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Jar city, polar ambitieux

Par Rob Gordon

Jar city, polar ambitieux

Arrivé tout droit d’Islande, Jar city est un polar ambitieux, complexe mais compréhensible, qui prend sa source dans l’œuvre d’Arnaldur Indridason, l’un des fers de lance (avecHenning Mankel et Stieg Larsson) du roman noir venu du froid. Inspiré de la troisième aventure (sur neuf à ce jour) de l’inspecteur Erlendur, le film a de quoi stupéfier, notamment par la qualité de l’adaptation proposée. Il n’y a qu’à voir cet Erlendur, inspecteur vieillissant, très attaché aux conventions et au respect de la morale : celui qui aurait pu ressembler à une sorte de Derrick bis est finalement un personnage encore plus fascinant qu’à l’écrit, tant dans ses méthodes d’enquête que dans le milliard de micro-bizarreries qui le caractérisent. C’est là toute la réussite de Baltasar Kormakur, qui transforme le roman sans le trahir, modernisant ce qui risquait de sembler ringard à l’écran, mais conservant la saveur des personnages et des situations du roman.
Ils sont forts, ces nordiques : eux seuls semblent pouvoir mêler aussi aisément noirceur et drôlerie, plongeant dans des abîmes de glauquerie sans pour autant faire déprimer tout le monde. Kormakur filme beau mais simple, exploitant à merveille les décors désertiques d’une Islande trop souvent réduite à ses glaciers et geysers. Jar city est l’illustration parfaite de la maxime affirmant qu’un bon film, c’est d’abord un bon scénario, un bon scénario et un bon scénario, et que dans ce cas le reste suit de façon quasi automatique. Excellemment écrit, le film ne prend pas le spectateur pour un abruti, lui laissant le soin de distinguer et relier les scènes "au présent" des flashbacks expliquant peu à peu les circonstances du meurtre qui intéresse Erlendur. Celui-ci ne pouvait trouver de meilleur interprète que le forcément inconnu (mais célébrissime sur ses terres) Ingvar E. Sigurdsson, dont on se rappellera longtemps le regard perçant et le gilet de laine. Aussi efficace que pittoresque, Jar city donne en tout cas envie d’aller dévorer tous les bouquins d’Indridason, et encore plus d’aller découvrir les premiers films de Kormakur, 101 Reykjavik et The sea.


8/10


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