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Jamait : Je passais par hasard

Publié le 16 septembre 2008 par Fred Desfrenne

jamaitsmall.jpg Après deux albums couronnés de succès (« De verre en vers », « Le coquelicot »), Yves Jamait sort enfin son nouvel opus. Baptisé « Je passais par hasard », le nouvel album de ce « chanteur né sur le tard » est certes moins autobiographique mais d’une qualité toujours aussi rare, avec des chansons dont l’écriture a encore gagné en exigence et dont les mélodies se sont enrichies avec des orchestrations plus souples et mosaïques.

Yves Jamait, artiste atypique de cette nouvelle scène , n'a pas franchement dévié de son sillon qui a forgé sa singularité et son univers. Son dernier opus s'intitule 'Je passais par hasard' et c'est sans doute un peu vrai... Tant son écriture au corbeau, son timbre de voix éraillé, ses cicatrices, semblent bien loin des chansons formatés.

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Un chanteur peut être un peu éclopé de la vie et fidèle à son image du coquelicot, une fleur rebelle.

Dans ce troisième disque, Jamait est plus serein, plus mature. Mais il puise toujours dans les situations saisies au cru de la vie, les infimes brisures, les joies minuscules, ces mille choses de rien.

Extrait du dossier de presse : (Myspace) :

A commencer par l’amour porté par « Des mains de femme », titre original, rarement traité, ode à la gestuelle féminine et à sa beauté et qui ouvre l’album. Des mains de femme de son enfance qui le consolaient et qui le guidaient, en passant par des mains qui travaillent le jour ou caressent la nuit, « des mains usées dont les doigts gourds n’auront jamais été vernis, des mains qui s’insinuent galantes, et déboutonnent la pudeur, et d’autres qui chastes se gantent de la plus douce des candeurs » et d’autres tremblantes et veineuses « comme des ceps », «des mains noueuses par trop d’automnes fatiguées ». Un petit bijou d’écriture. Certainement une des chansons les plus abouties de l’album.

Des amours détroussées et mises en danger également comme le superbe « Quitte moi », écrite par Bernard Joyet, sorte d’appel vibrant à l’être aimé pour mettre à l’épreuve un amour qui se serait assoupi et s’émousserait à l’usure du temps et de l’habitude. « Quitte moi, quittons nous juste un peu trop longtemps pour que nous ressentions le bonheur d’être tristes / Loin des yeux loin du corps pour que l’envie résiste que je te dise viens et pour que tu me rêves » ; des amours adultérines avec la chanson « Les deux amants » d’Ute Lemper, sans oublier le versant le plus sombre de l’amour, celui de la violence conjugale sourde, tapie avec la chanson « Je passais par hasard » et puis, l’amour, le vrai, celui qui se déclare avec la merveilleuse chanson piano-voix « En deux mots », véritable déclaration d’amour à l’être aimée, sa femme Géraldine. Il y a, sur cette chanson, entre la pianiste Dorothée Daniel (qui signe également la chanson « Je suis vivant »), le trompettiste Thierry Caens et lui, cet échange magique, que l’on perçoit chez les grands improvisateurs de jazz. Les touches noires et blanches parlent la langue qu’aime Yves Jamait : celle du cœur. Le dépouillement musical va comme un gant de dentelle à son verbe de velours qui s’éclot de sa gorge, pour s’envoler à la manière d’une colombe.

Autre chanson qui parle la langue du cœur : « Nous nous reverrons » où l’on se rend compte que le répertoire d’Yves Jamait peut glisser de mots rêches en maux d’époque, celle des reconduites aux frontières, de l’épineux problème de l’immigration et de ses déchirures. Pour l’occasion, il a eu l’heureuse idée de greffer à son écriture raffinée et sensible le chant taillé dans le cristal en wolof de Mansour, dont le timbre est précieux comme une fleur rare et exotique. Car, en filigrane, certains textes de cet incorrigible rêveur en perpétuelle « quête de bien-être » ne renient pas la critique sociale tout en évitant dans ses ressentis chantés les écueils de la naïveté, à l’instar de sa chanson « Athées souhaits », où il ne manque pas d’égratigner les religions, en se faisant le porte-voix en chansons des athées, voire des agnostiques.

Enfin, Yves Jamait retrouve des accents plus légers, à la plume trempée dans l’encre de l’humour avec « Boa bonheur », offrande d’un de ses pairs qu’il admire, Allain Leprest, mais surtout avec sa chanson « Célibataire ». Maniant l’arquebuse du verbe et la coutille de l’humour avec dextérité, il conte la vie et le quotidien tout en le dédramatisant d’un célibataire qui « vit tout seul, parle tout seul, dors tout seul, rêve tout seul et baise tout seul ». Du Jamait pur jus au style dont lui seul a l’apanage.

Jugez-en encore : « Vendredi soir, j’irai dépenser mon ennui, errant à la recherche d’autres solitudes égarées comme moi et la soirée finie se fera dans les bras vides de l’habitude ». Magnifique.

En peu de temps, Yves Jamait a su imposer un style, comme l'imprimatur d'un diamant brut à la chanson française. Plus que son salut, Yves Jamait a trouvé dans la chanson sa voie intérieure et, ce nouvel album, en est l’illustration la plus éclatante. Dans les clairs-obscurs de son répertoire, carmin et noir s'embrassent et s'embrasent.

Et, Jamait de célébrer la vie, lorsqu’il interprète « Les mots chocolat », chanson la plus attendrissante qui clôt l’album, interprétée avec sa petite fille, comme de danser sur la mort au moindre souffle, sans bannières, ni oeillères.

Avec, à chaque fois, le même engagement, la même émotion et énergie à faire de la musique. Une musique qui touche droit au cœur.

Je passais par hasard
Tracklist:

1 Des mains de femme
2 Quitte moi
3 Je passais par hasard
4 Etc
5 En deux mots
6 Célibataire
7 Les deux amants
8 Athées souhaits
9 Nous nous reverrons
10 Boa bonheur
11 Je suis vivant
12 Les mots chocolat

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