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Dhani Harrison : héritage, innovation et singularité musicale

Publié le 15 décembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Dhani Harrison, fils de George Harrison, se distingue dans le paysage musical contemporain par son parcours éclectique. Compositeur, interprète, producteur et membre du groupe thenewno2, il navigue habilement entre héritage familial et créations personnelles. De son travail sur l’album ‘Brainwashed’ à ses projets solos comme ‘In Parallel’ et ‘Innerstanding’, Dhani affirme sa singularité, tout en rendant hommage à son père. Collaborateur avec des artistes de divers genres, il reste un arti…


Dhani Harrison, né le 1er août 1978 à Windsor en Angleterre, occupe une place singulière dans le paysage du rock contemporain. Seul enfant de George Harrison – légendaire guitariste des Beatles – et d’Olivia Harrison, il grandit dans l’ombre d’un héritage artistique colossal, tout en affirmant progressivement son propre chemin musical, au carrefour d’une double identité britannique et américaine. Sur scène, en studio ou dans le monde du cinéma, Dhani Harrison se révèle être un créateur protéiforme, à la fois compositeur, auteur, interprète et producteur. Naviguant habilement entre souvenirs d’enfance au milieu des anciens Beatles, collaborations audacieuses et expérimentations personnelles, il incarne l’illustration parfaite d’un héritage que l’on saurait revendiquer tout en s’en affranchissant.

Sommaire

  • Un ancrage familial et une éducation artistique
  • La dernière main sur l’œuvre paternelle : le projet « Brainwashed »
  • L’éclosion de thenewno2 : un projet collectif audacieux
  • Entre expérimentations et clins d’œil aux légendes : collaborations marquantes
  • Panorama Festival, Fistful of Mercy et débuts en solo
  • Complice des studios de cinéma : la voie du compositeur
  • Hommage constant à George Harrison : concerts et événements mémoriels
  • Entre Eric Clapton, Wu-Tang Clan et Pearl Jam : un musicien itinérant
  • Ambition pédagogique : la contribution à The Beatles: Rock Band
  • Un parcours sentimental et personnel : l’ombre du divorce
  • Après la mention de Brown University : la science et la musique réunies
  • La production d’événements et la volonté d’innover
  • Collaborations avec Perry Farrell, UNKLE et la quête d’un style
  • La composition pour documentaires et séries : dimension narrative
  • Une présence scénique : entre festivals grand public et cercles intimes
  • Les défis d’un héritage lourd : se définir au-delà du nom Harrison
  • Un lien persistant avec la culture indienne et la philosophie
  • Le regard des médias et du public : un équilibre en construction
  • Le mariage, la séparation et la discrétion médiatique
  • Vers le futur : entre héritage, innovation et multipotentialité
  • Un chemin singulier dans la galaxie Beatles

Un ancrage familial et une éducation artistique

Dès son plus jeune âge, Dhani vit à Henley-on-Thames, dans la vaste propriété de Friar Park, où son père s’est installé depuis les années 1970. L’enfant ressent rapidement l’empreinte laissée par le monde musical de George Harrison : d’illustres visiteurs, dont certains ex-Beatles, font partie du quotidien. Une anecdote, qu’il relate volontiers, renvoie à Ringo Starr, surnommé « oncle Ringo », et à la terreur ressentie lors d’une démonstration de batterie jugée trop bruyante. Au fil des ans, Dhani se familiarise avec la guitare, l’enregistrement studio et la production, presque sans s’en rendre compte, bercé par l’atmosphère créative qu’entretient son père.

Mais son éducation ne se limite pas aux coulisses du rock : il fréquente plusieurs établissements scolaires, à commencer par la Dolphin School près de Twyford, respectant la pédagogie Montessori. Puis il est élève au Badgemore Primary School à Henley, avant de rejoindre Shiplake College, où il s’implique dans le Combined Cadet Force et pratique l’aviron. Cette polyvalence l’accompagne plus tard : il intègre l’Université Brown à Providence, Rhode Island, pour y étudier la physique et le design industriel. Bien qu’il envisage un temps de devenir designer automobile chez McLaren, l’appel de la musique finit par l’emporter, dans la lignée de son père.

La dernière main sur l’œuvre paternelle : le projet « Brainwashed »

La transition vers le métier de musicien professionnel s’effectue brutalement lorsque George Harrison, atteint d’un cancer, travaille à son ultime album, « Brainwashed ». Dhani assiste aux sessions d’enregistrement, endossant le rôle d’apprenti ingénieur du son autant que de musicien. À la mort de son père, en novembre 2001, il se retrouve à compléter l’album en compagnie de Jeff Lynne, collaborateur et ami de longue date de George. « Brainwashed » paraît en 2002, et les critiques saluent la cohérence d’un disque où la contribution de Dhani, discrète mais essentielle, perpétue l’esprit et la patte de l’ex-Beatle. L’album reçoit notamment un Grammy Award de la Meilleure performance pop instrumentale (pour le morceau « Marwa Blues »), concrétisant l’effort collectif mené par Lynne et Dhani. Cette expérience, aussi douloureuse qu’enrichissante, scelle la vocation de Dhani Harrison : assumer l’héritage musical familial, tout en construisant son propre univers.

L’éclosion de thenewno2 : un projet collectif audacieux

En 2002, fort d’une légitimité nouvellement acquise, Dhani Harrison forme thenewno2, un groupe dont le nom énigmatique reflète l’envie de proposer une esthétique moderne, hybride et tournée vers les nouvelles technologies. Dhani y tient la guitare, les synthétiseurs et le chant, accompagné d’Oli Hecks à la batterie et aux programmations. Ensemble, ils visent à élaborer un son singulier, associant rock alternatif, trip hop, traits psychédéliques et expérimentations électroniques.

Leur premier album, « You Are Here », sort en format numérique en août 2008. Il convainc un public avide de découvrir la nouvelle génération Harrison. L’album arrive finalement dans les bacs au printemps 2009, et le titre « Yomp » se fait remarquer grâce à la plateforme de jeu vidéo Rock Band. Spin magazine, après avoir assisté à leur performance au festival Coachella, salue « l’une des meilleures prestations scéniques du festival », tandis que Lollapalooza les invite à plusieurs reprises, notamment en 2010, où Dhani partage la scène avec Perry Farrell pour une reprise de « Sweet Jane » du Velvet Underground. Par ce groupe, Dhani Harrison s’affirme comme un musicien à part entière, prêt à s’émanciper de l’aura paternelle.

Entre expérimentations et clins d’œil aux légendes : collaborations marquantes

Parallèlement à la vie de thenewno2, Dhani multiplie les apparitions et participations sur scène, révélant une palette très large de goûts musicaux. Son amitié avec le Wu-Tang Clan le conduit à jouer sur « The Heart Gently Weeps », morceau de l’album « 8 Diagrams » (2007), adaptation hip-hop de la célèbre ballade « While My Guitar Gently Weeps » de George Harrison. Il n’hésite pas à monter à plusieurs reprises sur scène avec Pearl Jam, confirmant son statut de musicien apprécié par des groupes phares du rock alternatif.

L’un des moments les plus mémorables de sa carrière survient en 2004, lors de la cérémonie d’intronisation de George Harrison au Rock and Roll Hall of Fame. Accompagné de Tom Petty, Jeff Lynne, Steve Winwood et d’un Prince incandescent, Dhani se joint à l’interprétation de « While My Guitar Gently Weeps ». L’inclusion du fils Harrison dans cet hommage posthume démontre la reconnaissance de la communauté musicale envers la filiation spirituelle qu’il incarne. Ce passage demeure célèbre, notamment pour le solo final de Prince, d’une virtuosité époustouflante, tandis que Dhani assure la rythmique avec humilité.

