
Les années 2020's auront été fertiles en retours réjouissants pour ce qui est du rock indé. The The et plus près de nous d'autres mastodontes comme Stereolab, Pulp ou My Bloody Valentine (je fais sur moi) sont revenus aux affaires (mais étaient-ils vraiment partis ?) ; de cela on ne peut que se féliciter.En 2025 Evan Dando est aussi de la partie avec ce qui doit être son 11ème album à peine dans une carrière qui a tout de même commencé tout à la fin des années 80.
Revenu de tout, de la dope et des avanies et légèrement plus buriné qu'au temps de la splendeur de It's A Shame About Ray (92) et Come On Feel....(93), le contemporain et frère d'armes de Sebadoh, Dinosaur Jr., Pavement et de tout cet aréopage de brailleurs velus lo-fi tant chéris revient avec Love Chant, album court, remuant, globalement inégal voire bâclé tel à son habitude mais au charme qui fait mouche. Désormais installé et filant le parfait amour au Brésil, le beau gosse qui ne s'est pas pour autant converti à la bossa, nous livre.....11 déflagrations lo-fi dans son style caractéristique : une prise de son à la va-comme-je-te-pousse, une alternance chansons tendres - superbe et émouvante "Together is all I'm after" malgré une intro foutraque - et des guitares crades et juteuses - tiens mais c'est bien sûr ! c'est la crinière de Jay Mascis que l'on voit pourvoyeuse d'un solo à la manière de et irrésistible dans le clip du single "Deep end"! Chouette.
Dans le registre énervé, un autre single le bien nommé "In the margin" emporte aussi l'adhésion. Belle voix mâle qui évoque tour à tour Stephin Merritt (Magnetic Fields) ou bien Kevin Ayers, Le perdant magnifique est à l'occasion rejoint pas sa garde rapprochée ; on reconnaît ainsi la fidèle et ex-membre emblématique Juliana Hatfield aux choeurs. L'album s'achève par un autre titre épatant que l'on imagine et pas que graphiquement, plus dédié à la légende des Thirteenth Floor Elevators qu'au boxeur Balboa ("Roky").
Ce sont là les 4 uniques chansons marquantes d'un album par ailleurs agréable et revigorant à l'écoute ; le reste étant plus anecdotique. Mais rien que pour ces chansons-là, il convient d'investir, d'autant que la pochette ultra-colorée (et plus encore dans sa version picture-disc) est superbe.
C'est bien là la trajectoire des beautiful losers, encore plus lorsqu'il s'agit de frayer dans une niche musicale : ils sont là où on ne les attend pas. Revenu le 18 septembre pour un concert acclamé au Café de la Danse, Evan Dando joue vite fait une poignée de morceaux de son nouveau disque tout en en ignorant une bonne partie. Resté près de 20 ans sans enregistrer le moindre disque de nouvelles chansons - les deux précédentes oeuvres étaient constituées de reprises - le voilà avec un nouvel album sous le coude avec Apollo Nove son nouveau producteur fétiche brésilien.
Le monde appartient à nouveau à Evan Dando.
En bref : même s'il passe en dessous des radars des media mainstream, le retour de l'ex-cabossé mais flamboyant Evan Dando et de ses Lemonheads ne peut que faire plaisir. Rien de neuf sous le soleil du Brésil si ce n'est un nouveau disque tout à fait digne.
