. Le film s’appuie sur une matière première riche : pas moins de soixante heures de séquences vidéo et cent cinquante heures d’enregistrements audio, filmés ou capturés dans le cadre du documentaire initial de Michael Lindsay-Hogg.
L’ambition de Peter Jackson, qui décrit son œuvre comme « un documentaire sur un documentaire », est de corriger l’image trop sombre projetée pendant des décennies sur ces sessions légendaires. Depuis la sortie de Let It Be (film de 1970 qui montrait un groupe en apparente rupture), la croyance populaire a souvent exagéré les conflits. Or, Jackson met en lumière un autre récit, plus nuancé, où l’on décèle tout autant l’amitié, la complicité rieuse, la dynamique de groupe encore bien réelle. En complément, Paul McCartney, Ringo Starr, Yoko Ono Lennon et Olivia Harrison ont co-produit le film, assurant à la fois un gage de fiabilité et l’apport d’archives précieuses.
Loin d’être une simple relecture, The Beatles: Get Back se veut un événement culturel et technique. D’un point de vue formel, Jackson a voulu offrir la meilleure qualité visuelle : il a eu recours à des technologies de restauration déjà éprouvées dans They Shall Not Grow Old, film dans lequel il colorisait et retravaillait des bandes de la Première Guerre mondiale. Ici, le processus est similaire : l’image d’époque se trouve nettoyée, débruitée, avec, en prime, l’utilisation d’une intelligence artificielle nommée MAL, chargée de séparer et clarifier les différentes pistes sonores. Cette prouesse permet d’entendre les instruments isolément, de distinguer nettement le bavardage des Beatles, quand autrefois tout se mélangeait dans la cacophonie d’un studio en effervescence.
Pour un documentaire qui se penche sur vingt et un jours de studio en janvier 1969, trois épisodes, chacun avoisinant deux à trois heures, offrent un panorama immersif. Le public assiste quasiment à temps réel aux répétitions, aux discussions parfois passionnées, aux blagues, aux fous rires, et aux élans d’inspiration. Les instants de tension existent, bien sûr, car c’est aussi l’époque où George Harrison quitte brièvement le groupe, lassé de se sentir relégué au second plan. Mais, au fil des scènes, la beauté des sessions s’impose : Get Back, la chanson-phare, naît sous nos yeux, construite à partir d’une simple improvisation de Paul McCartney. On assiste à l’évolution de « Don’t Let Me Down », de « Two of Us », de « The Long and Winding Road », ou encore de l’amorce d’autres titres que l’on retrouvera dans les carrières solos de John Lennon ou de McCartney.
Pour mieux saisir la force de ce projet, il est utile de revenir sur le contexte qui a mené à la naissance de The Beatles: Get Back. Initialement, Peter Jackson s’était rapproché d’Apple Corps, la société gérant l’héritage des Beatles, pour un autre projet en réalité augmentée ou virtuelle. En découvrant qu’il pouvait visionner les bandes originales tournées par Michael Lindsay-Hogg, le cinéaste néo-zélandais a craint de tomber sur un long document morose : la légende voulait que ces sessions de 1969, plus tard baptisées « sessions de la discorde », se soient déroulées dans une ambiance déplorable, préfigurant la dissolution du groupe. Or, dès les premières bobines, Jackson réalise que la réalité est plus vaste et plus nuancée que le récit retenu par l’histoire. Il y retrouve de la complicité, de l’humour, parfois un ennui, mais pas vraiment d’animosité irréconciliable.
Le résultat, c’est une gigantesque plongée dans la création collective, parfois chaotique, souvent touchante, de quatre musiciens au sommet de leur art, qui doivent décider d’un nouveau format de concert et de l’orientation d’un nouvel album, tout en composant, en répètant, en conversant. Michael Lindsay-Hogg, réalisateur du film originel Let It Be, apparaît comme un protagoniste : il propose aux Beatles de se produire dans des lieux extravagants, dont un amphithéâtre romain en Libye, ou sur le sommet d’une montagne. Face à ses propositions démesurées, le groupe hésite, tergiverse, puis finit par élire le toit de l’immeuble Apple Corps à Savile Row comme théâtre d’un concert surprise.
Le documentaire s’ouvre sur des images archivées qui résument en quelques minutes le parcours fulgurant des Beatles depuis leurs débuts. Puis, on entre de plain-pied dans la première semaine de répétitions, se déroulant à Twickenham Studios. Un décor lugubre, trop vaste, peu adapté à l’énergie créative du groupe. Les Beatles, censés produire un spectacle télévisé, se montrent incertains quant à l’intérêt de ce projet. George Harrison s’agace de l’omniprésence de Yoko Ono, toujours assise aux côtés de John Lennon. Paul, parfois directif, tente de motiver les troupes, pendant que Ringo Starr, d’humeur égale, suit le mouvement. Les tensions culminent lorsqu’Harrison claque la porte, quitte le groupe pendant quelques jours. Cet épisode est central : il renvoie aux rumeurs de discorde, sauf que Get Back s’attarde à en montrer les dessous, y compris le manque de clarté du projet et la difficulté pour George à faire valoir ses compositions.
