Hello, Goodbye : La genèse et l’impact d’un tube des Beatles

L’année 1967 fut une période charnière pour les Beatles. Marquée par la sortie de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band et par la mort de leur manager Brian Epstein, elle se conclut avec la parution de Hello, Goodbye, un single qui s’imposa rapidement comme un succès commercial, bien qu’il ne fit pas l’unanimité au sein du groupe.

Sommaire

• Une chanson signée Paul McCartney
• L’enregistrement en studio
• Un single à succès
• Un clip promotionnel controversé
• Une chanson aux multiples interprétations

Une chanson signée Paul McCartney

Si la paternité des chansons Beatles est souvent attribuée au duo Lennon-McCartney, Hello, Goodbye est une composition presque exclusivement de Paul McCartney. L’idée de la chanson naquit dans sa maison de Cavendish Avenue à Londres, alors qu’il tentait d’expliquer à Alistair Taylor, ancien assistant de Brian Epstein, comment il composait. McCartney lui demanda d’exprimer des opposés à chaque mot qu’il prononçait : « noir », « blanc », « oui », « non », « bon », « mauvais », jusqu’à arriver à « hello » et « goodbye ».

Ce jeu de contrastes s’inscrit dans une réflexion plus large sur la dualité universelle, un thème que McCartney juge profondément ancré dans l’expérience humaine. « C’est un thème gémellaire, une idée de dualité qui se retrouve partout dans l’univers », expliqua-t-il plus tard.

L’enregistrement en studio

L’enregistrement de Hello, Goodbye débuta le 2 octobre 1967 aux studios Abbey Road. La chanson, initialement intitulée Hello Hello, fut captée en 14 prises. La formation de base comprenait un piano, un orgue, une batterie et divers instruments de percussion (bongos, congas, maracas et tambourin). Paul McCartney assura le chant principal, la basse et le piano, tandis que John Lennon et George Harrison fournirent les harmonies vocales et les parties de guitare.

John Lennon, qui appréciait peu la chanson, la qualifia de « tentative évidente d’écrire un single ». Il considérait que la meilleure partie était l’improvisation finale, où tous les membres du groupe participaient avec entrain. Cette section, avec ses fameux « Heba, heba hello », fut retravaillée pour inclure un effet d’écho sur les toms de la batterie, une idée que McCartney compara plus tard à la production de Phil Spector.

Des violons furent ajoutés le 20 octobre, orchestrés par George Martin d’après les suggestions de McCartney. L’enregistrement fut achevé le 2 novembre avec l’ajout de lignes de basse supplémentaires.

Un single à succès

Le single sortit au Royaume-Uni le 24 novembre 1967, suivi par sa publication aux États-Unis trois jours plus tard. Immédiatement, il connut un succès foudroyant : il entra dans les charts britanniques à la troisième place avant d’atteindre le sommet la semaine suivante. Il y resta sept semaines, marquant la plus longue présence des Beatles à la première place depuis She Loves You.

Aux États-Unis, Hello, Goodbye grimpa rapidement en tête des classements et s’y maintint pendant trois semaines, restant dans le top 40 pendant dix semaines. Il fut également intégré à l’album Magical Mystery Tour, sorti le jour même que le single.

Un clip promotionnel controversé

Le 10 novembre 1967, les Beatles réalisèrent trois films promotionnels pour Hello, Goodbye au Saville Theatre à Londres. Paul McCartney prit les rênes de la réalisation, une expérience qu’il trouva éreintante : « Il y avait tant de décisions à prendre que j’ai fini par détester cela. »

Le premier clip présentait les Beatles en costumes de Sgt. Pepper, jouant devant un décor psychédélique, avec une séquence finale incluant des danseuses en jupes hawaïennes, surnommée le « Maori finale ». Une autre version montrait les Beatles en habits plus classiques, tandis que la troisième était un montage d’images issues des deux premières.

Aux États-Unis, la première version fut diffusée dans The Ed Sullivan Show le 26 novembre et le lendemain dans The Hollywood Palace. Cependant, au Royaume-Uni, la Musicians’ Union interdit sa diffusion en raison de la politique contre le playback à la télévision.

Une chanson aux multiples interprétations

Au-delà de son aspect joyeux et accessible, Hello, Goodbye peut être vue comme un reflet de la dynamique interne des Beatles à l’époque. La juxtaposition des contraires peut symboliser les tensions croissantes entre les membres du groupe, notamment entre McCartney et Lennon. Ce dernier ne cacha jamais son mécontentement face à la mise en avant de Hello, Goodbye plutôt que de sa propre composition, I Am the Walrus, placée en face B du single.

Malgré les critiques internes, la chanson s’imposa comme un classique du répertoire des Beatles. Sa simplicité lyrique, proche de celle de All You Need Is Love, lui permit d’être facilement comprise par un public international. Encore aujourd’hui, elle reste l’un des morceaux les plus populaires du groupe, preuve de la puissance mélodique et de l’universalité du message porté par McCartney.

Avec Hello, Goodbye, les Beatles clôturaient leur année 1967 en apothéose, préfigurant les changements et les tensions qui allaient marquer la suite de leur carrière. Une chanson simple en apparence, mais dont l’impact et l’histoire résonnent encore aujourd’hui.