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Lennon & Ono par Jacques Marie Mage : les lunettes d’une légende

Publié le 05 décembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

À l’approche des fêtes de fin d’année 2025, l’Estate de John Lennon et Yoko Ono s’est associée à la maison de lunetterie de luxe Jacques Marie Mage pour dévoiler une collection exclusive d’inspiration patrimoniale. Conçues comme un hommage direct à la relation artistique et sentimentale du couple, ces montures en séries limitées, façonnées au Japon par des artisans spécialisés, revisitent les codes esthétiques qui ont accompagné les dernières années créatives de Lennon et la trajectoire avant‑gardiste d’Ono. L’opération se distingue par une idée forte : joindre à chaque paire, dans la limite des stocks disponibles, une réédition vinyle exclusive de Double Fantasy, l’album de 1980 qui scellait la renaissance publique de Lennon aux côtés de Yoko.

Pensée comme une « conversation » entre design, musique et mémoire, la collection John & Yoko by JMM s’inscrit dans un calendrier plus vaste de parutions supervisées par Sean Ono Lennon. Entre un 7” de “Happy Xmas (War Is Over)” / “Listen, The Snow Is Falling” en nouvelles Ultimate Mixes, un spectaculaire vinyle zootrope inspiré du court‑métrage War Is Over! et le coffret monumental Power To The People consacré aux années new‑yorkaises et à l’activisme du couple, l’actualité Lennon/Ono en 2025 se révèle d’une cohérence rare.

Sommaire

  • Jacques Marie Mage : la grammaire d’un luxe de caractère
  • Dr. Dream : la mémoire d’un studio et l’ombre portée de Double Fantasy
  • Ocean Child : la clarté sculpturale selon Yoko Ono
  • Un coffret collector, entre objet d’art et manifeste
  • Double Fantasy : l’album‑pivot qui inspire la collection
  • L’artisanat japonais au service d’une icône pop
  • Une campagne qui parle d’amour, de paix et de regard
  • Un calendrier Lennon/Ono 2025 d’une cohérence exemplaire
  • War Is Over! : quand la chanson devient récit animé
  • Power To The People : un coffret pour relire les années new‑yorkaises
  • Ce que la collection JMM dit de l’icône Lennon/Ono en 2025
  • Une pièce de collection pensée pour durer
  • L’héritage des lunettes de Lennon : de l’accessoire au symbole
  • Des fêtes sous le signe de la paix et de la création
  • Conclusion : une vision à la hauteur d’un mythe vivant
  • Repères historiques : les lunettes de Lennon à travers les époques
  • Yoko Ono : de l’art conceptuel à l’esthétique du quotidien
  • La campagne « War Is Over (If You Want It) » et sa postérité
  • De Plastic Ono Band aux concerts One To One : cadrage d’une période décisive
  • Matériaux, finitions et ergonomie : le langage JMM appliqué à John & Yoko
  • Le marché des éditions limitées : entre désir et responsabilité
  • Harlem Community Choir, “Happy Xmas” et l’éthique de la participation
  • Le rôle de Sean Ono Lennon et de l’équipe de studio
  • Ce que les fans des Beatles y gagneront
  • Perspective : design, musique et mémoire partagée

Jacques Marie Mage : la grammaire d’un luxe de caractère

Fondée à Los Angeles, la maison Jacques Marie Mage s’est imposée en une décennie comme un label de lunetterie haut de gamme à l’identité marquée. Rareté des séries, exigence des matériaux, silhouettes sculpturales, détails métalliques précieux et un imaginaire nourri par l’art, la photographie, la musique et le design du XXe siècle : telles sont les constantes de JMM. Les collections sont produites en micro‑séries au Japon, territoire où l’artisanat lunetier a élevé la précision en véritable culture. Les procédés cumulent des centaines d’étapes – du travail des acétates hautement polis à l’usinage des charnières, jusqu’aux finitions à la main – pour obtenir ces montures au tombé dense et à l’équilibre singulier qui ont fidélisé une clientèle de collectionneurs et de passionnés d’objets bien faits.

