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Écouter les besoins des autres

Publié le 07 décembre 2025 par Lana

Depuis que je sais que je suis autiste et que j’apprends à connaître mon fonctionnement, je suis un peu en train de découvrir la vie (il n’est jamais trop tard 😅). Des choses que je fais et qui me semblent tout à fait logiques et même universelles ne le sont en réalité pas du tout.

Par exemple, j’ai découvert qu’on pouvait avoir une autre safe place que chez soi, ce qui ne m’avait absolument jamais traversé l’esprit, puisque pour moi un endroit où je n’ai pas de contrôle sur les interactions sociales ou le bruit (ne fut-ce que la musique d’ambiance) ne peut pas être une zone sécure.

De la même façon, je pensais que tout le monde faisait les mêmes gestes dans le même ordre tous les matins dans la salle-de-bains. Ça me semble être la chose la plus efficace et logique à faire, pour ne pas perdre de temps et d’énergie inutilement à réfléchir à ce que l’on doit faire. Ça m’a beaucoup étonnée que tout le monde ne fasse pas cela, et encore plus quand j’ai appris que pour la plupart des gens, faire les choses dans un ordre différent chaque matin ne leur coûte rien ou presque en énergie mentale.

Ça m’a fait penser à quelque chose que dit une de mes amies, quand on lui demande ce que ça fait d’être autiste, elle a toujours envie de répondre « Je ne sais pas. Ça fait quoi d’être neurotypique ? ».

La conclusion de tout ça, c’est que l’on devrait vraiment écouter davantage les besoins des uns et des autres même si on ne les comprend pas. Et ça va bien au-delà de l’autisme, évidemment. Des choses qui nous paraissent simples peuvent être extrêmement compliquées pour d’autres, et inversement. On est habitué à juger les gens à partir de notre expérience du monde, et à penser que ceux qui demandent un aménagement, une entorse à une règle ou de l’aide pour quelque chose qui nous paraît peu coûteux en énergie le font par caprice ou flemme, sont des profiteurs ou des personnes démesurément exigeantes.

Le monde se porterait mieux si on décidait d’arrêter de partir du principe que les gens sont dans la majorité des profiteurs, surtout quand ils ont un handicap ou une maladie chronique. Disons-nous plutôt que si cette personne exprime un besoin qui nous étonne, c’est qu’elle fonctionne différemment, et que la meilleure chose à faire est de respecter ce besoin, y compris si on ne le comprend pas. Et dans un deuxième temps, si la personne le souhaite, on peut discuter et expliquer qu’on a des modes de fonctionnement différents.

Et dans un cent cinquantième temps 🤣, on pourra toujours évaluer la (très très faible) probabilité qu’elle soit quelqu’un qui simule un handicap pour en tirer des avantages (tels que vivre dans la précarité et être stigmatisé en permanence).


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