La Thaïlande ce n’est pas qu’un beau pays, des prostituées pas chères et un repère de pédophiles. Nan nan nan. On y trouve aussi quelque chose de très cinégénique : la boxe thaï, alias Muay Thaï. Ce sport, qui permet de communiquer de l’amour à son prochain à grand renfort de coup de coudes et de pieds dans la tronche, a déjà donné lieu à quelques films. Mais Ong Bak, aussi sympathique soit-il, avait un scénario à peine plus épais que L’anthologie de l’humour allemand, ou Les grandes découvertes des blondes. Boxers peut il remonter le niveau ?
Boxers – Enfin un film de combat avec un scénario !
En Thaïlande dans les années 70, trois gamins élevés ensemble, se mettent à la boxe thaï afin de copier le grand frère de l’un d’eux. Ayant grandis, ils décident de quitter leur village pour devenir professionnels. Mais très vite ils se retrouvent à court d’argent. Alors que l’un d’entre eux persiste, les deux autres acceptent de l’argent facile de la pègre et mettent le doigt dans un engrenage qui va les broyer petit à petit.
Le cinoche thaïlandais a les meilleurs cascadeurs du monde. Des mecs tarés près à prendre tous les risques pour un plan de la mort (regardez Born To Fight pour vous en convaincre…). Mais par contre, leurs scénaristes brillent peu par leur efficacité. A par peut être pour l’excellent Bang Rajan racontant la résistance d’un petit village contre l’envahisseur Birman il y a deux siècles.
L’Asie a toujours eu une croyance forte dans l’amitié comme valeur primordiale. Du coup de nombreux réalisateurs ont mis en scène des histoires d’amitié viriles où les adolescents innocents passent à l’âge adulte de manière brutale et pleurent de temps en temps. Transposé en Europe ou aux USA ce cinéma passerait pour crypto-gay, voir totalement gay. La naïveté du propos étant mal acceptée ici.
Boxers est clairement un film sur l’amitié, une des ces grandes fresques à la Une Balle Dans La Tête (qui d’ailleurs mettait lui aussi en scène trois amis). Toujours avec ce ton naïf propre aux asiatiques, il s’intéresse aux mauvais choix qui parsèment la vie. Le ciné de Hong-kong et le ciné coréen avaient déjà leur maître étalon dans le genre, mais pas encore la Thaïlande. Pour une fois d’ailleurs, ils ont su faire fi de leurs contraintes budgétaires en évitant le spectaculaire pour se concentrer sur les personnages.
Malgré tout, vu son sujet, le film réserve quand même de jolies scènes de combat. Mais on est loin des performances hallucinantes d’un Tony Jaa. Ici il s’agit de boxe de compétition, pour monter sur le ring, et non pas d’esbroufe.
On pourra néanmoins regretter que comme d’habitude dans ce genre de cinéma, les femmes soient renvoyées à des rôles annexes, proches de l’inutile. Dommage, car derrière chaque grand boxer, il y a toujours eu des femmes, à la fois soutien, muse, et esprit de contradiction. Un oubli volontaire mais dommageable, car le film y aurait gagné en profondeur.
Bref, Boxers est une bonne surprise. Je m’attendais à un énième film de tatane dans la tronche, et en l’occurrence ce n’est pas le sujet direct du film. Une bonne surprise, donc, mais qui comme d’habitude n’a pas eu les honneurs d’une sortie sur grand écran. Une pub pour le DVD passe régulièrement à la téloche mais elle ne donne pas envie. Passez outre, le film vaut le coup.