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Un bébé après 40 ans, de plus en plus fréquent

Publié le 13 septembre 2008 par Willy

Les "grossesses tardives" progressent. Sans compter les maternités hors norme, comme celle de cette femme de 59 ans qui avait bénéficié d'un don d'ovocytes au Vietnam et a donné naissance à des triplés cette semaine à Paris, à l'hôpital Cochin. Les bébés, deux garçons et une fille, sont en bonne santé, la mère en forme d'après l'équipe médicale. Sans aller jusque-là - ces grossesses arrangées par la médecine après la ménopause demeurent exceptionnelles -, les Françaises procréent de plus en plus tard. Les ventres arrondis à l'âge de Rachida Dati (43 ans en novembre) n'étonnent plus. Il y a vingt ans, 8 000 femmes accouchaient la quarantaine passée, dont 1 500 à plus de 45 ans. Elles sont 28 000 aujourd'hui. Le chiffre a largement triplé. Pour la tranche d'âge en dessous, en 2004, 258 000 femmes de 35 à 39 ans ont eu un enfant, elles n'étaient que 160 000 en 1980. "Ce contexte de désir d'enfant fort et tardif fait le lit du recours à l'AMP [l'assistance médicale à la procréation, ndlr], et explique son succès, même si c'est un mirage", écrit Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et auteure de Famille à tout prix(lire page 4). Aujourd'hui, dans un centre de fertilité 25 à 30 % des femmes ont plus de 38 ans.

"Engrenage". L'âge moyen à la naissance était de 26,5 ans il y a trois décennies, il est aujourd'hui de presque trente ans (29,9 exactement), 32 pour les Franciliennes. L'an dernier, 21 % des nouveau-nés avaient une mère de 35 ans ou plus, contre 15 % seulement, il y a dix ans. "Il y a cinquante ans, une femme de 40 ans se sentait trop âgée pour mener une grossesse et élever un enfant. Aujourd'hui, 40 ans est l'âge auquel un certain nombre de femmes veulent faire un premier enfant", analyse François Olivennes, spécialiste de l'AMP. A notre époque, une quadragénaire a une espérance de vie de 83 ans ; en 1950, celle de sa mère était de 69 ans. Beaucoup de femmes ne sont pas encore ménopausées à la moitié de leur espérance de vie, rappelle-t-il.

Une vaste étude de la Caisse nationale d'allocations familiales s'est penchée sur ces maternités de femmes mûres (1). Les mères sondées disent avoir attendu "le bon compagnon", expliquent qu'elles ne veulent pas "faire un enfant seule", se sont retrouvées engagées dans une carrière professionnelle qui leur a "bouffé un temps fou" et les a mis "dans un engrenage qui permettait de ne pas penser". Ce décalage, souligne Arnaud Régnier-Loilier, chercheur à l'Institut national d'études démographiques (Ined), colle aussi à "un nouveau modèle féminin socialement valorisé, celui de la mère active" (2). Ainsi les cadres ont davantage tendance à repousser les grossesses. Célibat prolongé, attente d'une stabilité matérielle et affective ou recomposition familiale sont évoqués par les couples qui ont enfanté plus tard que les autres. Mais aussi par les plus jeunes, convaincus qu'il faut d'abord installer et jouir d'un bonheur conjugal. Ainsi, les 15 -24 ans sont 88 % à déclarer qu'il est "important" de profiter de la vie à deux avant d'avoir des enfants.

"Vedette". Pour toutes ces raisons, ce sont des femmes de la quarantaine dont la fécondité s'est amoindrie qu'on retrouve dans les salles d'attente des médecins spécialistes de l'assistance médicale à la procréation. "Docteur, je n'arrive pas à être enceinte" ; "Je connais beaucoup de femmes de 45 ans qui ont des enfants" ; "Cette vedette de cinéma, Marcia Cross [la Bree de Desperate Housewives], vient d'accoucher de jumelles à 44 ans, et pourquoi pas moi ?" entend ainsi le P r Olivennes dans son cabinet. Autant d'exemples qu'il cite dans un livre récent au titre alarmiste : N'attendez pas trop longtemps pour avoir un enfant (Odile Jacob). Les chances d'une femme de 44 ans d'avoir naturellement des enfants sont "très faibles", en AMP elles sont "infimes" (moins de 1 %), rappelle le professeur. Après traitement AMP, le taux d'accouchement est seulement de 6,6 % chez les femmes de plus de 42 ans et de moins de 2 % chez celles de 44 ans. Pour autant certains médecins, comme René Frydman (lire page 4), ne veulent pas décourager ces grossesses, qui, sous réserve d'un suivi médical rigoureux ne sont pas particulièrement risquées.

(1) La Parentalité tardive, Marc Bessin, Hervé Levilain et Arnaud Régnier-Loilier, dossier d'étude, numéro 67, avril 2005.

(2) Avoir des enfants en France, les cahiers de l'Ined, numéro 159, 2007.


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