Magazine Politique

Le capitalisme se porte bien, merci

Publié le 17 septembre 2008 par Careagit
C'est bien connu. Guy Sorman le répète une fois de plus dans son dernier ouvrage titré "L'économie ne ment pas", c'est lorsque tout va mal que les détracteurs de tout bords s'attaquent au système, faisant fi de ces années de fonctionnement et d'enrichissement de millions de personnes. Ces moqueries, vous les lierez sûrement dans les commentaires de ce billet. Passons. Depuis quelques semaines, la crise s'est sérieusement endurçie au point de faire intervenir les banques centrales au chevet des établissements fautifs. Il y a quelques mois mon analyse était postée dans ces pages ne relevant que peu de commentaires. Cette fois ci, gageons qu'il poussera plus d'un d'entre vous à intervenir. En voici le honteux copié/collé. 
---
17H30 le marché ferme dans des « ouf » de soulagement. Le marché parisien clôture en forte baisse droit dans la trace de ses prédécesseurs. Nous sommes en 2008, en pleine crise des subprimes.
Cette crise a été expliquée dans ses grandes largeurs, nul ne ressent désormais le besoin de comprendre le pourquoi du comment d’une telle agitation. Non, le temps est venu d’une réflexion plus générale sur le fonctionnement et les vices du marché et plus généralement des économies capitalistes qui sont fondées sur ces principes. Aujourd’hui Libération publie un article, une sorte de pot pourri des cours de bourse, évolutions, des réactions des dirigeants de ce monde, le tout donnant libre expression à tous les antis systèmes si nombreux dans le lectorat du journal de gauche de s’en donner à cœur joie sur le système dit « capitaliste ».
En cette année 2008 le système vacille, comme il vacilla des années plus tôt lors de la bulle Internet ou de la crise de 1929. Dans le numéro de Challenges de cette semaine, Warren Buffet pointe du doigt les différences de croissance entre PIB et Capitalisation Boursière des entreprises. Pertinente analyse qui prouve les hypothèses par les données et conclut qu’a chaque fois que dans l’histoire la capitalisation boursière s’est envolée par rapport à l’évolution du PIB, la crise a suivi. Ainsi de 1995 à 2001 la capitalisation boursière a cru largement plus vite que le PIB (Capitalisation boursière à 120% du PIB). En 2001 eut lieu le crash boursier du début des années 2000 qui aura eu pour principale conséquence de mettre un terme aux valorisations trop optimistes des analystes sur les business issus de l’Internet. Règle d’or selon Buffett, la capitalisation boursière ne doit en aucun cas peser plus de 80% du PIB d’un pays au risque de créer une bulle. En 2001 ce fut Internet, cette année c’est la bulle du crédit qui éclate, les américains vivant depuis trop longtemps au dessus de leurs moyens…
De prime abord cette théorie semble tomber sous le sens. Comment en effet justifier que les valeurs des entreprises en bourse croissent plus vite que leurs richesses si ce n’est grâce au jeu de la spéculation ?
Maudite spéculation, fille de la financiarisation de nos économies, cauchemar des opposants au capitalisme tout puissant, chimère de nos sociétés. Maudite spéculation qui cristallise les dérives de notre système, grand vainqueur de la guerre froide. Aujourd’hui les marchés chutent sans l’ombre d’une branche capable de ralentir les choses, les banques centrales tentent au prix d’un pragmatisme éblouissant de construire un tapis capable d’amortir la chute libre générale. Aux Etats Unis, patrie du libéralisme économique la banque centrale pousse le pragmatisme jusqu'à soutenir les fonds d’une des plus grande banque d’affaire mondiale pour éviter les chutes en cascade. Chaque journée apporte son lot de surprise et d’inquiétude.
Alors ce piètre tableau satisfait certain, en inquiète d’autre. Dans le capharnaüm des analyses se croisent des avis diamétralement opposés. Quid de la financiarisation ? Quid du capitalisme ? Sommes nous à la fin du règne, au bas d’une page ?
Le capitalisme ne s’est jamais aussi bien porté merci. Le système ne faillit pas bien au contraire et prouve une fois de plus combien il est équilibré et auto suffisant. Les théories de Kondratieff ne furent jamais autant d’actualité qu’aujourd’hui. L’évolution de l’activité économique sur le long terme peut être représentée en vagues successives de croissance et de ralentissements. La main invisible d’Adam Smith pèse de tout son poids sur les modifications structurelles que nous connaissons aujourd’hui. L’analyse de Warren Buffett (Challenges de Mars 08) laisse transparaitre une différence certaine d’évolutions entre l’économie « réelle » et les marchés financiers. En l’espèce, l’économie « réelle » ne cesse de croître depuis des décennies à un rythme moyen qui dessine une courbe quasiment rectiligne. A l’inverse, depuis la fin de la décennie 90 se présente une structure des marchés financiers qui tend à, tout en suivant les évolutions moyenne de la croissance du PIB, amplifier (parfois énormément) les évolutions à la hausse tout autant qu’a la baisse. Les deux courbes suivent une tendance commune avec une élasticité plus grande pour la croissance des marchés financiers. Cette différence correspond à la naissance de la spéculation et avec elle des valorisations outrancières (bulles).
Le débat économique actuel porte donc principalement sur cette question essentielle. Les marchés financiers sont ils déconnectés de la sphère réelle ? A cette question, une majorité répondra sûrement que oui. Je répondrai pour ma part que le système capitaliste (le « marché ») est auto régulateur et se suffit à lui-même et qu’il n’est en aucun cas déconnecté de la sphère réelle, en tout cas pas sur le long terme. Un exemple ? 2001. La capitalisation boursière (valeurs des entreprises cotées – cours de l’action x nombre de titre) représentait 180% du PIB US… Crise, dévaluation, remise à niveau. 2008, La capitalisation boursière vaut 100% du PIB (ratio normal 80% selon Buffett), les américains vivent à crédit sans se soucier des conséquences. Crise, rééquilibrage des choses.
Deux dates, autant d’exemples de rééquilibrage des marchés en fonction de l’évolution des économies, autant de bulles spéculatives crevées par des retours sur terre tout aussi douloureux que ce que les envolées furent magnifiques… Qui à l'origine de ces corrections ? De décisions politiques ? Bien sûr que Non, mais dysfonctionnement d'une partie du système, il se grippe seul. C'est la crise.
Nous nous relèverons de cette crise, comme ce fut le cas en 2001. Les acteurs retiendront les leçons apprises dans la douleur de ces crashs et nos économies reprendrons leurs évolutions jusqu’à la prochaine correction. La vie n’est qu’un éternel recommencement.
---
Depuis cette époque pourtant, se sont déroulés des actes condamnés par une large majorité des américains au moins autant que la gauche et les libéraux eux même. La notion du "too big to fail" ouvre une nouvelle voie à la progression de nos économies capitalistes, ôtant de facto toutes notions de responsabilités des fautifs. Le cartésianisme de la FED (je n'ai pas la capacité de dire si ces agissements me paraissent justifiés ou non) segmente la notion de responsabilités entre les gros mastodontes de la finance (qui ne sont plus responsables de rien) et les plus petits, moins lourds et donc moins dangereux. Ces interventions là ne sont en rien descendantes de ce que l'on appelle le libéralisme. Il n'y a d'ailleurs qu'à écouter les réactions des candidats à la prochaine présidentielle US pour s'en convaincre.
Si cette profonde crise ne redéfinira en rien les contours de nos systèmes économiques, elle devrait en revanche rebattre sérieusement les cartes et les rapports de force.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Careagit 102 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines