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Julian Lennon : entre héritage et indépendance artistique

Publié le 15 décembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Julian Lennon, fils de John Lennon, a su forger sa propre voie artistique en dépit de l’ombre de son père. Avec des albums à succès, une carrière photographique et un engagement philanthropique à travers The White Feather Foundation, il est devenu un artiste à part entière. Cet article explore son parcours, ses débuts, ses influences, ses projets, et son rapport complexe à l’héritage familial.


Dans l’histoire de la musique rock, rares sont les héritiers qui réussissent à s’affranchir du poids de leur nom pour tracer leur propre chemin artistique. Julian Lennon, né John Charles Julian Lennon le 8 avril 1963 à Liverpool, représente assurément un cas emblématique. Fils de John Lennon, figure légendaire des Beatles, et de Cynthia Lennon, Julian a grandi dans l’ombre d’un père auquel on associe la révolution culturelle et musicale des années 1960. Pourtant, il a su développer une carrière personnelle marquée par des albums à succès, un travail photographique reconnu et un engagement philanthropique de premier plan. À travers un parcours riche en rebondissements, il s’est imposé comme un artiste sensible, complet, et profondément investi dans les questions écologiques et humanitaires. Il cultive, en parallèle, un rapport complexe à l’héritage familial qui le place au centre de l’histoire du rock tout en affirmant une identité bien à lui.

Cet article propose une plongée approfondie dans la vie et l’œuvre de Julian Lennon, mettant en lumière ses débuts, ses influences, sa carrière musicale, ses projets cinématographiques, sa passion pour la photographie, ainsi que son travail philanthropique via The White Feather Foundation. Nous examinerons également la manière dont son histoire personnelle nourrit sa création, tout en dévoilant les paradoxes d’un homme qui, longtemps, a dû trouver sa voie propre pour concilier l’héritage paternel et sa sensibilité singulière.

Sommaire

  • Enfance et naissance d’un héritier du rock
  • Entre affection et rancœur : la figure paternelle face à la gloire des Beatles
  • Les prémices d’une vocation musicale et la fulgurance de Valotte
  • Des albums contrastés et la construction d’une identité singulière
  • L’expérience du cinéma et la portée des documentaires
  • Un regard photographique et l’expression d’une sensibilité visuelle
  • L’engagement philanthropique et la création de The White Feather Foundation
  • Entre hommage et indépendance : la relation avec les Beatles
  • Une plume au service d’ouvrages littéraires et un regard tourné vers l’écologie
  • Un chemin vers l’apaisement et la pérennité artistique
  • Perspectives d’un artiste en quête de transmission

Enfance et naissance d’un héritier du rock

Julian Lennon voit le jour dans le bouillonnement culturel des sixties, le 8 avril 1963, à Liverpool, alors que son père et les Beatles deviennent peu à peu le phénomène mondial que l’on connaît. Son prénom complet – John Charles Julian Lennon – est un hommage appuyé à sa grand-mère paternelle, Julia, décédée cinq ans avant sa naissance. La charge symbolique de ce prénom, entre un père déjà mythique et une ascendance tragiquement disparue, donne le ton d’un destin hors normes.

De la petite enfance de Julian Lennon, la légende musicale a retenu plusieurs anecdotes marquantes. Il inspire d’abord à John Lennon l’une des chansons les plus connues des Beatles, « Lucy in the Sky with Diamonds » (1967). La genèse de ce titre provient d’un dessin que le jeune garçon réalise à la maternelle, représentant sa camarade Lucy O’Donnell entourée d’étoiles. Ce point de départ innocent fera ensuite couler beaucoup d’encre, autour de l’acronyme L.S.D. et des interprétations diverses qui en découlent. Quoi qu’il en soit, Julian demeure la muse involontaire de ce morceau phare, qui symbolise par ailleurs la période psychédélique du groupe.