Dans cet univers, la rencontre avec l’héritage visuel de John Lennon et Yoko Ono a quelque chose d’évident. Chez Lennon, la monture ronde ou à pont en trou de serrure, symbole d’une élégance minimaliste et introspective, est devenue l’un des attributs iconographiques les plus reconnaissables de la culture pop. Chez Ono, la rigueur conceptuelle se traduit par des lignes claires, un goût pour les contrastes et un art d’assembler le quotidien et l’idée, l’utile et la métaphore. La collection John & Yoko by JMM articule ces deux pôles en deux modèles complémentaires, baptisés Dr. Dream et Ocean Child, qui condensent une mythologie visuelle autant qu’un savoir‑faire contemporain.

Dr. Dream : la mémoire d’un studio et l’ombre portée de Double Fantasy

Le modèle Dr. Dream puise directement son inspiration dans les lunettes portées par John Lennon durant les séances et les sessions de travail qui ont mené à Double Fantasy. La forme, à la fois mid‑century et légèrement early‑eighties, se reconnaît à sa courbe douce sur la ligne de sourcil, à son pont clé et à ces détails métalliques dont Jacques Marie Mage a fait sa signature. L’acétate, taillé dans une épaisseur généreuse puis poli jusqu’à la brillance, donne de la présence sans sacrifier le confort. Les verres, aux teintes subtiles, rehaussent la dimension intime du modèle : on n’est pas ici dans la monture « gimmick », mais dans un objet qui assume la sobriété et la contemplation comme parti pris esthétique.

Le nom Dr. Dream convoque en filigrane l’injonction de Lennon à « produce your own dream » – produire son propre rêve –, formule qui résonne d’autant plus fort que Double Fantasy portait l’idée d’une seconde naissance créative après cinq années de retrait. Choisir ce modèle, c’est revendiquer l’épure d’une vision, au sens propre comme au figuré : affirmer une attitude, une hauteur de vue, un goût pour les objets qui racontent une histoire et la prolongent.

Ocean Child : la clarté sculpturale selon Yoko Ono

Face à Dr. Dream, Ocean Child traduit l’empreinte de Yoko Ono. Le surnom, référence à l’étymologie de « Yoko » en japonais, annonce une monture où la pureté des lignes et la présence sculpturale priment. Ici, la silhouette semble dessinée d’un geste net ; les surfaces réfléchissent la lumière comme des plans d’architecte ; les proportions imposent un équilibre décidé. Ocean Child n’imite pas : il interprète. On retrouve la volonté d’Ono de faire de chaque geste un acte – que ce soit une performance, un poème d’instruction, une installation ou un objet de tous les jours investi d’un supplément de sens.

Dans ses différentes déclinaisons chromatiques – du havane aux noirs profonds, en passant par des transparences fumées et des nuances ambrées – la monture propose autant de manières d’entrer dans l’univers du couple. Jacques Marie Mage y ajoute sa science des textures et des contrastes : arêtes subtilement cassées, biseaux lumineux, armatures métalliques à peine apparentes qui ponctuent l’acétate comme des notes sur une portée.

Un coffret collector, entre objet d’art et manifeste

Au‑delà des formes, l’expérience John & Yoko by JMM se joue dès l’ouverture du coffret monographique pensé pour la collection. La boîte, à la découpe soignée et au gaufrage fin d’un dessin de John Lennon, contient un étui‑enveloppe spécifique, un chiffon commémoratif de grande taille et une carte d’authenticité imprimée en letterpress, numérotée à la main et contresignée par l’artisan. Cette ritualisation de l’objet n’a rien d’accessoire : elle accompagne une mise en scène de la mémoire, en fait un moment aussi bien qu’un bien.

Le parti pris le plus marquant demeure l’ajout d’un vinyle. Dans la limite des stocks, l’achat d’une paire s’accompagne d’une réédition exclusive de Double Fantasy en pressage blanc, clin d’œil esthétique à l’iconographie simple et contrastée de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Ce geste dépasse la logique promotionnelle : il suture l’objet de design à son contexte musical d’origine, il redonne un poids à l’écoute, il fouille dans ce que l’album portait de dialogue entre deux subjectivités, de call & response entre la voix de Lennon et celle d’Ono.

Double Fantasy : l’album‑pivot qui inspire la collection

Sorti en novembre 1980, Double Fantasy marquait le retour de John Lennon après une parenthèse de cinq ans consacrée à la vie familiale. Construit comme une alternance de chansons de Lennon et d’Ono, l’album mettait en regard deux écritures, deux timbres, deux manières de penser la chanson pop à l’aube des années 1980. Les sessions, menées au Hit Factory à New York, posent une esthétique de clarté et de présence qui tranche avec la rugosité des scènes post‑punk et anticipe, à sa façon, l’éclat new wave qui dominera la décennie.

Qu’on pense à “(Just Like) Starting Over”, manifeste de recommencement, à “Woman” et sa tendresse affichée, à “Beautiful Boy (Darling Boy)” adressé à Sean, ou aux pièces d’Yoko Ono comme “Kiss Kiss Kiss” et “Give Me Something” : l’album assemble une polyphonie intime qui trouve aujourd’hui un écho dans la manière dont Jacques Marie Mage agence des matières, des volumes et des textures. La monture devient l’extension matérielle de cette esthétique de transparence, de mise à nu et d’affirmation.

L’artisanat japonais au service d’une icône pop

Si Jacques Marie Mage a choisi le Japon pour la production de ses montures, c’est pour y puiser un savoir‑faire industriel‑artisanal qui confère à ces lunettes leur caractère. La chaîne de fabrication, jalonnée de près de trois cents étapes, mobilise des moules spécifiques, des opérations de soudure au laser, des ajustages progressifs et un polissage minutieux qui donnent à l’objet sa densité et sa douceur au port. Dans la philosophie JMM, la qualité ne se proclame pas, elle se constate dans la durée, la tenue des charnières, la stabilité des acétates, la précision des angles et des rayons.

Appliquée à Dr. Dream et Ocean Child, cette éthique du détail se traduit par une justesse de proportions rarement atteinte. Les lentilles proposées – optiques ou solaires – reçoivent des traitements anti‑reflets et, selon les configurations, des teintes profondes qui enrichissent l’expérience visuelle. À l’usage, la monture épouse le visage sans agressivité, rappelant combien les lunettes, chez John Lennon, furent moins un déguisement qu’un prolongement de soi.

Une campagne qui parle d’amour, de paix et de regard

Sur les réseaux sociaux de Jacques Marie Mage, la campagne d’annonce a insisté sur le caractère hommage du projet : “A tribute to the storied love and legacy of John Lennon and Yoko Ono”. L’angle ne relève pas du simple storytelling. Il renvoie à une histoire faite d’œuvres partagées, de manifestes et d’actions médiatiques – des Bed‑Ins à la campagne “War Is Over (If You Want It)” – qui ont associé musique et engagement. En ancrant sa collection dans ce récit, JMM fait plus que citer une icône ; la maison rejoue l’idée d’un dialogue entre la forme et le fond, entre l’objet et l’idée.

Les images de la campagne, réalisées avec un sens aigu de la lumière et de la surface, alternent gros plans sur les textures d’acétate et évocations du couple, tout en conservant la retenue propre au label. On y retrouve ce mélange de révérence et de modernité qui fait la signature de JMM : ne pas figer le mythe, mais le déplier dans un présent exigeant.