Panorama Festival, Fistful of Mercy et débuts en solo

En 2010, Dhani Harrison s’associe à Ben Harper et Joseph Arthur pour fonder Fistful of Mercy, un trio folk-rock dont l’album « As I Call You Down » sort la même année. Là encore, on ressent chez Dhani un goût pour les projets collaboratifs, loin de la solitude du simple soliste. L’idée est de croiser les univers de chacun : la voix soul-blues de Ben Harper, la plume poétique de Joseph Arthur et la touche harrisonienne, délicate et immersive.

Ces différentes expériences nourrissent Dhani, qui attend encore avant de se lancer dans une véritable aventure solo. Le moment vient en 2017, lorsqu’il publie enfin « In Parallel », son tout premier album sous son propre nom. L’orientation se veut planante et introspective, associant instrumentation rock, harmonies vocales et touches électro. Le single « Motorways (Erase It) », paru en 2019, reçoit un accueil favorable de la critique, Rolling Stone décrivant la piste comme « psychédélique, avec un groove robuste ». Un an plus tard, Dhani immortalise la version live de son album dans le film « In///Paralive », enregistré aux studios Henson de Los Angeles. Il y apparaît détendu, prêt à diriger un groupe complet dans une scénographie immersive.

En 2023, il annonce la sortie d’« Innerstanding », un second album solo dévoilé après deux concerts londoniens à Omeara. Cette publication vient rappeler qu’au-delà de ses multiples collaborations, Dhani Harrison souhaite être reconnu comme auteur-compositeur à part entière.

Complice des studios de cinéma : la voie du compositeur

Un autre champ d’expression retient l’attention de Dhani Harrison dès 2013 : la composition de bandes originales. Avec Paul Hicks, ingénieur du son et musicien, il crée un duo de compositeurs pour le cinéma et la télévision. Leur première grande opportunité se nomme « Beautiful Creatures », production de Warner Bros. Harrison se prend au jeu : il s’agit pour lui de traduire en musique les ambiances d’un univers fantastique. Le duo Hicks-Harrison séduit et enchaîne les projets.

Ils signent notamment la musique de la série « Good Girls Revolt » (Amazon Video), de « The Divide » (AMC), ainsi que de films comme « Seattle Road » et « Learning to Drive ». Ils composent aussi pour la série « Outsiders », produite par Paul Giamatti, plongeant dans l’atmosphère sombre des Appalaches. Les documentaires ne sont pas en reste : Harrison et Hicks reçoivent en 2018 une nomination aux International Documentary Association Awards pour la bande-son du film « Matangi/Maya/M.I.A. », couronné au Sundance Festival. Et plus récemment, ils œuvrent sur la série HBO « The Case Against Adnan Syed » et la série Netflix « Inside Bill’s Brain: Decoding Bill Gates ». Les critiques saluent la capacité de Dhani à transcrire des émotions subtiles, tout en restant ouvert aux influences électroniques et orchestrales.

Hommage constant à George Harrison : concerts et événements mémoriels

Si Dhani tient à parcourir ses propres routes musicales, il ne cesse de rendre hommage à la mémoire de son père. Le 29 novembre 2002, un an jour pour jour après la disparition de George Harrison, un concert-hommage baptisé Concert for George se tient au Royal Albert Hall. Organisé par Eric Clapton, l’événement réunit Paul McCartney, Ringo Starr, Jeff Lynne, Tom Petty, Ravi Shankar et d’autres proches collaborateurs. Dhani Harrison se fond dans ce collectif, jouant en acoustique, visiblement ému, tandis que McCartney s’exclame devant le public : « Olivia a fait remarquer qu’avec Dhani sur scène, on a l’impression que George est resté jeune et que tous les autres ont vieilli. »

En 2014, Dhani supervise l’organisation de George Fest, un concert célébrant l’héritage musical de son père, tenu au Fonda Theatre de Los Angeles. Le spectacle réunit de nombreuses figures de la scène rock, et se voit édité en 2016 sous forme d’album et de documentaire. Cette démarche souligne son double rôle : garant du patrimoine harrisonien et directeur artistique capable de conjuguer tradition et modernité.

