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Wikipédia, droit d’asile et valeur juridique de la rumeur

Publié le 08 septembre 2008 par Lilzeon

Citoyens ! J’ai lu dans Ecrans ce matin une affaire étonnante où on confond scientificité et projet collaboratif :

“Rapportée par Wired, l’histoire concerne Lamilem Badasa, une éthiopienne demandeur d’asile aux Etats-Unis, dont la seule manière de prouver son identité était son laissez-passer. Devant le juge d’immigration, le Department of Homeland Security (ou DHS, le service des demandeurs d’asile) a plaidé pour le rejet de la demande d’asile en indiquant que le document présenté par la femme n’était qu’un permis de voyage dont les informations sont fournies par le passager lui-même, et qu’il ne permet donc pas de vérifier l’identité de la femme. Pour étayer sa plaidoirie, le DHS a utilisé comme preuve l’entrée de Wikipédia sur le « laissez-passer ».”

L’affaire n’est pas si ubuesque puisque comme le rappelle Jean-No du “dernier des blogs” :

“Anecdote (tirée de Storytelling, par Christian Salmon : une cour de justice a entendu le résumé d’un épisode de “24 Heures chrono” comme argument pour justifier la torture !”

D’autant plus qu’en droit, la “rumeur” au sens large a connu un regain d’intérêt depuis une dizaine d’années. Explication de Philippe Aldrin du CAIRN :

“M. Miaille qui propose une lecture juridique de la rumeur. Il montre comment le droit ne parvient que de manière intermittente à saisir une notion aussi labile que celle-là, même en l’appuyant à celles tout aussi fuyantes de « renommée », de « notoriété publique », de « réputation » ou de « diffamation ». En filigrane, le texte de M. Miaille démontre que la rumeur est aussi bien une technique informationnelle rompue qu’une pratique stratégique : « une forme autonome de savoir social. » À ce titre, il voit dans la rumeur une forme privilégiée et libre (sans réelle contrainte juridique) d’expression des opinions politiques. Cette voie d’exploration du phénomène, comme technique sociale de prise de parole spontanée et de contournement des interdits, a trouvé d’autres échos.

Il n’en reste pas moins que dans cette affaire, Wikipédia ne peut en aucun cas être une source primaire de droit. Mais peut-être sera-t-il utilisé de plus en plus comme source secondaire à terme.


@Bisdak


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