Un calendrier Lennon/Ono 2025 d’une cohérence exemplaire

La collaboration avec Jacques Marie Mage s’insère dans un calendrier éditorial où l’Estate de Lennon/Ono entretient rigueur et qualité curatoriale. Pour les fêtes, un 7‑inch réplique l’édition de 1971 de “Happy Xmas (War Is Over)” couplée à “Listen, The Snow Is Falling”, ici en Ultimate Mixes produites par Sean Ono Lennon et mixées/ingéniérées par Paul Hicks et Sam Gannon. Le choix de ces titres ne doit rien au hasard. “Happy Xmas (War Is Over)”, pièce maîtresse du répertoire solo de Lennon, demeure un chant saisonnier et un manifeste pacifiste ; “Listen, The Snow Is Falling”, composition d’Ono à la poétique atmosphérique, en offre le contrechamp onirique.

En parallèle, un vinyle zootrope au tirage limité propose une expérience visuelle inédite : posé sur la platine et synchronisé à la bonne vitesse, le disque fait naître une animation directement inspirée du court‑métrage War Is Over!. Le graphiste Drew Tetz, qui a perfectionné l’art du zootrope sur vinyle, a conçu des motifs séquentiels à partir d’extraits du film. On y retrouve l’idée chère à Lennon et Ono d’un mariage entre image et son, entre média analogique et poétique contemporaine.

War Is Over! : quand la chanson devient récit animé

Le court‑métrage War Is Over! (Inspired by the Music of John & Yoko) a cristallisé, depuis sa première diffusion, un nouvel élan autour du message de “Happy Xmas (War Is Over)”. Porté par Sean Ono Lennon, réalisé par Dave Mullins avec l’appui technologique de Wētā FX et mis en musique par le compositeur Thomas Newman, le film transpose en langage visuel cette tension entre jeu et conflit, entre empathie et résolution.

L’histoire, dépouillée de références nationales, met en scène deux soldats adverses, reliés par une partie d’échecs orchestrée par un pigeon messager. Cette fable universelle prolonge la stratégie conceptuelle de la campagne “War Is Over (If You Want It)” de 1969 : proposer une proposition ouverte, inviter le public à compléter le sens. Que le vinyle zootrope et les Ultimate Mixes viennent s’y adosser confère à l’ensemble une unité éditoriale qui dépasse la commémoration.

Power To The People : un coffret pour relire les années new‑yorkaises

Autre événement majeur de 2025, le coffret Power To The People rassemble sur douze disquesneuf CD et trois Blu‑ray – des matériaux rares ou inédits consacrés aux années new‑yorkaises de John Lennon et Yoko Ono. On y redécouvre l’énergie des concerts One To One de Madison Square Garden (30 août 1972), la densité d’un engagement public qui faisait de la scène un forum et de la chanson un vecteur d’idées.

Sous la direction de Sean Ono Lennon, les bandes ont été remixées et ré‑ingéniérées par Paul Hicks et Sam Gannon, à partir de transferts HD supervisés par Rob Stevens, avec un mastering d’Alex Wharton à Abbey Road. Dans son texte de préface, Yoko Ono insiste sur le sens de ces concerts : un rock pour la paix et l’éveil, ultime performance commune du couple sur une grande scène. La thématique de la liberté d’expression, du désarmement et de la solidarité traverse la sélection et replace l’album Sometime in New York City dans une dynamique d’expérimentation et de débat citoyen.

Au‑delà des œuvres audio et vidéo, le coffret s’accompagne d’un livre richement documenté, d’archives et de fac‑similés qui retracent le processus de création et le contexte politique et médiatique. À l’heure où l’on reconsidère les années 1970 et le début des années 1980 à la lumière de leurs contradictions, Power To The People propose un récit où la musique redevient un espace d’action.

Ce que la collection JMM dit de l’icône Lennon/Ono en 2025

En éditant des lunettes inspirées de Dr. Dream et Ocean Child et en y associant une réédition de Double Fantasy, Jacques Marie Mage ne se contente pas d’exploiter un motif nostalgique. La maison travaille la mémoire comme une matière vivante. Elle rappelle que les lunettes de John Lennon ne furent pas qu’un signe mais une éthique du regard : une manière d’observer le monde avec douceur, ironie parfois, lucidité toujours. Elle souligne, en creux, la puissance de Yoko Ono à transformer l’ordinaire en gestes conceptuels, à faire de l’objet un support d’instruction poétique.

Le pressage blanc de Double Fantasy glissé dans le coffret opère comme un pont. Il renvoie à l’idée d’économie visuelle qui marquait déjà l’art d’Ono, tout en s’accordant à la sobriété assumée des montures. Il redit que la musique et le design peuvent s’éclairer mutuellement, chacun révélant dans l’autre une valeur d’usage et une valeur d’aura.

Une pièce de collection pensée pour durer

Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’objet, la collection John & Yoko by JMM offre des garanties concrètes : acétates denses et stables, charnières robustes, ajustage précis, traitements optiques soignés. Les conseils d’entretien, que l’on devine à la lecture des fiches techniques, insistent sur l’usage de sprays non alcoolisés, l’évitement de la chaleur extrême et la protection systématique dans l’étui fourni. La promesse n’est pas celle d’une tendance éphémère, mais d’un objet durable, voué à se patiner au fil des ans.

La numérotation individuelle des exemplaires et la signature de l’artisan sur la carte d’authenticité renforcent le sentiment d’unicité. Chaque paire devient une pièce au sein d’un corpus plus large – la collection JMM – qui valorise les parcours personnels. Dans la logique des micro‑séries, la rareté n’est pas un artifice, mais la conséquence d’un processus et d’un rythme de production.

L’héritage des lunettes de Lennon : de l’accessoire au symbole

Il n’est pas anodin que la culture populaire ait retenu, parmi les attributs de John Lennon, ses lunettes. De la période Beatles à la carrière solo, elles incarnent une certaine manière d’être au monde : une distance légère, une acuité sans agressivité, une forme d’humour discret. Dans les années 1960, la monture ronde, parfois ultra‑fine, participe de cette aura d’intellectuel pop que l’on retrouvera chez d’autres figures britanniques. À la fin des années 1970 et au tournant de 1980, la silhouette évolue légèrement sans perdre l’essentiel : un minimalisme expressif.

La collection John & Yoko by JMM s’inscrit dans cette généalogie. Elle montre qu’une forme peut être réactualisée sans trahir ce qui en faisait la force. Dans un monde saturé de signes, ces montures rappellent la virtu d’un design qui ne crie pas mais énonce, qui préfère la justesse à l’ostentation. Elles invitent, à leur manière, à regarder à nouveau, à prendre le temps.

Des fêtes sous le signe de la paix et de la création

Que la collection soit dévoilée au cœur de la saison des fêtes n’est pas un hasard. Le calendrier renvoie à la tradition instaurée par “Happy Xmas (War Is Over)”, qui, chaque année, réapparaît comme un cantique laïc rappelant des idéaux simples : la paix, la bienveillance, la responsabilité individuelle et collective. Associer des objets comme des lunettes à la musique et à un film qui réaffirme ces messages constitue une manière élégante de lier l’intime et le public, le quotidien et l’utopie.

Les Ultimate Mixes dirigées par Sean Ono Lennon, l’expertise de Paul Hicks et Sam Gannon, la partition de Thomas Newman pour War Is Over!, tout converge vers une restitution soignée du patrimoine Lennon/Ono. L’enjeu n’est pas seulement d’archiver mais de réactiver. Que l’on découvre Dr. Dream et Ocean Child, que l’on pose sur la platine le pressage blanc de Double Fantasy, que l’on regarde l’animation tourner sur le vinyle zootrope, chacun de ces gestes produit une expérience cohérente.

Conclusion : une vision à la hauteur d’un mythe vivant

La collaboration Lennon/Ono x Jacques Marie Mage résume l’ambition d’un patrimoine géré avec exigence : conjuguer fidélité et création, archives et usages contemporains. En offrant des montures inspirées, un coffret pensé comme un rite, et en liant le tout à la musique qui a fait l’histoire, la collection dépasse la nostalgie pour toucher à ce que l’on pourrait appeler un présent augmenté du passé.

Pour les fans des Beatles et de l’œuvre solo de John Lennon, pour les admirateurs de Yoko Ono, pour les amateurs de design et de lunetterie, pour celles et ceux qui voient dans l’objet une manière de penser et de sentir, John & Yoko by JMM proposera plus qu’un accessoire : une expérience complète, esthétique et médiologique, fidèle à l’esprit d’un couple qui aura su faire dialoguer la forme et l’idée, la vie et l’art.

À l’heure où l’actualité multiplie les rééditions et les initiatives autour du couple, on peut saluer la cohérence de l’ensemble : des Ultimate Mixes de “Happy Xmas (War Is Over)” et “Listen, The Snow Is Falling” au vinyle zootrope inspiré de War Is Over!, du coffret Power To The People à la collection John & Yoko by JMM, tout s’imbrique sans redite. La musique conserve sa force d’adresse ; le design ses vertus d’attention et de précision ; l’image son pouvoir de suggestion.

La mythologie Lennon/Ono continue de vivre parce qu’elle sait encore éclairer le présent. Et si ces lunettes nous apprennent quelque chose, c’est peut‑être ceci : la paix, la création et le regard sont des gestes qui se cultivent. Chaque jour, patiemment. Comme on polit une monture. Comme on affine un mixage. Comme on écrit une chanson. Comme on produit son propre rêve.

Repères historiques : les lunettes de Lennon à travers les époques

Bien avant Double Fantasy, la relation de John Lennon aux lunettes s’ancre dans l’imaginaire des Beatles. Au début, Lennon hésite à apparaître en public avec ses lunettes de vue, héritage des montures distribuées par le National Health Service britannique. La bascule s’opère au milieu des années 1960 lorsque la monture ronde, fine, à l’allure quasi victorienne, devient un signe distinctif. Des clichés de Bob Gruen aux tournages de films, en passant par les séances de studio, l’accessoire s’installe jusqu’à participer à l’iconographie d’albums et de pochettes devenus classiques. Dans la période post‑Beatles, et malgré quelques variations de diamètre et de pont, la forme reste le fil rouge d’une esthétique à la fois littéraire, intellectuelle et pacifiste.

Cette continuité offre un contexte parfait à l’approche de Jacques Marie Mage : ne pas copier la « lunette de Lennon » telle quelle, mais en traduire l’esprit. La monture Dr. Dream ne singe pas la finesse des fils métalliques des années 1960 ; elle choisit l’acétate dense et texturé, plus contemporain, mais conserve l’esprit d’humilité et de concentration propre au musicien. Ocean Child, de son côté, transpose en volumes la clarté d’une pensée artistique que Yoko Ono n’a cessé d’exprimer à travers des médias variés.

Yoko Ono : de l’art conceptuel à l’esthétique du quotidien

Pour saisir l’axe Ono de la collection, il faut rappeler combien la pratique de Yoko Ono a déplacé le regard sur l’objet et l’instruction. Ses instruction poems, dès les années 1960, proposaient une partition où le spectateur devenait acteur d’une œuvre située entre idée et expérience. Les Bed‑Ins pour la paix avec John Lennon ont prolongé ce principe : faire du quotidien un lieu de revendication poétique et politique.

Dans ce cadre, une monture n’est pas qu’un accessoire : c’est un dispositif. Elle filtre la lumière, oriente le champ, signe un positionnement. Ocean Child s’accorde à cette conception. Ses lignes déterminées, sa présence affirmée sur le visage et la précision de ses détails en font une matérialisation des gestes qu’Ono déploie dans ses performances et ses œuvres textuelles. L’élégance n’y est jamais ostentatoire ; elle sert une clarification du regard.

