American Son

La critique  

A défaut d'être bouleversant, un film attachant

Mike (Nick Cannon) a dix neuf ans et s’est engagé comme Marine. Il n’avait pas vraiment d’autres choix, pas bon à l’école et venant d’un milieu défavorisé. Et voilà qu’il apprend qu’il va être envoyé en Irak. Envoyé au charbon en gros, à en juger par les multiples exemples existants d’hommes y ayant laissé leur vie ou en étant revenus handicapés. Avant de s’en aller au combat, Mike a quatre jours de permission pour Thanksgiving. Il en profite donc pour retourner dans sa banlieue natale où il retrouve famille (sa mère s’est remariée) et amis (qui passent toujours leur temps à glander, picoler et faire la fête). Mais les choses ont changé et Mike se sent de plus en plus comme un étranger en présence des siens. Et, surtout, il ne peut s’empêcher de penser à Cristina (Mélonie Diaz) une jeune fille qu’il a rencontré dans le bus et pour qui il a eu un véritable coup de foudre. Peut-il se permettre d’aimer alors que la vie qui l’attend est pleine de risques ? Si au départ Mike décide de cacher à tout le monde sa mission en Irak, le poids du secret va rapidement s’avérer trop lourd à porter…

American Son surfe sur la vague des films sur la guerre en Irak en y apportant une patte personnelle puisque nous nous retrouvons ici entre film engagé, chronique adolescente façon « film MTV » et drame sentimental. S’appuyant sur un casting de jeunes acteurs pas très connus, le long métrage de Neil Abramson n’est pas exempt de défauts mais sait en tirer le meilleur parti. Son duo d’acteurs principal manque carrément de charisme et de consistance. Mais peut être bien que le peu de matière qui leur est donné est intentionnel. Mike et Cristina sont des jeunes un peu « simplets ». Ils n’ont pas de culture et leurs conversations se résument à des échanges très simples. Ils en sont donc à se demander quelle est leur couleur préférée pour apprendre à mieux se connaître. Ce côté « basique » ne manque pas de charme. American Son, c’est un peu l’ « amour chez les gens simples » et cela est amené avec , la plupart du temps, pas mal de subtilité.

Si le réalisateur ne parvient pas forcément à rendre sa passion post adolescente très attrayante, il réussit néanmoins le pari de poser des personnages attachants et de poser des questions aux spectateurs. Dans ces banlieues paumées, quel avenir est possible pour tous ces jeunes ? Soit ils restent cloitrés à vie, soit on les envoie se faire défoncer comme des bouts de viande en Irak. Pas très réjouissant. Conçu sous forme de compte à rebours, le film avance avec l’objectif de transmettre la déchirure intérieure de son personnage principal tiraillé entre son désir de vivre et sa condition professionnelle qui ne lui laisse quasiment aucune liberté. Sans être passionnant, pas crétin pour autant, American Son est un film relativement intéressant sur une certaine jeunesse. Manque un peu d’émotion et de « gueule » à l’ensemble pour être franchement convaincant…