Deux autres chansons célèbres des Beatles s’inscrivent également dans la filiation entre Julian et son père : « Good Night » (1968), qui résonne comme une berceuse portée par la voix de Ringo Starr, et, surtout, « Hey Jude » (1968). Composée par Paul McCartney pour réconforter Julian lors du divorce de John et Cynthia, la chanson s’intitulait à l’origine « Hey Jules » avant d’être modifiée pour des raisons esthétiques. Ce morceau, véritable hymne intergénérationnel, incarne l’empreinte à la fois tendre et douloureuse de l’enfance de Julian.

Les bouleversements familiaux marquent en effet durablement la vie du jeune garçon. En 1968, la relation tumultueuse de John Lennon avec l’artiste Yoko Ono aboutit à la séparation d’avec Cynthia. Julian n’a alors que cinq ans. Les liens avec son père, déjà mis sous tension par la notoriété grandissante des Beatles, se distendent de manière irrémédiable. Pendant plusieurs années, il n’entretient qu’un contact sporadique avec John, sous l’impulsion de May Pang – assistante de Lennon durant sa brève rupture d’avec Yoko Ono – qui favorise leurs retrouvailles dans les années 1970.

Entre affection et rancœur : la figure paternelle face à la gloire des Beatles

Lorsque John Lennon est assassiné en décembre 1980, Julian, alors âgé de dix-sept ans, se trouve plongé dans un deuil profondément ambivalent. Bien sûr, il est ébranlé par la disparition brutale d’un père dont l’aura musicale a laissé une trace indélébile. Mais il demeure également marqué par un sentiment d’abandon et de rancœur nourri depuis l’enfance.

Julian pointe souvent du doigt les contradictions entre le discours public de John Lennon, chantre de la paix et de l’amour, et sa réalité familiale. Il estime que ce père, qui incarnait aux yeux du monde des valeurs de compassion, n’avait pas su lui témoigner la tendresse et l’attention qu’un enfant est en droit d’attendre. Paul McCartney, lui, est perçu comme une figure plus bienveillante, un repère présent dans des instants de complicité qui n’ont pu exister avec John.

Les tensions s’expriment également sur le plan financier. John Lennon, dans son testament, ne lègue rien directement à Julian, lui laissant, ainsi qu’à Sean (son demi-frère, né de l’union avec Yoko Ono), une simple fiducie de 100 000 livres. Julian entame des procédures judiciaires afin de faire valoir ses droits. Finalement, en 1996, un accord est conclu avec Yoko Ono pour un montant estimé à environ 20 millions de livres sterling. Le jeune homme demeure toutefois porté par l’amertume et la conviction d’avoir dû batailler pour obtenir un semblant de reconnaissance.

Avec le temps, Julian parvient à dépasser la colère, tout en restant lucide sur les failles paternelles. Il fait la paix avec la mémoire de John et revendique aujourd’hui une forme d’apaisement. Il expliquera un jour que la création artistique, l’écriture et la musique furent pour lui un moyen de se libérer de ce poids émotionnel.

Les prémices d’une vocation musicale et la fulgurance de Valotte

Malgré les relations distantes avec John Lennon, Julian hérite d’un bagage artistique indéniable. Son père lui offre, lors de l’une de leurs rares périodes de rapprochement au début des années 1970, une guitare Gibson Les Paul ainsi qu’une boîte à rythmes. John lui apprend quelques accords au piano, l’encourage à nourrir sa curiosité pour la musique. L’empreinte paternelle se fait donc subtile, mais réelle.

Julian fait ses véritables débuts sur l’album Walls and Bridges de John Lennon, en 1974, à l’âge de onze ans. Son père l’invite alors à jouer de la batterie sur la chanson « Ya-Ya ». Même si ce n’est qu’un bref moment, il y voit l’amorce d’une vocation.

C’est en 1984, avec l’album Valotte, produit par Phil Ramone, que Julian Lennon se révèle au grand public. Le succès est immédiat : l’album séduit la critique et le public grâce à des titres comme « Valotte » et « Too Late for Goodbyes ». Les deux morceaux se hissent dans le Top 10 américain et permettent à Julian d’obtenir une nomination pour le Grammy Award du Meilleur Nouvel Artiste. La presse met en avant la proximité de sa voix avec celle de John, tout en saluant la finesse de ses mélodies pop-rock.

Paul McCartney, sans doute touché par la démarche du jeune artiste, lui envoie un télégramme de félicitations. Julian savoure alors ce coup d’éclat : il démontre aux détracteurs qu’il possède un réel talent, et qu’il peut s’imposer sans que l’on réduise son identité à celle de « fils de John Lennon ».

Des albums contrastés et la construction d’une identité singulière

Galvanisé par l’accueil de Valotte, Julian publie The Secret Value of Daydreaming en 1986. Le disque, moins apprécié par la critique, se hisse cependant à la 32ᵉ place du Billboard 200. On lui reproche un manque de cohérence artistique, probablement dû à la pression d’un second album composé en un temps réduit. Pourtant, la chanson « Stick Around » se classe brièvement n°1 dans les charts rock américains, prouvant que Julian conserve un certain pouvoir de séduction musicale.

Au fil des ans, il livre plusieurs autres opus : Mr. Jordan (1989), dont le single « Now You’re in Heaven » connaît un franc succès en Australie, puis Help Yourself (1991). Sur ce dernier, Julian reçoit un soutien inattendu de George Harrison, qui lui envoie quelques idées pour l’aider à peaufiner l’album (même si Harrison ne joue pas directement dessus). Le titre « Saltwater » devient un succès notable, se classant n°6 dans les charts britanniques et restant en tête des ventes en Australie durant quatre semaines.

Malgré ces réussites ponctuelles, Julian finit par se retirer de la scène musicale au milieu des années 1990. Il se consacre alors à la philanthropie, après une rencontre marquante avec les membres d’une tribu autochtone australienne, les Mirning. Il entame également une réflexion sur ses aspirations profondes : le désir de se forger une identité libérée du carcan médiatique et des comparaisons incessantes avec les Beatles.

En 1998, Julian revient avec Photograph Smile, autoproduit sur son propre label. L’œuvre bénéficie d’un accueil critique chaleureux. On y décèle une maturité nouvelle, une exploration mélodique plus affirmée, et une sincérité dans l’écriture qui lui valent des éloges pour sa qualité de composition. Le critique américain Stephen Thomas Erlewine souligne ainsi que l’album est « bien conçu et mélodique » et mériterait une reconnaissance plus large, si Julian n’était pas constamment ramené au statut de « fils de Beatle ».

Au tournant des années 2000, Julian poursuit sporadiquement ses aventures discographiques. En 2011, Everything Changes confirme cette tendance à livrer des albums soignés, réfléchis, et orientés vers une pop rock savoureuse, agrémentée de collaborations diverses (notamment Bono ou Steven Tyler dans le documentaire Through the Picture Window qui accompagne la sortie du disque).

Puis, en 2022, il surprend avec Jude, dont le titre résonne évidemment comme un clin d’œil direct à la célèbre chanson de Paul McCartney. Julian affirme alors être enfin prêt à assumer cette filiation, tant vis-à-vis de sa propre histoire personnelle que de l’attente des fans. Sur cet album, on remarque à nouveau sa plume introspective, qui navigue entre les fêlures du passé et l’espoir d’une transformation intérieure. Plusieurs morceaux, comme « Freedom » et « Every Little Moment », traduisent cette dualité entre ombre et lumière, héritage et renouvellement.