La campagne « War Is Over (If You Want It) » et sa postérité

L’un des arrière‑plans idéologiques de l’ensemble des parutions 2025 demeure la formule « War Is Over (If You Want It) » lancée en 1969. Répétée sur des affichages urbains à travers plusieurs villes du monde, elle synthétisait la volonté de décloisonner la protestation : plutôt qu’un slogan de parti, une proposition ouverte, adressée à chacun. Le court‑métrage War Is Over! et les rééditions de “Happy Xmas (War Is Over)” réactivent ce principe dans un langage contemporain.

Le choix d’un vinyle zootrope n’est pas anecdotique : il conjure une magie mécanique, réhabilite l’optique comme jeu et enseignement visuel, rappelle que la culture pop a toujours été un terrain d’expérimentation technique. La musique devient image, l’image redevient mouvement ; le message, lui, circule d’un support à l’autre sans se diluer.

De Plastic Ono Band aux concerts One To One : cadrage d’une période décisive

La période new‑yorkaise mise à l’honneur par le coffret Power To The People est une matrice pour comprendre l’esthétique et l’éthique du couple au début des années 1970. Avec Plastic Ono Band, formation à géométrie variable, John Lennon et Yoko Ono inventent un laboratoire où la chanson se fait cri, mantra, pamphlet ou berceuse. Les concerts One To One au Madison Square Garden en août 1972 condensent cette tension : aider une cause par un concert, transformer la salle en agora, faire d’un répertoire un outil.

Le travail de remixage et de restauration opéré pour Power To The People rend audibles des strates sonores, redonne de l’épaisseur aux voix et aux instruments, et permet de revisiter des prises parfois sous‑estimées dans la discographie. Cette dynamique d’édition exigeante, menée par Sean Ono Lennon avec Paul Hicks et Sam Gannon, s’inscrit dans un mouvement plus large de réévaluations critiques des années 1971‑1973, où l’on mesure la fécondité d’un couple souvent caricaturé mais profondément expérimental.

Matériaux, finitions et ergonomie : le langage JMM appliqué à John & Yoko

Sur le plan concret, la collection John & Yoko by JMM se reconnaît à des acétates soigneusement maturés, aux angles et rayons calculés pour un équilibre sur le nez et derrière l’oreille, et à la présence de détails métalliques – plaquettes, rivets, plaquettes gravées – qui donnent à l’ensemble une musicalité visuelle. Les verres, proposés en déclinaisons optique et solaire, reçoivent des traitements anti‑reflets internes et s’accordent en tonalités fumées, ambre, vert profond ou bleuté selon les coloris.

Les variations chromatiques – havane poli, noir brillant, gris fumé, ambre, et quelques séries plus audacieuses – permettent d’accorder la monture à différentes carnations et attitudes. Loin d’un simple exercice de style, ces choix renvoient à la volonté de Jacques Marie Mage de proposer des objets qui deviennent des compagnons de vie plutôt que des signaux passagers.

Le marché des éditions limitées : entre désir et responsabilité

La stratégie de micro‑séries menée par JMM s’accompagne d’une réflexion sur la responsabilité. Produire en quantités réduites, documenter le parcours de chaque pièce, assurer un service de réparation et de garantie : l’écosystème JMM valorise le temps long. Dans un contexte où l’accessoire peut se transformer en consommable, la maison soutient l’idée d’une réparation possible, d’une durabilité assumée.

Appliquée à une collection patrimoniale comme John & Yoko, cette philosophie permet de décongestionner le rapport au merchandising musical. On n’est pas face à une multiplicité d’objets à cycle de vie ultra court, mais face à une offre ciblée, pensée pour demeurer. Les fans des Beatles, collectionneurs de vinyles et amateurs d’optique haut de gamme, y trouveront un terrain commun où la valeur d’usage et la valeur symbolique coexistent.

