En assistant à une lecture publique de poésie, en novembre dernier, j’ai pu écouter des poèmes extraits de ce recueil, « Dans l’angle mort« , lus par l’auteur lui-même, Jean-Philippe Sedikhi.
Leur simplicité et leur évidence m’ont plu, cette langue franche et directe s’accorde bien avec les préoccupations sociales, très urbaines, exprimées par l’auteur. Des situations de la vie quotidienne, telles que chacun a pu les éprouver dans nos sociétés actuelles, sont décrites, mises en lumière, par quelques traits caractéristiques.
Une poésie soucieuse de fraternité, de justice – une poésie engagée dans un sens humaniste. On sent Jean-Philippe Sedikhi à l’écoute des plus fragiles, de ceux qui souffrent, des exilés ou des exclus.
En cette période de l’Avent, où l’on prépare les festivités, les cadeaux, les agapes et les réunions familiales, la lecture de ces poèmes nous rappelle aussi de nécessaires solidarités…
Note pratique sur le livre
Éditeur : L’Harmattan, collection Poésie(s)
Année de publication : automne 2025
Préface d’Eric Dubois.
Nombre de pages : 112
Note sur le poète
Jean-Philippe Sedikhi écrit de la poésie, des nouvelles et des histoires jeunesse. Ses écrits ont été publiés dans plusieurs revues francophones : Traversées, Poésie première, Poésie mag et L’atelier du roman.
Quatrième de couverture
Bienvenue dans l’angle mort de nos sociétés : celui qu’on oublie, celui qu’on tait.
Dans ce premier recueil, Jean-Philippe Sedikhi dresse, poème après poème, un tableau brut et bouleversant de l’invisible. Sa poésie, influencée par Raymond Carver et Jacques Prévert, est directe, sans fioriture, mais d’une puissance rare. À travers des scènes du quotidien, il nous parle d’exil, de solitude, de pauvreté, d’errance et de dignité. Il capte la beauté fragile d’un instant, l’éclat d’une détresse, le silence d’un regard.
Ce recueil n’est pas un simple livre de poésie : c’est un cri discret, un témoignage sensible, un miroir tendu vers ceux qu’on ne voit plus.
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Choix de poèmes
(Page 24)
Dans l’angle mort
Il est une casquette,
Une vieille veste,
Un t-shirt troué,
Il est midi sans manger,
Il est un euro dans un gobelet,
Il est dans l’angle mort où l’on ne regarde jamais
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(Page 57)
Gratte Papier
Il se demandait souvent ce qu’il deviendrait avec son diplôme en poche,
Il s’imaginait gratte papier,
Dans un petit bureau sombre avec une pile de dossiers et ça lui donnait envie de pleurer.
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(Page 78)
Cloche pied
J’écris ce poème pour les petits français,
Pour les enfants de Camus,
Pour les enfants de l’Étranger,
Pour ceux qui ont un nom qui marche à cloche pied.
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(Page 98)
Dans l’ombre de soi
Englouti,
Dans l’ombre de soi,
Incapable de pénétrer l’épaisseur du monde,
Etrange personnage mutique,
à la peau fragile,
Aux sens aiguisés,
A la mémoire fertile,
Au corps endolori,
Accélérant le pas vers le rendez-vous des choses perdues.
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