L’expérience du cinéma et la portée des documentaires

Au-delà de la musique, Julian Lennon s’intéresse très tôt au cinéma. Il participe d’abord, en 1985, à un projet documentaire autour de sa première tournée, Stand by Me: A Portrait of Julian Lennon. Initié par le cinéaste Sam Peckinpah, décédé avant la fin du tournage, le film est complété par le producteur Martin Lewis.

Au cours des années suivantes, Julian effectue quelques incursions au cinéma : il apparaît dans le célèbre The Rolling Stones Rock and Roll Circus, tourné en 1968 mais publié seulement en 1996. On le retrouve aussi dans le film Cannes Man, dans un documentaire dédié à Chuck Berry, et dans une courte apparition de Leaving Las Vegas (1995). En 1993, il prête sa voix au personnage principal de la version animée de David Copperfield.

Toutefois, c’est du côté de la production de documentaires à vocation environnementale et humanitaire que Julian trouve un réel accomplissement. En 2006, il produit Whaledreamers, un film récompensé par huit distinctions internationales, consacré à la tribu Mirning et à leur lien spirituel avec les baleines. L’œuvre aborde aussi les grandes questions écologiques mondiales. Par la suite, Julian se positionne en tant qu’exécutif producteur sur des projets tels que Kiss the Ground (2020), documentaire Netflix axé sur l’agriculture régénérative, ou encore Women of the White Buffalo (2022), qui dresse le portrait de femmes Lakota vivant dans la réserve indienne de Pine Ridge.

Ces entreprises cinématographiques démontrent l’évolution d’un artiste préoccupé par l’avenir de la planète, désireux de contribuer à des initiatives qui sensibilisent le public et encouragent à l’action.

Un regard photographique et l’expression d’une sensibilité visuelle

Si Julian Lennon s’est fait connaître dans un premier temps par la musique, il nourrit également une passion exigeante pour la photographie. L’impulsion initiale se produit en 2007, lorsqu’il photographie son demi-frère Sean Lennon au cours d’une tournée musicale. Conquis par la puissance narrative de l’image, Julian décide d’explorer cette forme d’expression, s’entourant notamment de photographes reconnus comme Timothy White, lequel l’encourage à perfectionner son art.

Ses premiers travaux photographiques sont exposés en 2010, à la Morrison Hotel Gallery de New York, dans une exposition intitulée « Timeless: The Photography of Julian Lennon ». On y découvre 35 clichés, dont certains capturent la présence scénique de Sean Lennon et du chanteur de U2, Bono. L’exposition, initialement prévue pour trois semaines, est prolongée d’une semaine supplémentaire en raison de son succès.

Parmi ses autres séries marquantes, la collection « Alone » est présentée en 2012 lors de l’Art Basel Miami Beach Show pour soutenir la fondation The White Feather Foundation. Vient ensuite « Horizon » (2015), mise en avant à la Emmanuel Fremin Gallery à New York, qui illustre la fascination de Julian pour la nature, l’immensité des paysages et la fragilité des écosystèmes. En 2016, il expose « Cycle » à la Leica Gallery de Los Angeles, soulignant la variété de ses expérimentations visuelles.

Cette approche photographique révèle un Julian Lennon contemplatif, tourné vers la beauté parfois inaperçue du monde. Ses images privilégient la suggestion à l’emphase, incitant à porter un regard poétique sur la réalité. Il se sert régulièrement d’Instagram pour partager ses œuvres, créant un lien direct avec un public sensible à la dimension artistique de son travail.

L’engagement philanthropique et la création de The White Feather Foundation

Au fondement de l’engagement de Julian Lennon se trouve un souvenir : lors d’une conversation, son père lui aurait affirmé que, s’il devait lui faire signe d’outre-tombe pour lui signifier que tout irait bien, il le ferait via une plume blanche. Dans un surprenant hasard de la vie, Julian reçoit, un jour, une plume blanche de la part de deux aînés de la tribu Mirning, lors d’un séjour en Australie. Ce geste porte une charge symbolique intense.