Harlem Community Choir, “Happy Xmas” et l’éthique de la participation

Le retour du 7” “Happy Xmas (War Is Over)” / “Listen, The Snow Is Falling” en version Ultimate Mixes rappelle la dimension participative chère à Lennon et Ono. L’enregistrement original réunissait le Harlem Community Choir, chœur d’enfants dont la fraîcheur vocale contrepointait la gravité du propos. Le refrain, conçu comme un chant partagé, a contribué à faire de la pièce un standard saisonnier. En 2025, cette nouvelle mise à jour sonore vise moins à « moderniser » qu’à clarifier, à débroussailler les fréquences pour restituer l’intention.

Face B de cette réédition, “Listen, The Snow Is Falling” offre l’une des expressions les plus pures de la poétique d’Yoko Ono : une attention au monde dans ce qu’il a de micro‑événements, une invitation à prêter l’oreille à ce qui tombe, s’accumule, silencieusement. L’association des deux titres figure à merveille l’équilibre du couple entre déclaration et écoute, manifestation et intimité.

Le rôle de Sean Ono Lennon et de l’équipe de studio

Au fil des projets récents, Sean Ono Lennon s’est imposé comme un directeur artistique vigilant du patrimoine enregistré de ses parents. Entouré d’ingénieurs et de mixeurs qui connaissent intimement ces bandes – Paul Hicks, Sam Gannon – il a impulsé une série d’Ultimate Mixes qui ne visent pas la sur‑production mais la lisibilité, l’équilibre et la fidélité aux sources. Cette approche se vérifie sur les rééditions de “Happy Xmas (War Is Over)”, le zootrope War Is Over! et le coffret Power To The People.

La constance d’une équipe, la rigueur des transferts et masterings, l’attention aux notes de pochette et aux contextes permettent de transformer la réédition en véritable édition. Cet angle éditorial rejoint la démarche de Jacques Marie Mage : composer un objet où chaque détail compte, où l’on ne sépare pas la forme du fond.

Ce que les fans des Beatles y gagneront

Pour le public francophone, souvent très attentif aux détails de l’histoire des Beatles et des carrières solo, cette collaboration offre une porte d’entrée renouvelée. D’un côté, une collection de lunettes qui permet d’habiter l’imaginaire visuel de John Lennon et de Yoko Ono sans tomber dans le déguisement ; de l’autre, une série de parutions audio et vidéo qui replacent les œuvres dans leur épaisseur historique et leur actualisation technique.

Le pressage blanc de Double Fantasy qui accompagne l’achat d’une monture cristallise cette rencontre : objet d’écoute et objet de vue réunis. Pour les lecteurs de Yellow‑Sub.net, cet ensemble est l’occasion de revisiter une période‑charnière, de comprendre la cohérence d’un calendrier éditorial, et de mesurer combien l’héritage Lennon/Ono reste vivant lorsqu’il est traité avec exigence.

Perspective : design, musique et mémoire partagée

En définitive, la collection John & Yoko by JMM prouve que le design peut devenir un vecteur de mémoire sans perdre sa pertinence d’usage. Les deux modèles, Dr. Dream et Ocean Child, ne sont pas des fétiches ; ce sont des objets conçus pour voir mieux, lire, écrire, jouer, travailler, flâner. Ils rappellent cette vérité simple au cœur de l’œuvre de John Lennon et Yoko Ono : l’art n’est pas un ailleurs, mais une manière de frayer dans le monde.

Ainsi s’explique l’évidence avec laquelle la musique, le film War Is Over!, le 7‑inch saisonnier, le coffret Power To The People et la collection JMM s’emboîtent. Chacun parle le langage de l’autre. Chacun réactive une part de ce que furent l’amour et la création chez John & Yoko : une conversation ininterrompue entre idée et forme, entre engagement et joie, entre paix et puissance.


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