La deuxième partie couvre la période de transition, quand les Beatles décident de quitter Twickenham pour s’installer au sous-sol d’Apple Corps, sur Savile Row. Dans cette configuration plus intime, Glyn Johns joue le rôle de co-producteur et ingénieur du son, tandis que le légendaire George Martin reste en appui. Survient alors Billy Preston, pianiste que les Beatles ont connu à Hambourg, et dont la présence va revitaliser la dynamique du groupe. Le contexte change du tout au tout : les sourires reviennent, l’ambiance se déleste de la grisaille précédente, et on voit l’émergence de prises plus abouties pour des chansons telles que « Get Back », « Don’t Let Me Down » et « I’ve Got a Feeling ». L’entrée en scène de Billy Preston soulève un enthousiasme contagieux. On entend John Lennon plaisanter : « Tu veux pas rester avec nous ? On pourrait te prendre comme membre officiel du groupe ! » Les tensions s’apaisent, l’émulation redevient palpable, même si l’échéance pour livrer quelque chose approche à grands pas (Ringo doit partir tourner un film, The Magic Christian, dans peu de temps).
La troisième et dernière partie, elle, se concentre sur les ultimes jours : l’aboutissement des morceaux et, surtout, la décision de jouer sur le toit de l’immeuble. Cet épisode devient le point d’orgue : l’inoubliable concert du 30 janvier 1969, où les passants de Londres découvrent, en levant la tête, un show improvisé des Beatles, agrémenté de « Get Back », « Don’t Let Me Down », « I’ve Got a Feeling » et d’autres. Peter Jackson donne au spectateur l’intégralité de ce moment mythique, filmé depuis plusieurs caméras à différents endroits : sur le toit, dans la rue, dans le hall où la police tente de se frayer un chemin pour couper l’électricité. On ressent la fraîcheur et l’espièglerie qui caractérisent encore le groupe, malgré les quatre ans de gloire mondiale déjà passés depuis 1965.
Le documentaire s’attarde ensuite sur la finalisation d’autres titres en studio, la préparation de « Let It Be » et de « The Long and Winding Road », la captation de prises parfois hésitantes. On voit la posture de Lennon, plus détendue depuis qu’il retrouve son sens de l’humour, McCartney, qui se montre parfois soucieux, Harrison apportant ses propres compositions (dont « Something »), et Ringo gardant une présence amicale, prêt à jouer au moindre signal, avec sa discrétion habituelle.
Outre l’aspect musical, The Beatles: Get Back est un témoignage rare de la dynamique relationnelle d’un groupe sur le point de se séparer. Le spectateur découvre par exemple un déjeuner off-camera entre John et Paul, enregistré en secret via un micro caché dans une plante par l’équipe du film. On y entend John dire à Paul que ce dernier est devenu le « leader » du groupe, provoquant de la gêne. On y apprend aussi comment ils envisagent George, et comment John tente d’expliquer à Paul qu’ils doivent se montrer plus respectueux envers Harrison. Cette confession, discrète mais cruciale, nuance l’idée que John n’était plus concerné par le groupe.
La sortie de ce documentaire a suscité un grand enthousiasme et des retours critiques globalement très élogieux. Beaucoup saluent la minutie de Jackson, qui a su transformer des heures de rushs en un récit captivant. Les images restaurées semblent parfois avoir été filmées hier : la colorimétrie est vive, les traits des Beatles nets, le résultat bouleverse l’idée que l’on se fait d’un film d’archive. La technique de « dé-bruitage » audio, fruit d’un système sophistiqué d’intelligence artificielle, permet de clarifier les dialogues. Toutefois, certains regrettent un rendu parfois artificiel : en effet, le lissage numérique a fait débat, créant parfois un effet un peu trop propre pour de la pellicule 16 mm des années 1960.
Sur le fond, cette version très longue — près de huit heures — enchante ceux qui rêvent de tout voir, tout entendre, mais fatigue ceux qui estiment que Jackson aurait pu resserrer l’ensemble. Certains critiques jugent que le troisième volet, dépassant les deux heures et demie, se prolonge inutilement. Pourtant, la majorité reconnaît que la série forme un trésor inestimable pour les passionnés, car elle corrige l’image trop sombre laissée par le film Let It Be, souvent résumé aux disputes et à la dissolution imminente. Get Back montre des Beatles certes en fin de course, mais encore soudés, capables de plaisanter, d’explorer ensemble, et de trouver des sursauts d’inspiration en quelques instants magiques.
