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Article : D-War, la Guerre des Dragons

Par Julien Peltier

Une antique légende coréenne prédit le retour, tous les cinq cents ans, de deux puissants dragons, l’un animé d’une volonté maléfique, l’autre aux intentions bienveillantes. Chacun d’eux mène une quête séculaire du stade ultime de son évolution, dont dépend l’équilibre de l’univers, rien que ça. Et voici qu’après avoir semé la ruine au Pays du matin calme, nos deux trublions reptiliens et leur progéniture choisissent Los Angeles pour terrain de jeu. Perdus au beau milieu du chaos, un jeune couple, réincarnation des héros de la prophétie, se débat pour sauver sa peau.


Le singulier « The Host »*, réalisé en 2006 par un Boon Joon-Ho inspiré, a dû laissé penser aux confrères coréens du cinéaste qu’un bon monstre de taille respectable suffirait à garantir le succès et l’intérêt d’une production péninsulaire. Le petit nouveau Shim Hyung-Rae ne s’est donc pas fait prier pour s’engouffrer dans la brèche. Hélas pour lui, et pour son public, le décevant « D-War » évoque davantage les tribulations des Power Rangers que le décalage allégorique de l’hybride irradié crée par Boon.


Deux fois hélas, la surrenchère visuelle confuse, masquant à grand’peine un scénario manifestement écrit sur un timbre-poste, rappelle quant à elle celle du « Transformers » de Michael Bay, dont le feu roulant médiatique a complètement éclipsé jusqu’à l’existence du petit frère coréen à écailles, ruinant du même coup les ambitions de son auteur. Trois fois hélas, enfin, si les cinéphiles français semblent apprécier depuis quelques années désormais le cinéma en provenance de la lointaine Corée, ils en préfèrent les thrillers ténébreux ou les manifestes esthétiques, registres auxquels « D-War » entend bien échapper.

Cobras contre apaches
Pas bégueule, Boon Joon-Ho plagie sans vergogne, sans doute au nom de la référence opportune, quelques scènes empruntées à ses illustres aînés, tel ce combat épique entre le malfaisant Buraki et les hélicoptères yankees au sommet d’un building, clin d’œil au « King Kong » réalisé en 1976 par John Guillermin. La dévastation semée par le même serpent géant parcourant les avenues évoque également de manière irrésistible celle d’un « Godzilla » évoluant à la lumière du jour. Comme de juste, le monstre, bien près à plusieurs reprises d’engloutir la frêle jeune fille promise au sacrifice si longtemps attendu, fait la fine bouche et s’éternise en mugissements dont seul le volume sonore parvient à tirer le spectateur de la torpeur qui l’envahit. Buraki et son armée de chevaliers juchés sur des dinosaures en pixels ont beau casser du char d’assaut à l’envi, le déluge de feu qui s’abat sur la cité des anges, dénué de tout sens, lasse bien vite.

Unique attrait du film desservi par un casting sans charisme et dépourvu de têtes d’affiches, les effets spéciaux font souvent mouche. Ainsi l’ascension le long des parois de l’immeuble se révèle-t-elle techniquement très réussie, de même que le duel final opposant les deux dragons. Mention spéciale pour les animateurs donc, qui seuls permettent à « D-War » de présenter quelque intérêt. Amateurs de colosses antédiluviens à la sauce numérique, il faudra vous contenter du petit écran, puisqu’à ce jour, aucune sortie en salles en France n’est annoncée. Mais qu’importe, au fond, de savoir, si « la Guerre des dragons » aura bien lieu.
Ujisato

Réalisé par Shim Hyung-rae
Avec Jason Behr, Amanda Brooks, Craig Robinson
Film sud-coréen
Durée : 1h 47min. - Année de production : 2007


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