Entre Eric Clapton, Wu-Tang Clan et Pearl Jam : un musicien itinérant

Les allers-retours de Dhani Harrison à travers les styles et les générations font partie intégrante de son identité. Il a eu l’opportunité de jouer aux côtés d’Eric Clapton, d’apparaître sur un morceau de Wu-Tang Clan, de partager la scène avec Pearl Jam (dont il est fan), ou encore de contribuer à l’album « The Road: Part II/Lost Highway » du collectif UNKLE. Loin de se cantonner aux relectures du répertoire familial, il démontre une aisance à s’immerger dans des contextes différents, qu’il s’agisse du hip-hop, du rock indépendant ou de la britpop.

En 2019, il se produit en première partie de Jeff Lynne’s ELO lors d’une tournée nord-américaine à guichets fermés. À chaque concert, il rejoint ELO sur scène pour interpréter le morceau « Handle with Care », un clin d’œil au supergroupe Traveling Wilburys où son père George militait aux côtés de Bob Dylan, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison. Ce moment scénique illustre la manière dont Dhani relie le passé et le présent, non pas comme un simple héritier, mais en tant que passerelle vivante entre plusieurs époques du rock.

Ambition pédagogique : la contribution à The Beatles: Rock Band

La fibre héritée de l’histoire des Beatles ne s’arrête pas aux hommages scéniques ou aux rééditions. Dhani Harrison s’investit dans la conception du jeu vidéo musical The Beatles: Rock Band, sorti en septembre 2009. Il pousse Paul McCartney et Ringo Starr à prêter leur concours au projet, soucieux d’en faire un outil didactique et fidèle à la réalité historique. L’idée est de permettre aux joueurs de se plonger dans l’univers des Fab Four, tout en découvrant la technique instrumentale. Dhani voit dans cette initiative une voie pour transmettre l’héritage des Beatles aux nouvelles générations, convaincu qu’un jeu interactif peut éveiller la curiosité musicale chez les plus jeunes.

Interviewé à ce sujet, il confie avoir veillé à l’authenticité du design des instruments, à la chronologie des chansons et à la précision des environnements visuels. À ses yeux, The Beatles: Rock Band constitue l’une des entreprises les plus gratifiantes de sa carrière, tant elle allie le ludique, l’éducatif et l’hommage familial.

Un parcours sentimental et personnel : l’ombre du divorce

Côté vie privée, Dhani Harrison a été marié à la styliste islandaise Sólveig « Sóla » Káradóttir en 2012. Le couple apparaît uni sur diverses photographies publiques, reflet d’une harmonie discrète. Toutefois, en 2016, la nouvelle de leur séparation puis de leur divorce éclate dans la presse. Aucun enfant n’est issu de cette union, et Dhani s’abstient de tout commentaire tapageur. Il privilégie sa vie artistique, absorbé par les sorties d’albums, les tournées et ses compositions pour la télévision ou le cinéma. Cette discrétion rappelle le tempérament réservé et pondéré que l’on associe souvent à George Harrison lui-même.

Après la mention de Brown University : la science et la musique réunies

Le lien particulier de Dhani Harrison avec l’Université Brown mérite une mention spéciale. Alors qu’il y obtient un diplôme en physique et design industriel, il affiche une curiosité hors norme pour l’ingénierie et la mécanique. Loin d’être un musicien uniquement guidé par l’instinct, il aime se définir comme un concepteur, un artisan avide de comprendre les rouages techniques. Cette passion pour la technologie se retrouve dans son jeu de scène, où l’électronique occupe une place de choix, et dans son attrait pour des instruments modernisés. Dans certaines interviews, il explique volontiers comment la rigueur scientifique lui permet de structurer ses idées musicales et d’explorer des sons inédits.

La production d’événements et la volonté d’innover

Au-delà de la scène, Dhani Harrison se montre producteur d’événements, à commencer par la coordination de George Fest, ou encore la participation à la semaine spéciale George Harrison sur le plateau de Conan O’Brien, en septembre 2014. Il fait revivre aux téléspectateurs l’atmosphère de cette époque bénie où les ex-Beatles, après leur séparation, continuaient d’occuper le devant de la scène rock. Dhani apparaît alors comme le médiateur entre un passé mythique et la scène contemporaine. D’autres opérations, dont la ressortie de certains albums de George Harrison, sont menées avec son aval, faisant de lui une figure centrale pour tous ceux qui s’intéressent à l’œuvre du « quiet Beatle ».