Les fans d’histoire musicale remarquent également comment The Beatles: Get Back réfute la théorie selon laquelle Yoko Ono serait la principale cause de la séparation. Certes, Yoko est omniprésente, mais souvent silencieuse, à côté de John, participant ponctuellement aux improvisations expérimentales. On la voit converser avec Linda McCartney, sourire à Ringo, s’ennuyer parfois. Jackson souligne d’ailleurs que cette proximité ne gêne pas tant les autres Beatles, hormis quelques irritations ponctuelles de George. En outre, le documentaire n’évoque pas d’autres facteurs majeurs de la dislocation : les divergences commerciales, la mort de Brian Epstein, les tensions sur l’orientation artistique. Mais pour ce projet précis, la présence de Yoko Ono n’apparaît pas comme la bombe à retardement qu’on a décrite pendant des décennies.
En parallèle de la diffusion sur Disney+, un montage d’une quarantaine de minutes, The Rooftop Concert, a connu une projection spéciale en IMAX le 30 janvier 2022, date anniversaire de la performance sur le toit. Ce segment a ensuite été montré dans différents cinémas dans le monde, offrant une expérience immersive du concert final des Beatles. Le public a pu y apprécier les plus beaux plans de cette performance, dont le son a bénéficié du mixage Dolby Atmos. Les fans, conquis, ont retrouvé l’effet d’une véritable salle de spectacle, un brin nostalgique. Par ailleurs, la sortie en Blu-ray et DVD, maintes fois repoussée pour des questions techniques (des problèmes de son devant être corrigés), a finalement eu lieu le 12 juillet 2022. Les rumeurs courent que Peter Jackson aimerait publier un montage encore plus long, avec plusieurs heures supplémentaires d’inédits, ce qui enchanterait sans doute les inconditionnels. Il explique néanmoins que cela dépend du feu vert de Disney et d’Apple Corps.
L’accueil critique est globalement enthousiaste. Sur Rotten Tomatoes, le documentaire culmine avec un taux d’approbation élevé ; les critiques soulignent la plongée incroyablement intime dans le processus créatif. Les images du groupe se remettant en question, se chamaillant parfois, redeviennent un terrain d’étude : la posture de Paul, trop directif ou trop anxieux, la nonchalance de John, la frustration de George, et l’imperturbable gentillesse de Ringo. On voit également un Paul très protecteur envers Yoko, affirmant que ses amis la jugent trop hâtivement. Au final, les spectateurs partagent l’émotion devant le concert sur le toit, où la police intervient, perplexe, pour faire cesser ce tumulte en pleine ville.
En revanche, certains articles regrettent la longueur. Alexis Petridis, du Guardian, juge qu’on y trouve des redites qui risquent de lasser un public moins spécialisé. De même, on critique l’absence de certains événements troubles : ainsi, le documentaire ne montre pas la consommation d’héroïne par Lennon à cette époque, ni la vulnérabilité de certains aspects du quotidien. Philip Norman, auteur de biographies sur les Beatles, a noté que Jackson écarte certains éléments de la réalité. On peut objecter que Jackson n’a pas voulu explorer toutes les aspérités humaines, préférant se concentrer sur le cœur musical et l’énergie collective.
The Beatles: Get Back a su récolter plusieurs distinctions : les Emmy Awards 2022 lui attribuent plusieurs trophées (meilleur documentaire ou série documentaire, meilleure réalisation, meilleur montage, meilleur mixage, etc.). Les critiques soulignent l’originalité de la présentation, le fruit d’un minutieux travail de restauration, et l’intérêt historique incontestable. Sur le plan commercial, la série a aussi généré un véritable emballement, la curiosité gagnant des millions de spectateurs, y compris ceux n’ayant jamais écouté la discographie complète des Beatles. Elle a de surcroît contribué à raviver l’écoute de l’album Let It Be, dont la réédition deluxe a vu le jour peu avant la sortie du documentaire.
Au-delà des notes et des accords, Get Back montre un phénomène unique : celui de quatre jeunes hommes dont l’alchimie a bouleversé la musique populaire. Les voir errer dans un studio glauque, plaisanter avec des reprises de Chuck Berry, envisager de jouer dans un amphithéâtre antique, ou faire l’andouille en interprétant « Two of Us » en grimaçant, nous rappelle à quel point ce groupe restait, malgré les pressions et la fatigue, profondément soudé. On observe par ailleurs les coulisses du travail d’équipe : la suggestion des uns, l’acceptation des autres, les mini-conférences improvisées, etc. Les séquences où ils digressent sur l’éventualité d’un live en plein air reflètent la créativité délirante qui les animait parfois.
