Battlestar Galactica - Saison 4, Partie 1

La grève des scénaristes a fait pas mal de dégâts dans beaucoup de séries TV cette année, réduisant drastiquement le nombre d’épisodes de certaines séries qui en sont ressorties bancales (Bones), voire poussant certaines chaînes à purement et simplement annuler la diffusion de la saison (24). Battlestar Galactica n’a pas été épargnée par le phénomène, puisqu’il a été décidé finalement de couper l’ultime saison du show en deux parties. La seconde moitié étant toujours inédite à l’heure actuelle, petit retour sur la première fournée d’épisodes de cette dernière saison.

Le dernier épisode de la saison 3 avait ouvert la voie pour de très nombreux bouleversement de l’univers de la série, tous plus excitants les uns que les autres : le changement d’orientation de Lee, devenu avocat, la relaxe de Baltar, le retour d’entre les morts de Starbuck, et surtout la découverte de l’identité de quatre des cinq derniers Cylons. Une révélation choc qui apportait bon nombre de questionnement au fan de la série. Car si l’on accepte sans peine le fait qu’Anders et Tory puissent être des Cylons, la pilule est beaucoup plus difficile à avaler pour le chef Tyrol et surtout pour le colonel Tigh. Le colonel Tigh, qui déteste les Cylons plus que tout, qui a organisé la rébellion sur New Caprica, qui est l’ami et l’homme de confiance de Bill Adama depuis des dizaines d’années, un Cylon ? La révélation est plutôt osée et les ramifications nombreuses. On espère juste que la fin de la série donnera une explication plausible à ce retournement culotté (mais je n’en doute pas). La plus grosse partie de cette demi-saison s’attache donc à décrire les réactions de chacun de ces nouveaux Cylons à la découverte de leur véritable nature. Si certains, comme Tory, embrassent pleinement cet état de fait, d’autres, comme le chef Tyrol, ont beaucoup plus de mal. La série joue une fois encore intelligemment de cette dualité des personnages, les rendant plus attachants que jamais, et évitant de tomber dans le manichéisme primaire qui consisterait à en faire immédiatement les nemesis des héros. BSG a toujours prôné le rapprochement et l’ouverture d’esprit plutôt que la bellicosité basique, et cette saison ne déroge pas à la règle, poussant même le concept encore plus loin, puisque les personnages finiront par découvrir que le seul moyen d’atteindre la Terre est de le faire en coopération avec les Cylons.

Des Cylons qui ont eux aussi des problèmes de plus en plus humains, étant donné qu’ils se divisent rapidement en deux factions s’affrontant sur deux visions de l’univers : les progressistes, menés par Caprica et Boomer et qui prônent le rapprochement avec les humains et la découverte des cinq derniers Cylons, et les réactionnaires qui restent campés sur leurs acquis et leurs vieilles croyances. Une véritable guerre civile éclatera entre les deux camps, sonnant le début de la fin du règne des Cylons. Ce début de saison est donc passionnant, changeant totalement la donne de la série, et posant de nombreuses et nouvelles questions pertinentes à un spectateur constamment sollicité, tant intellectuellement qu’émotionnellement. Mais le show n’en oublie tout de même pas d’être à la fois ludique et trépidant, multipliant les morceaux de bravoure et les révélations fracassantes. Difficile de faire la fine bouche et de ne pas être tenu en haleine par les différents rebondissements orchestrés de main de maître par des scénaristes en pleine possession de leurs moyens. L’émotion n’est pas oubliée non plus, et il est impossible de ne pas être bouleverse par le désarroi de Bill Adama lorsqu’il croit avoir perdu Laura, ou lorsqu’il découvre que Saul Tigh est un Cylon.

Un scénario totalement maîtrisé, des acteurs au sommet, une foule de questions et un cliffhanger aussi inattendu qu’audacieux, cette demi saison a placé la barre très haut pour le final de la série. Mais nul doute maintenant que l’équipe créatrice sait exactement où elle se dirige et va nous délivrer une fin en adéquation avec le niveau du reste du show. Vivement la suite !