Profondément touché, Julian lance alors The White Feather Foundation (TWFF) en 2007. La mission de cette organisation est d’agir à la fois sur des problématiques humanitaires et environnementales, accordant une attention particulière à l’accès à l’eau potable, à la sauvegarde des cultures autochtones, à la protection de la biodiversité et à l’éducation. Au fil des ans, TWFF s’associe à plusieurs projets dans le monde entier, œuvrant en faveur du reboisement, de la distribution d’eau et de fournitures scolaires, ou de programmes de bourses d’études.

On se souvient notamment de l’action de la fondation lors du séisme de 2015 au Népal, où TWFF fait un don d’un peu plus de 100 000 dollars via Music for Relief. Plus généralement, Julian, à travers la fondation, tente de sensibiliser la communauté internationale sur le lien sacré unissant l’homme à la nature, dans la lignée spirituelle et philosophique du message de la tribu Mirning.

L’hommage rendu à Cynthia Lennon, mère de Julian, se concrétise par la mise en place d’une bourse d’études réservée à de jeunes filles : « The Cynthia Lennon Scholarship for Girls ». Ce programme reflète la volonté de Julian de lutter contre les inégalités de genre en soutenant l’éducation des femmes. Il s’inscrit dans une dynamique plus large visant à élargir l’accès à l’instruction, convaincu que la connaissance constitue le ferment d’un futur plus égalitaire.

Entre hommage et indépendance : la relation avec les Beatles

La trajectoire de Julian Lennon est inextricablement liée au mythe des Beatles. Fils de John, parrainé par le manager du groupe Brian Epstein, il a vu défiler autour de lui des figures telles que Paul McCartney ou Ringo Starr, et fut plongé dès l’enfance dans le tumulte de la Beatlemania. Bien que la tentation fut parfois grande, ni les anciens Beatles ni Julian n’envisagèrent sérieusement de l’intégrer à une reformation du groupe après la disparition de John. Paul McCartney déclara un jour avec pragmatisme : « Pourquoi voudrions-nous lui infliger tout cela ? ».

Cependant, Julian maintient un lien cordial avec Paul et Ringo, tout en restant conscient que les réunions ou hommages autour des Beatles suscitent parfois des incompréhensions lorsqu’il n’y est pas invité. Il lui est arrivé de regretter certaines absences notoires, comme lors du mariage de McCartney avec Nancy Shevell, en 2011. Plus tard, Paul l’a rassuré en pointant « une grosse erreur » de communication.

De fait, Julian n’a cessé, au fil des ans, de gérer une relation ambivalente avec le groupe qui l’a en quelque sorte façonné, tout en essayant de déployer son propre univers. L’album Jude, sorti en 2022, traduit son désir d’assumer pleinement cet héritage. En empruntant le titre du fameux morceau composé pour lui à l’enfance, Julian revendique à la fois la force et la profondeur de ce legs affectif, tout en mesurant la distance parcourue pour se construire en artiste autonome.

Une plume au service d’ouvrages littéraires et un regard tourné vers l’écologie

La créativité de Julian ne s’arrête pas à la musique et à la photographie. Il s’est également illustré dans la littérature, en publiant notamment un livre en 2010 consacré à sa collection de memorabilia des Beatles. Par la suite, il se dirige vers la littérature jeunesse, signant une trilogie de livres illustrés : Touch the Earth, Heal the Earth et Love the Earth, parus entre 2017 et 2019. Cette série, best-seller du New York Times, invite les jeunes lecteurs à découvrir la magie de la planète, de ses peuples et de ses écosystèmes, afin de développer précocement une conscience environnementale.

Dans la même veine, il lance en 2021 un roman graphique pour préadolescents, The Morning Tribe, avec la collaboration de Bart Davis. On y retrouve à nouveau cette volonté d’éveiller la curiosité et l’engagement des nouvelles générations sur les enjeux de la nature et de la solidarité humaine.

