Dans On My Way To Work, issu de l’album New (2013), Paul McCartney replonge dans ses souvenirs de jeunesse à Liverpool. Il évoque ses trajets en bus vers ses petits boulots, ses rêves d’avenir et ses premières découvertes du monde adulte. Inspiré par une œuvre de Damien Hirst, ce morceau mêle nostalgie et réalisme, porté par une instrumentation raffinée et la production soignée de Giles Martin. Une chanson introspective qui illustre le talent de McCartney à transformer des moments ordinaires en récits universels.
Le 14 octobre 2013 au Royaume-Uni, et le 15 octobre aux états-Unis, Paul McCartney publiaitNew, son seizième album solo. Parmi les morceaux qui composent ce disque,On My Way To Workse distingue par son ancrage autobiographique et son évocation nostalgique du Liverpool de sa jeunesse. Une plongée dans la mémoire d’un jeune homme qui, bien avant de devenir une icône planétaire, prenait encore le bus pour rejoindre un emploi modeste.
Sommaire
- Un voyage en bus vers le passé
- Les rêves d’un jeune homme
- Une inspiration picturale
- Un accueil enthousiaste et des réactions amusées
- Une instrumentation riche et travaillée
- Un instant suspendu entre passé et présent
Un voyage en bus vers le passé
La chansonOn My Way To Worktrouve son origine dans les souvenirs de McCartney lorsqu’il était un jeune Liverpudlien en quête d’avenir. L’artiste y convoque l’image de ces bus verts à étage, qu’il empruntait pour se rendre à ses petits boulots. Parmi ces emplois, McCartney évoque notamment son expérience en tant que « second man » sur un camion de livraison. Son rôle était d’aider le chauffeur à charger et décharger la marchandise. Le souvenir est teinté d’affection pour son « premier homme », qui lui permettait de dormir pendant le trajet avant de le réveiller à l’approche de leur destination.
Ce quotidien résonne avec la réalité des jeunes Liverpudliens de l’époque, pour qui la voiture restait un luxe inaccessible. Le bus devenait alors un espace de réflexion, un lieu où l’on pouvait observer le monde, se plonger dans une revue ou encore se perdre dans ses pensées.
Les rêves d’un jeune homme
Dans ce titre, McCartney explore les doutes existentiels de sa jeunesse. Deux questions le hantaient alors : quel métier allait-il exercer et comment allait-il rencontrer l’amour de sa vie ? Ces interrogations, universelles, trouvent un écho dans l’expérience de nombreux jeunes, hier comme aujourd’hui.
Il relate aussi, avec une pointe d’humour, ses premières incursions dans le monde des magazines adultes. Ayant enfin atteint l’âge lui permettant d’en acheter, il se souvient de ces pages où apparaissaient des jeunes femmes accompagnées de descriptions biographiques succinctes. Une anecdote qui reflète à la fois la candeur et la curiosité d’un adolescent à la découverte du monde.
Une inspiration picturale
Le titreOn My Way To Workne doit pas son origine à un simple élan de mémoire, mais à une découverte artistique. En feuilletant un catalogue d’art, McCartney tombe sur une œuvre de Damien Hirst intituléeOn My Way To Work. Ce titre l’interpelle : il résume en quelques mots une expérience quotidienne, un moment que chacun peut reconnaître. Cette trouvaille devient alors le point de départ de l’écriture de la chanson.
McCartney a souvent fonctionné ainsi dans sa création. Il se souvient notamment de la genèse deEight Days A Week, inspirée d’une simple réplique d’un chauffeur de taxi. De même, pourLive And Let Die, il avait commencé à composer en partant du titre du film qu’il devait illustrer musicalement.
Un accueil enthousiaste et des réactions amusées
Lors des sessions d’écoute préliminaires deNew, Paul McCartney partageOn My Way To Workavec deux amis prestigieux : Johnny Depp et Dave Grohl. Depp, en particulier, réagit avec enthousiasme à une ligne de la chanson mentionnant Chichester, petite ville anglaise au nom au rythme singulier. Ce genre de détail amusant, qui semble anecdotique, participe à la construction d’un univers réaliste et vivant.
Une instrumentation riche et travaillée
Produit par Giles Martin, fils du regretté George Martin,On My Way To Workbénéficie d’un arrangement soigné où la guitare, le piano et les cordes se mêlent harmonieusement. McCartney assure la plupart des instruments, s’entourant de musiciens fidèles comme Rusty Anderson et Brian Ray à la guitare, Paul « Wix » Wickens au piano et à l’accordéon, ou encore Toby Pitman au programming.
L’apport des cordes est essentiel à l’ambiance de la chanson. L’ensemble, composé notamment de violons, violoncelles et altos, confère une dimension nostalgique et intime au morceau. La production, confiée à Giles Martin, permet de capter cette mélancolie tout en offrant un son moderne et soigné.
Un instant suspendu entre passé et présent
On My Way To Workest un de ces morceaux où McCartney excelle : une chanson qui, sous des dehors simples, renferme une véritable richesse narrative et musicale. Elle illustre son talent à transformer des souvenirs personnels en compositions universelles, capables de résonner avec les auditeurs de toutes générations.
En écoutant ce morceau, on ne peut s’empêcher d’imaginer le jeune Paul, un magazine à la main, rêvant à un avenir encore incertain. Il ignorait alors que quelques années plus tard, il n’aurait plus besoin d’un bus pour se rendre au travail : la musique serait devenue son véhicule vers un destin exceptionnel.