Collaborations avec Perry Farrell, UNKLE et la quête d’un style

En parallèle, Dhani contribue à l’album solo de Perry Farrell, « Kind Heaven », dans lequel il apporte des guitares et des lignes vocales. On le retrouve également aux côtés d’UNKLE, le collectif électronique britannique mené par James Lavelle, sur « The Road: Part II / Lost Highway ». Ces incursions confirment sa volonté d’expérimenter des passerelles entre rock, pop, électronique et ambient. Toujours discret, il tisse sa toile, préférant l’authenticité aux projecteurs braqués en permanence sur lui.

Son identité artistique se situe à la croisée d’une tradition mélodique, héritée de la sensibilité de George Harrison pour les harmonies, et d’une modernité sonore, proche de Radiohead ou de Massive Attack. Dhani revendique ainsi un amour pour les textures, les boucles et les sonorités atypiques, tout en chérissant la guitare acoustique et l’héritage pop.

La composition pour documentaires et séries : dimension narrative

L’un des aspects les plus notables de la carrière de Dhani Harrison demeure son implication croissante dans la composition pour documentaires et séries. Sa collaboration avec Paul Hicks aboutit à des créations qui doivent raconter une histoire, soutenir un propos filmique. Ainsi, pour « The Case Against Adnan Syed », série documentaire HBO, le tandem conçoit une atmosphère musicale tendue, relevant presque du thriller. Autre exemple avec « Inside Bill’s Brain: Decoding Bill Gates », diffusé sur Netflix, où ils s’emploient à épouser l’esprit vif et analytique de Gates par une bande originale subtilement orchestrée. Ce travail témoigne de la précision et de la rigueur de Dhani, toujours prêt à fondre sa créativité dans un univers scénaristique.

Une présence scénique : entre festivals grand public et cercles intimes

Sur scène, qu’il s’agisse de Coachella, Lollapalooza ou de tournées plus ciblées, Dhani Harrison a le don de surprendre le public. Parfois, il reprend un classique paternel, invitant à la fois la nostalgie et la curiosité de l’auditoire. À d’autres moments, il livre des compositions originales teintées d’électronique, au grand étonnement de ceux qui l’attendaient dans un registre plus traditionnel. En 2019, lors de la tournée nord-américaine de Jeff Lynne’s ELO, il joue en première partie puis revient sous les projecteurs pour chanter « Handle with Care ». La communion entre Lynne et Harrison Jr. symbolise l’alliance perpétuelle entre la génération Wilburys et la scène actuelle.

Les défis d’un héritage lourd : se définir au-delà du nom Harrison

La question de l’héritage pèse lourd sur Dhani, d’autant plus que George Harrison jouissait d’une aura particulière, considéré comme l’« introverti » des Beatles, doté d’une spiritualité profonde et d’un sens aigu de la mélodie. Dhani n’hésite pas à évoquer ce fardeau, reconnaissant que porter le nom Harrison soulève des attentes immenses. Pourtant, il affirme régulièrement l’envie de tracer sa voie. S’il salue la sagesse transmise par son père, il insiste sur le fait qu’il ne veut pas devenir un produit d’hommages sans fin. Ses albums « In Parallel » et « Innerstanding » reflètent cette volonté de s’autonomiser, de raconter des histoires introspectives, moins dictées par l’horizon Beatles que par ses propres tourments, ses propres découvertes.

Un lien persistant avec la culture indienne et la philosophie

Dhani doit son prénom aux notes du système musical indien – dha et ni – qui forment la gamme la plus connue de la tradition hindoustanie. Cette filiation culturelle, héritée de George Harrison, grand admirateur de Ravi Shankar, s’exprime chez Dhani par un intérêt pour la musique du monde et la spiritualité. Bien qu’il ne soit pas aussi exposé sur le plan spirituel que son père, il laisse transparaître par moments une inclination pour des sonorités orientales ou des messages de paix. Il rappelle que le raga Dhani existe dans la musique classique indienne, écho direct à sa propre identité.

