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"Martyrs" : désolant

Par Rob Gordon

Pour être pile dans le ton, Martyrs aurait dû sortir à la mi-juin, date à laquelle des millions d'ados suent sang et eau sur leur copie du bac philo, tentant de mener des réflexions ambitieuses mais ne livrant qu'un ramassis de contre-vérités et de banalités, assorti d'un sens de la métaphore d'une lourdeur touchant au sublime. Soyons clairs : Martyrs est un film d'une nullité absolue, mais il n'y a rien de jubilatoire à l'affirmer. Parce que Pascal Laugier a vu grand, et que derrière son style frimeur et pompeux se cache une vraie envie de raconter et de provoquer l'émoi du spectateur. Comme devant une mauvaise copie de philo, celui-ci s'ennuie dès l'introduction et subit un développement laborieux et téléphoné tout en imaginant à raison le degré de vacuité de la conclusion qui lui sera servie à la hâte en fin de devoir. Un calvaire, mais sans doute pas au sens où l'entend Laugier.


C'est qu'on a du mal à accepter l'aspect métaphysique et sociologique d'un film qui démarre aussi finement qu'un mauvais Christophe Lambert (qui a dit pléonasme ?). Tout comme ce propos faussement génial et vraiment rance. La dégueulasserie des effets visuels (admirables, notamment à la fin) s'arrête alors à la frontière de la rétine, le cerveau refusant tout net de croire une seule seconde à ce qui lui est présenté. Aussi sordides soient les nombreuses scènes de violence physique et/ou morale qui parsèment Martyrs, on n'est impressionné par rien, ou en tout cas pas plus que face à ces tableaux réalistes où un "oooh, c'est ressemblant" montre que l'émotion n'est pas là. Se faire chier devant un film d'horreur un mardi après-midi : que la vie peut être sordide.


On ne saurait pas vraiment dire si les actrices sont bien ; sans doute, oui, mais l'hémoglobine et les décibels (le film vient de dépasser allègrement Mamma mia ! au classement des films les plus hystériques de l'années) prennent le pas sur toute espèce de talent. Martyrs mériterait le César des meilleurs maquillages s'il existait. Sinon, il n'y a guère qu'au titre de film le plus con du moment qu'il puisse concourir. Quoi qu'on puisse presque comprendre qu'il ait séduits certains. "On adore ou on déteste" : la formule si passe-partout est on ne peut plus vraie ici. Martyrs ne peut laisser indifférent, et ne manquera pas de faire naître le débat dans les soirées arrosées. C'est là son seul avantage.


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