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Cinéma: 'Le silence de Lorna' des frères Dardenne

Publié le 10 septembre 2008 par Paulo Lobo
Il y a des films qui sont comme des éclairs dans la nuit. Des films qu'on voit et qu'on n'a pas envie d'expliquer. Juste envie de les aimer et de garder à tout jamais le souvenir de l'émotion qu'ils nous ont donné. 'Le silence de Lorna' est de cette trempe. Inoubliable.C'est une expérience unique de cinéma, un récit que l'on ressent à fleur de peau, une rencontre sensorielle et émotionnelle tout autant qu'intellectuelle.'Le silence de Lorna', tout d'abord, avant tout et surtout, c'est le choc d'une actrice et d'un personnage, Arta Dobroshi et Lorna. Une interprète magistrale pour un rôle extraordinaire. Un personnage sublimé et mis en profondeur par la caméra sensible et subtile des réalisateurs. 'Le silence de Lorna', c'est l'éveil ou les remous d'une conscience. Prise en tenaille entre la réalité sordide d'un arrangement mafieux et son humanité, Lorna n'arrête pas de se débattre, de bouger, de réagir, de survivre. On retrouve le thème cher à Dardenne de la rédemption et de la quête d'humanité, mais ce thème est tissé de façon moins claire et directe que dans 'L'enfant' par exemple. Le portrait est ambigu, complexe. Les Dardenne montrent Lorna dans toute sa ténacité et force de simulation. Elle est prête à tout pour réussir, pour réaliser son rêve de prospérité en Belgique. Mais quand elle est confrontée avec la possibilité de devenir complice d'un meurtre, ses certitudes semblent vaciller. Avec douceur et précision, les Dardenne observent la lente montée chez Lorna de la compassion, puis des remords. Mais tout en faisant cette explicitation du personnage, ils laissent poindre le mystère autour de lui. Et ils aboutissent à une des plus belles fins de cinéma qu'il m'ait été donné de voir. Le silence de Lorna, c'est à la fois son mutisme face aux agissements crapuleux de ses 'protecteurs' et sa plongée, sa fuite en avant, dans un univers parallèle, loin de l'agitation urbaine, un espace presque mystique dans lequel elle peut retrouver son intériorité, sa dignité, et, peut-être, renaître à la vie.Après avoir placé les enjeux dramatiques, dans un esprit proche du film noir, et le contexte social, les Dardenne poussent le récit et l'héroïne dans une direction tout à fait surprenante. Elle devient un corps et un esprit qui, d'instinct, se révoltent contre ce qui les enchaîne. Et Lorna se libère des miséreuses pesanteurs de son existence...
Le plus beau film de l'année, pour moi.   

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