Un chemin vers l’apaisement et la pérennité artistique

À mesure que les années passent, Julian Lennon se rapproche d’une forme d’équilibre personnel. Longtemps, il a déclaré ne pas vouloir d’enfants, craignant de reproduire le schéma paternel qu’il jugeait dysfonctionnel. Il a affirmé que la complexité de la relation avec John l’avait rendu hésitant quant à l’idée de fonder une famille.

Dans sa quête de sérénité, Julian a notamment entrepris de modifier son nom légal en 2020, troquant John Charles Julian Lennon contre Julian Charles John Lennon, une façon de mettre en avant « Julian », le prénom sous lequel il est mondialement connu. Il a également affronté certains défis de santé, révélant avoir subi l’ablation d’un grain de beauté cancéreux la même année, puis faisant part récemment d’une autre biopsie. Il partage ces épisodes de vie avec une sincérité touchante, traduisant un désir de transparence auprès du public.

Entouré d’un cercle d’amis fidèles, dont son demi-frère Sean et la photographe May Pang (qui fut si proche de John Lennon dans les années 1970), Julian Lennon contribue à perpétuer la mémoire musicale de son père et, plus largement, l’héritage des Beatles. Il a notamment pris part à des événements rendant hommage à John, comme en 2010, lorsque la ville de Liverpool a inauguré un monument pour la paix dédié au célèbre chanteur.

Tout en préservant sa singularité, il continue d’enrichir sa discographie. Son dernier opus, Jude, atteste de son aspiration à embrasser enfin la complexité de sa filiation. Les retours critiques, qu’ils émanent de magazines spécialisés rock ou de publications plus généralistes, soulignent la maturité de la démarche. Julian y explore avec pudeur les démons de son passé et affirme un espoir lucide envers l’avenir.

Perspectives d’un artiste en quête de transmission

L’histoire de Julian Lennon ressemble à un parcours initiatique. Fils d’une légende, il fut d’abord un enfant à qui l’on dédia des chansons parmi les plus célèbres de la pop, avant de traverser l’épreuve des divorces et d’une relation tourmentée avec un père devenu icône planétaire. Il a ensuite dû batailler pour faire reconnaître son talent propre, signe qu’il est parfois plus ardu de se défaire d’un héritage encombrant que d’émerger de l’anonymat.

Aujourd’hui, Julian incarne la mémoire vivante de son père, du mouvement rock et d’une époque qui ne cesse de fasciner. Pourtant, il ne se contente pas de perpétuer la flamme. Son engagement musical, photographique et philanthropique illustre la trajectoire d’un créateur pluridisciplinaire, conscient de l’impact possible de son nom, mais désireux de lui donner un sens résolument positif.

À travers The White Feather Foundation, ses expositions, ses livres et ses disques, Julian prône un message de responsabilité, de solidarité et de respect. Héritier d’un père qui chantait la paix et l’amour, il cherche à ancrer ces valeurs dans des actes concrets. Il encourage la préservation des cultures et de l’environnement, conscient que la parole seule ne suffit pas à transformer le monde.

En fin de compte, la vie de Julian Lennon témoigne de la complexité de s’inscrire dans une lignée où la musique s’est confondue avec l’Histoire. Il illustre comment un jeune garçon jadis inspirant des chansons mythiques peut, devenu adulte, prendre les rênes de son destin artistique et spirituel. Par-delà l’ombre tutélaire de John Lennon, Julian aura su se hisser à la hauteur de ses aspirations, tout en apportant sa note singulière à la riche partition du rock moderne. Son histoire, sa musique et ses engagements dessinent les contours d’une personnalité à la fois profondément marquée par l’héritage Beatles et capable de faire résonner sa propre voix. C’est sans doute cette subtile harmonie qui rend son parcours aussi passionnant et digne d’intérêt pour les amateurs de rock, de photographie et d’histoires humaines en quête de sens.


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