Le regard des médias et du public : un équilibre en construction

La presse spécialisée salue depuis longtemps son habileté instrumentale, le considérant comme l’un des rares « fils de » ayant su éviter l’écueil de la simple copie. Les fans de Beatles se montrent souvent bienveillants, voyant en Dhani le relais d’une époque qui n’est plus, tandis qu’un public plus jeune découvre simplement un artiste doué et touche-à-tout. Sur les réseaux sociaux, certains louent sa modestie, d’autres déplorent qu’il ne joue pas plus souvent le répertoire de George Harrison. Dhani, de son côté, promeut l’idée d’un musicien libre d’explorer tous les styles, sans se figer dans la reconstitution nostalgique des sixties.

Le mariage, la séparation et la discrétion médiatique

Sur le plan personnel, Dhani Harrison a donc épousé Sólveig « Sóla » Káradóttir en 2012. Le couple fait quelques apparitions publiques, mais reste essentiellement discret. Pourtant, en 2016, ils se séparent, sans enfant. Les raisons précises de cette rupture ne sont guère médiatisées, et Harrison continue de préserver son intimité, concentrant sa communication sur la musique et le cinéma. Cette sobriété communicationnelle relève d’une cohérence : l’homme n’aime guère s’épancher hors du cadre artistique, suivant, d’une certaine manière, la discrétion qui caractérisait George Harrison.

Vers le futur : entre héritage, innovation et multipotentialité

À travers chacune de ses entreprises, Dhani Harrison illustre un principe fondamental : assumer un nom aussi célèbre n’empêche pas d’exister pour soi. Il est tour à tour guitariste, compositeur de musiques de films, producteur d’événements mémoriels, collaborateur éclectique aux côtés de rappeurs ou de rockeurs. Son parcours symbolise la versatilité d’une génération qui oscille entre tradition et modernité, prestige du passé et conquête de nouveaux territoires.

Alors qu’il sort « Innerstanding » en octobre 2023, la critique se penche sur son évolution, cherchant à détecter une maturité dans l’écriture, un équilibre entre pop rêveuse et arrangements électroniques plus affirmés. Toujours prêt à innover, il continue de tisser des collaborations inattendues, prouvant sa capacité à transcender les genres. Les fans de la première heure, quant à eux, se réjouissent de le voir fouler les scènes internationales pour défendre sa musique, tout en perpétuant çà et là un clin d’œil au répertoire de son père, comme un fil conducteur reliant deux époques du rock.

Un chemin singulier dans la galaxie Beatles

À l’instar de Sean Lennon, James McCartney ou Zak Starkey, Dhani Harrison appartient à la génération des enfants de Beatles, catégorie fréquemment observée par les médias et le public. Mais si Zak Starkey s’est imposé comme batteur de renom (particulièrement avec The Who), si James McCartney a publié quelques EP et si Sean Lennon a développé un univers avant-pop, Dhani se distingue par son éclectisme et sa volonté de se tenir à la fois dans le sillage du père et sur d’autres sentiers. Son nom, souvent rattaché à Friar Park et au concept de spiritualité cher à George, résonne aussi en tant que marqueur d’une identité contemporaine, ouverte sur le hip-hop, la techno, la composition orchestrale et la création vidéoludique.

À mesure qu’il avance, Dhani Harrison semble affirmer toujours plus sa singularité : ni simple gardien du temple, ni artiste bridé par un patronyme, mais un musicien moderne, guidé par l’esprit d’exploration, décidé à inscrire sa propre page dans le livre de l’histoire du rock. Et même s’il assume le fardeau et la fierté d’être le fils de l’homme qui chanta « Here Comes the Sun », il le transforme en tremplin pour oser la curiosité, la rencontre des disciplines et la quête d’un langage artistique personnel. C’est là, sans doute, toute la force d’un héritage digéré et réinventé.


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