En fin de compte, The Beatles: Get Back a réussi à reformuler la perception d’une époque charnière. Au lieu d’une simple ambiance mortuaire et de querelles incessantes, le film propose une trame plus contrastée, où le groupe n’est plus qu’à un an de sa dissolution, certes, mais continue d’avancer. Lennon reste spirituel, McCartney essaye de garder la dynamique, Harrison revendique plus de reconnaissance, et Ringo demeure l’ami patient, l’assise rythmique sereine. Ce prisme nouveau porte un message d’optimisme : malgré tout, il y a eu ces instants de grâce, comme la naissance de « Get Back » ou le concert improvisé sur le toit qui, aujourd’hui encore, résonne dans l’histoire du rock comme l’un des actes scéniques les plus mémorables.
Selon la rumeur, les plans de Peter Jackson pour l’avenir pourraient inclure une version plus longue. L’engouement suscité par la série prouve l’appétit du public pour comprendre en profondeur le processus créatif de ces légendes vivantes. Il est vrai qu’on a l’impression, durant les presque huit heures, de faire partie du cercle restreint, de s’asseoir près de la batterie de Ringo, ou à côté de la basse Höfner de Paul. On perçoit la frustration d’Harrison à chaque fois qu’il propose une idée et que John ou Paul passent à autre chose. On suit Glyn Johns, ingénieur du son, qui constate, à son grand désespoir, que le nouveau studio d’Apple Corps n’est pas encore au point. On voit Linda Eastman (future Mme McCartney) échanger avec Yoko Ono, ou Mal Evans, l’assistant de longue date, apporter du café ou prendre des notes pour des paroles griffonnées sur des feuilles volantes. Tout semble filmé sur le vif, avec un mélange d’excitation et d’exaspération, soulignant les joies et les peines de la création musicale collective.
Puis vient la séquence-clé, celle du célèbre Rooftop Concert. L’épisode final consacre une place de choix à ce mini-concert d’environ trois quarts d’heure, le 30 janvier 1969. Les images ont marqué la pop culture : la police, prévenue par les commerçants importunés, monte pour faire cesser le vacarme. Les Beatles continuent jusqu’à ce qu’on leur coupe presque le courant, lançant des sourires et des plaisanteries au public en bas dans la rue, déjà en attroupement. Le documentaire restitue cette scène culte dans sa longueur intégrale, multipliant les angles de caméra. Les chants de John, Paul, George et les frappes de Ringo s’élèvent dans le ciel londonien, dernier grand concert public du groupe, concrétisation improvisée et pourtant légendaire.
On notera que la diffusion massive de Get Back a coïncidé avec les célébrations autour du cinquantième anniversaire du Let It Be original. L’album, produit dans un contexte tourmenté, s’est ainsi vu redécouvrir par un public qui, parfois, ne connaissait que les grandes lignes du mythe Beatles. Certains spectateurs, plus novices, ont peut-être été rebutés par la durée imposante, mais la majorité salue une œuvre intense, un cadeau incomparable pour quiconque aime la musique.
Plusieurs célébrités du monde du rock se sont enthousiasmées sur les réseaux sociaux, comme Elvis Costello, qui y voit « la plus belle immersion dans la genèse d’un album ». Dave Grohl a déclaré avoir ressenti un frisson permanent en voyant la naissance en direct de classiques intemporels. Les musiciens contemporains soulignent à quel point la fougue et l’improvisation du groupe n’ont rien perdu de leur pouvoir inspirant.
En conclusion, même si l’on n’emploie pas ce terme dans l’intitulé des chapitres, il apparaît évident que The Beatles: Get Back redessine une partie du récit historique entourant la fin des Beatles. Peter Jackson ne le cache pas : il souhaitait corriger l’idée reçue selon laquelle ces sessions n’auraient été qu’une longue descente aux enfers. Bien sûr, l’époque restait délicate, la séparation approchant à grands pas, mais en fouillant la matière brute, le cinéaste illustre la magie collective encore à l’œuvre, la vivacité d’une dynamique unique. L’aboutissement a eu la forme d’un film-somme. Chacun de ses volets apporte son lot d’instants inédits : disputes, complicités, riffs inachevés, plaisanteries, et larmes parfois contenues.
Au final, The Beatles: Get Back se hisse au rang des documents musicaux les plus fouillés de l’histoire du rock, une véritable anthologie de la dernière grande étape de la carrière du quatuor. La maîtrise technique, la restauration d’images, la révision du mythe, tout concourt à faire de cette série un jalon culturel majeur. Les fans de rock y trouveront un trésor inépuisable, ceux qui ne jurent pas par les Beatles découvriront l’humanité et le travail rigoureux derrière les grands succès. On sort de ce visionnage impressionné par la force collective de quatre garçons devenus hommes, dont les liens demeurent tangibles malgré les obstacles. La mission de Peter Jackson s’avère pleinement accomplie, en nous révélant les ultimes feux d’une épopée que l’on croyait connaître, mais qui recèle encore de nombreux secrets.
